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Après la forte baisse du chômage en 2021, Auvergne-Rhône-Alpes sur le chemin du plein emploi ? On n’en est plus très loin, mais…
Si on fixe le plein emploi comme le fait Elisabeth Borne, la ministre du Travail à un taux de chômage de 5/6 % en France, on peut dire qu’à l’aune des derniers chiffres de Pôle-Emploi, la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’une des plus dynamiques de l’Hexagone, avec un taux de chômage de 7 %, n’en serait plus très loin. Certains départements comme l’Ain (5,9 %) y sont déjà, et le Cantal (4,9 %) serait même en-dessous. Mais comme souvent, la réalité est plus complexe…

La “remontada” de l’emploi, l’année dernière, est impressionnante. D’après les chiffres de Pôle Emploi Auvergne-Rhône-Alpes, publiés mercredi 26 janvier, le nombre de chômeurs a diminué de 3,9 % sur le seul quatrième trimestre 2021 dans la région et de 6,8 % sur un an.

Trois mois avant l’élection présidentielle ces chiffres affichent leur plus bas niveau depuis 2011.

Au niveau national, la baisse qui est encore plus spectaculaire s’affiche à – 12,6 % sur un an, soit 479 600 chômeurs de moins.

En revanche, en terme de taux de chômage (nombre de chômeurs par rapport à la population active), la région Auvergne-Rhône-Alpes fait mieux que l’Hexagone, avec un point de moins : 7 % contre 8 %. C’est historique, la région, la plus industrialisée de France a toujours surperformé par rapport à l’ensemble du territoire national.

Quels enseignements en tirer ?

Au vu de ces chiffres, “ cette baisse record du chômage en 2021 donne le chemin pour arriver au plein-emploi », qui se situerait autour de « 5/6 % », a estimé, dans la foulée la ministre du Travail, Élisabeth Borne.

On y serait donc plus très loin dans la région. Certains départements y sont même déjà avec l’Ain à 5,6 %, le Cantal à 4,4 % ; tandis que d’autres s’en rapprochent fortement, comme la Haute-Loire à 6,2 %, la Savoie à 6,4 % ou l’Isère, 6,6 %.

Mais cette affirmation doit être maniée avec prudence.

D’abord, Elisabeth Borne a-t-elle raison de fixer ce pourcentage comme ligne de flottaison du plein emploi ? A quel niveau exact peut-on situer précisément le plein emploi en France ?

Or, les économistes sont divisés sur le sujet ! On le situe aux environs de 3 à 4 % dans des pays anglo-saxons comme la Grande-Bretagne ou les USA, mais du fait de la spécificité de son marché du travail, la barre des 5/6 % choisie pour la France paraît assez proche de la réalité.

Il existe en effet un” plafond de verre” depuis quarante ans en France empêchant le taux de chômage de descendre au-dessous des 7 %. Arriver en dessous serait déjà un bel exploit.

Alors, ce qui s’apparente de plus en plus à une promesse de campagne, « le plein emploi d’ici 2025 » comme l’affirme désormais le gouvernement, peut-il se concrétiser dans les faits ?

La réforme de l’assurance-chômage à la rescousse

En réalité le gouvernement table beaucoup sur sa réforme de l’assurance chômage votée dans la douleur et entrée en vigueur à la mi-décembre 2021, pour y arriver.

Ce serait alors sans doute possible d’arriver aux 5/6 % de plein emploi, si l’on ne comptabilise que les chômeurs de catégorie A, sans aucun travail ; d’autant qu’après les 7 % de 2021, la croissance économique pourrait s’afficher à 4 %, encore un très haut niveau, même si certains économistes en doutent, en 2022.

Reste qu’il n’y a pas que des chômeurs en catégorie A. Il y a aussi les catégories B, C (2,26 millions de personnes pour ces deux catégories d’inscrits à Pôle Emploi, à activités réduites) mais aussi D et E, correspondant à chaque fois à une situation différente, mais pas en obligation de rechercher un emploi.

Il faut bien le reconnaître : la France reste un des rares pays avancés à connaître encore un chômage de masse !

Malgré ces bons chiffres sur le front du chômage de 2021, le nombre de demandeurs d’emplois sans activité dans l’Hexagone est de 3,34 millions de personnes dont près d’un million de chômeurs de longue durée (au moins un an au chômage).

Si l’on prend en compte en plus les travailleurs précaires toujours très nombreux et ceux situés dans ce que l’on appelle “le halo du chômage” (*) , la route vers le plein emploi risque d’être encore longue.

Raison de plus pour l’emprunter au plus vite !

(*) Selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), « le halo autour du chômage est constitué d’inactifs n’étant pas au chômage au sens du Bureau international du travail mais étant dans une situation qui s’en approche. » Ces personnes déclarent souhaiter travailler ou rechercher un emploi, mais elles ne sont pas disponibles dans les quinze jours pour occuper un emploi (par exemple elles suivent une formation, ont des problèmes de santé ou doivent s’occuper de leurs enfants) et/ou n’ont pas fait de démarche active de recherche d’emploi au cours des quatre dernières semaines : par exemple les chômeurs découragés, en pré-retraite ou dispensés de recherche d’emploi…

Illustration : les chiffres des taux de chômage par département à la fin du 3ème trimestre 2021.