Toute l’actualité Lyon Entreprises

Les partenaires sociaux, à commencer par les syndicats doivent se mordre les doigts de ne pas avoir abouti à réformer dans la concertation sociale l’assurance chômage

Résultat c’est le gouvernement qui a pris la main et mécontente comme prévu à peu près tout le monde, les syndicats bien sûr, les chômeurs qui alternent des CDD et les cadres qui pour la première fois vont voir appliquer une dégressivité de 30 % à leurs indemnités chômage au bout de sept mois.

On ne peut pourtant pas reprocher au gouvernement de ne pas réformer et il le fait dans sa logique.
Cette réforme mise en musique par Murielle Pénicaud, ministre du Travail, poursuit deux buts. Faire baisser le coût de l’assurance-chômage, déficitaire, en mettant en place un système amenant de facto une baisse de cotisations.

Et améliorer l’emploi en s’attaquant aux quelque 7 à 8 % des chômeurs qui selon certaines études profitent du système en alternant CDD et inactivité plutôt que de privilégier un emploi en continu.

Et le gouvernement de mettre en avant les quelques 400 000 emplois non pourvus en France, faute de candidat, alors que le niveau de chômage reste élevé dans l’Hexagone, même s’il baisse régulièrement : 8,8 %. Son plus bas niveau depuis 2009.

Un moment opportun

Il est vrai que le moment est opportun pour une telle mesure. Malgré la relative faiblesse de la croissance française, notre pays, grâce au bon niveau de consommation des ménages continue à créer des emplois en nombre : 400 000 en deux ans, 100 000 en 2018, après 300 000 en 2017.

La démographie joue désormais en faveur de la baisse du chômage, avec chaque année 600 000 baby-boomers qui partent à la retraite.

Pour que cette réforme de l’assurance-chômage passe sans trop de dégâts dans l’opinion, il fallait qu’en face, il y ait une perspective raisonnable de trouver un job, même si on s’en rend bien compte, il ne suffit pas de traverser la rue pour qu’il tombe tout cru.

Autre paramètre mis en avant par le gouvernement : la réforme de la formation qui permet à ceux dont la voie professionnelle est bouchée, de rebondir.

Dans sa version apprentissage, elle se révèle d’ores et déjà efficace car celui-ci est en train de croître fortement dans notre pays après avoir périclité de nombreuses années, faute de vraie réforme le concernant.

Pour ne pas faire que des mécontents, le gouvernement aurait pu mettre en avant les deux seuls points favorables de sa réforme, en l’occurrence, deux promesses de campagne.

Indépendants et démissionnaires

En effet, le candidat Macron s’était engagé à ouvrir l’indemnisation chômage aux indépendants et aux démissionnaires, de quoi soutenir les audacieux prêts à tenter une reconversion ou une installation à leur compte.

On trouve effectivement dans cette réforme de l’assurance-chômage deux mesures de ce type, mais elle sont bardées de telles contraintes qu’elles ne bénéficieront qu’à quelques dizaines de milliers d’entre eux.

Pour les indépendants qui n’avaient pas droit au chômage, ils pourront toucher 800 euros par mois pendant six mois.

Quant aux démissionnaires, seuls pourront toucher des indemnités ceux qui ont au moins cinq ans d’ancienneté dans l’entreprise et un vrai projet professionnel.

Au final, la réforme pourrait dégager 3,75 milliards d’économie sur trois ans, suffisant pour combler le déficit. On attend même un surplus de 350 millions d’euros qui devrait financer l’accompagnement des chômeurs.

Au final, l’Unédic estime que la réforme aura un impact négatif sur un chômeur sur deux.
Si le rythme de création d’emplois perdure, cette réforme devrait finir par être digérée ; sinon, gare au retour de bâton.

Dur de réformer l’assurance-chômage, emblématique de notre modèle social : on comprend qu’aucun gouvernement auparavant ne s’y soit attelé…