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Près de 5 millions de bouteilles en moins cette année mises sur le marché lors de la sortie (confinée) du beaujolais nouveau

Le beaujolais nouveau joue de malchance. Déjà sa consommation tend à diminuer année après année, mais de plus, sa sortie, programmée cette année le 19 novembre va tomber en plein confinement. Pas de dégustations dans les bars, les restaurants et chez les amis pour ce vin de convivialité. L’interprofession beaujolaise table sur la grande distribution et les cavistes qui, eux, restent ouverts. Entretien avec Dominique Piron, le président d’Inter Beaujolais qui regroupe les vignerons et les négociants de l’appellation.

La plupart des appellations annoncent un très beau millésime 2020, à hauteur des 2015 restés dans les mémoires. En sera-t-il de même pour le beaujolais nouveau ?

C’est effectivement un très beau millésime, solaire. Il est tout en couleurs et saveurs, fruité, gourmand, avec une baisse de la récolte de l’ordre de 5 à 6 %.

Pourtant, le côté festif qui accompagne l’événement du déblocage du Beaujolais, le 3ème jeudi de novembre, en l’occurrence, le 19 novembre, sera totalement absent cette année… Comment allez-vous pallier cette forte contrainte ?

Quand on a vu que ça reconfinait en France et à l’étranger, on a fait évoluer nos budgets de communication, en les repositionnant sur les réseaux sociaux, la radio.

Nous privilégions de ce fait, la consommation à la maison et il faut reconnaître que lors du premier confinement ça avait plutôt bien marché.

Nous voulons faire passer le message que le beaujolais nouveau, ce n’est pas que la semaine du 19 novembre, mais à partir du 19 novembre, jusqu’en décembre. Juridiquement d’ailleurs, le concept de beaujolais nouveau est valable dans les rayons jusqu’au 31 janvier.

Vous tablez donc sur la grande distribution et les cavistes ?

Oui, nous tablons sur la grande distribution et les cavistes qui restent ouverts. En espérant que la grande distribution ne nous zappera pas très vite pour installer dans ses rayons d’autres produits festifs en vue des fêtes de fin d’année…

Pour accompagner cette présence dans les rayons, sur les réseaux sociaux, cavistes, sommeliers, restaurateurs et commerçants témoigneront également dans des vidéos stories, sur Instagram, Facebook et sur le site www.beaujolaisnouveau.fr. La parole leur sera donnée…

Quid de l’export, concernant le beaujolais nouveau ?

Du fait de la pandémie, ce sera à la baisse. Ainsi selon les premières projections, au Japon qui est l’un des plus gros consommateurs de beaujolais nouveau après la France, les ventes devraient être en diminution de 25 %.

Quels volumes de beaujolais nouveau allez-vous mettre sur le marché cette année ?

On devrait retrouver cette année sur le marché, près de 16 millions de bouteilles de beaujolais nouveau, soit près de 5 millions de bouteilles en moins par rapport aux autres années.

Ce mauvais calendrier concernant le beaujolais nouveau n’arrive-t-il pas à un mauvais moment : celui où, après la crise, le beaujolais était en train de relever la tête et de repartir de l’avant ?

Exact. Mais nous ne perdons pas pour autant le moral : nous conservons de solides atouts. D’abord, dans l’offre de vins en France, le beaujolais retrouve les faveurs des consommateurs.

Pour une raison de prix d’abord. Les côtes-du-rhône et les bourgogne ont vu leurs prix augmenter, sont montés en gamme et le beaujolais retrouve de ce fait une bonne visibilité et redevient compétitif.

C’est ensuite un vin qui répond aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui : il s’agit d’un vin d’appellation à la fois de belle qualité et facile à consommer et donc doté, de ce fait, d’un excellent rapport qualité/prix.

La preuve de ce regain en faveur du beaujolais : des investisseurs dont de nombreux lyonnais sont en train de racheter des domaines dans le Beaujolais. Ils croient fortement dans l’avenir de cette appellation….

Photo: Dominique Piron