Après la démission surprise de son directeur : où va EM Lyon ?
Décidément depuis le départ dans la douleur il y a plus d’un an, de Patrick Molle qui était resté seize ans ans à la tête de la troisième école de commerce française, derrière HEC et l’ESSEC, la même tonalité tend à perdurer.
Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon dont dépend EM Lyon et Bruno Bonnell, le président de l’Ecole pensaient sans doute avoir déniché l’oiseau rare : un ingénieur de haut calibre, Philippe Courtier, directeur de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, pour succèder à l’ancien directeur.
Mais apparemment, même si EM Lyon se rapproche de Centrale Lyon, la culture de l’ingénieur, n’a pas réussi à coller avec celle du management. Choisir un scientifique pour diriger cette école était sans doute une erreur. « Il n’a pas su s’adapter à Lyon et à l’Ecole », regrette le président de la CCI de Lyon.
Pas assez « punchy »
En fait, son attitude, très-trop-prudente face à l ‘adaptation permanente dont une telle école, plongée dans le bain de la concurrence mondiale, doit être l’objet, a été jugée trop frileuse par le conseil d’administration. Surtout en comparaison avec son prédécesseur, qui enchaînait les projets à la file jusqu’à donner le tournis au corps enseignant.
Il ne faudra pas que le conseil d’administration se trompe dans son choix, une deuxième fois. Le retard pris entretemps par l’Ecole lyonnaise dotée d’une image flatteuse, lui serait alors fort préjudiciable. Un cabinet de chasseur de tête a été mis sur l’affaire. Une douzaine de candidatures lui sont déjà parvenues.
Philippe Grillot n’exclut pas de choisir un professeur pour ce poste, mais il faudrait à la fois qu’ « il soit docteur en quelque chose et issu du monde de l’entreprise », décrit le président de la CCI de Lyon. Pas droit cette fois à l’erreur.
Philippe Courtier avait pourtant à son actif, une belle opération qui a permis d’élargir la palette des formations de l’Ecole. Il s’agit de la reprise, sous la bannière d’EM Lyon, de l’Ecole de Commerce de Saint-Etienne, en difficulté, qui dépendait de la CCI de Saint-Etienne. Elle va permettre à l’Ecole de Management lyonnaise de développer dès la rentrée le diplôme « Bachelor » qui lui manquait, mais aussi un « Bachelor d’excellence », à l’instar des grandes écoles américaines, le dernier grade entre la Bachelor classique et celui issu de la grande école.
Pour Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon, plus question de développer des campus à l’étranger. Le développement d’EM Lyon doit désormais être endogène.
« Ceux qui disent que la CCI de désengage d’EM Lyon sont des menteurs »
Enfin, à ceux qui assurent que la CCI se désintéresse d’EM Lyon, il apporte le démenti le plus formel. « Toux ceux qui prétendent que la CCI se désengage d’EM Lyon sont des menteurs. Il n’en est pas question. Nous poursuivrons nos efforts en direction de cette Ecole qui constitue un élément essentiel de l’attractivité de notre territoire pour les entreprises », assure-t-il d’un ton un peu rogue.
Reste que la CCI va aussi voir ses moyens diminuer dans le cadre de l’austérité budgétaire ambiante. Un recul de son budget de 6 à 7 % est attendu en 2014 et sans doute nettement plus à partir de 2015.
Le Fonds de réserve des CCI en France devrait se voir ponctionner de 400 millions d’euros sur 1,3 milliard, explique Philippe Grillot. Les ressources, déjà en diminution, font encore piquer du nez. Une nouvelle réforme des CCI pourrait ainsi s’avérer nécessaire. « Il va falloir qu’on réfléchisse à une mutualisation pour obtenir encore des économies de structures », estime le président de la CCI de Lyon
Les prochaines structures dans le collimateur : les « petites » chambres, à l’instar de celles de Vienne ou de Roanne, par exemple ? Rhône-Alpes compte huit départements, mais douze chambres de commerce. A terme, nécessité pourrait faire loi.
Une certitude, il va être difficile à la CCI de Lyon d’assumer toutes ses missions avec des ressources en diminution. Des priorités vont devoir être encore plus clairement instaurées.