Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma reçoit la Palme d’or à Cannes : l’aboutissement d’une bonne idée ; en forme de jackpot ?

Il y a trente-trois ans, l’emblématique metteur-en-scène lyonnais Roger Planchon créait Rhône-Alpes Cinéma devenue depuis Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, conditionnant le financement de longs métrages à des tournages dans la région. Une stratégie qui a connu des hauts et des bas, mais a su se maintenir jusqu’à un aboutissement sous la forme de sa 1ère Palme d’or à Cannes avec « Anatomie d’une chute » tournée en Isère et en Savoie pour un film financé et tourné in situ. Si le film connaît le succès, ce qui est probable, comme Rhône-Alpes Cinéma est financé par un pourcentage sur les recette des films, cette Palme pourrait ressembler à un jackpot….

C’est peut-être un jackpot qui s’annonce si le succès, comme c’est probable, survient lors de son exploitation en salle !

Le film « Anatomie d’une chute » qui a reçu samedi 27 mai la Palme d’or au festival de Cannes a été tourné près de Grenoble, en Isère et dans la vallée de la Maurienne en Savoie avec la participation d’équipes techniques et artistiques régionales.

C’était en effet la condition pour que ce film soit financièrement aidé par « Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma », structure dépendant du Conseil régional qui aide une quinzaine de films par an.

Flash back. Rhône-Alpes Cinéma a été fondée en 1990, à l’initiative de Roger Planchon (TNP, CNP, notamment).

L‘idée du metteur-en-scène était de développer à la fois la coproduction de films, tout en facilitant les tournages dans la région  : une approche alors pionnière sur l’investissement des Régions dans la production cinématographique, reprise ensuite dans d’autres régions.

Certes, la fin des années 1990 est marquée par des relations tendues avec le Conseil régional dirigé pendant quelques années par Charles Millon, avec l’aide des voix du Front national, mais la structure désormais installée sur le Pôle Pixel de Villeurbanne  résiste bien.

Pour preuve, elle fait désormais des étincelles et pour parvenir désormais à cette belle réussite, près de 33 ans après sa création, avec l’obtention de sa première Palme d’or !

Justine Triet qui a tourné « Anatomie d’une chute » en mars et avril 2022 était déjà venue dans la région pour un précédent film (« Sybil » en 2019). Les quatre films qu’elle a réalisé sont tous d’ailleurs passés par Cannes.

Cette structure qu’est Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma sert de fonds de coproduction afin d’aider et d’accompagner les auteurs et producteurs. On ne parle pas de subventions, mais bien d’investissement : une quinzaine de films sont ainsi coproduits par an.

Pour « Anatomie d’une chute », 270 000 euros ont été investis dans le film par la région, moyennant donc un pourcentage des recettes lors de la distribution du film.

Le film a déjà rapporté 700 000 euros

Selon le directeur, Grégory Faes, interrogé par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes le tournage aurait déjà rapporté 700 000 euros en dépenses directes sur la région : hôtels, techniciens, frais de tournage divers.

La somme récupérée par la structure régionale pourrait être supérieure à cette somme : Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma va en effet pouvoir récupérer une partie des recettes générées par le film.

Parmi les autres films tournés en tout ou partie dans la région figure « Astérix et l’empire du milieu » (4,5 millions d’entrées) ou plus récent encore, « Sur les chemins noirs » (1 million d’entrées) .

De nombreux autres tournages sont en cours : la région consacre bon an, mal an, 2 millions d’euros à la création audio-visuelle.

Ce qui a amené Laurent Wauquiez, le président de la région à twitter à propos de la réponse de la ministre de la Culture à l’intervention polémique de Justine Triet en recevant sa Palme, alors qu’il est lui-même l’objet de critiques sur sa politique culturelle : “Heureux de voir, madame la ministre, que vous reconnaissez, à travers cette Palme d’or, l’engagement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes au service de l’excellence culturelle, indépendamment de toute considération politicienne. Ne l’oubliez pas à l’avenir.” Effectivement, cette Palme, une occasion en or…

Photo (Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma) : lors de la remise de la Palme d’or