Bonnes nouvelles en rafale
Arnaud Montebourg, le chantre du made in France doit être aux anges. C’est un produit 100 % tricolore, jusqu’aux boulons, que vient d’acheter l’Inde à 36 exemplaires, suite à la signature d’un contrat surprise lors de la visite à Paris de Narendra Modi, le premier ministre indien.
Vous avez bien sûr reconnu le Rafale, le fleuron de notre aviation que l’on désespérait de vendre depuis sa naissance en… 2001 et voilà : coup sur coup, deux contrats sont signés en quelques semaines, avec l’Egypte d’abord (24 avions), puis l’Inde (36 avions).
Un avion 100 % tricolore, jusqu’aux boulons
Pour des raisons d’indépendance nationale, un tel avion ne peut qu’être que 100 % tricolore pour ne pas subir par exemple les fourches caudines d’entreprises américaines susceptibles d’émettre un embargo en cas de désaccord entre la France et la politique de la Maison Blanche.
On l’a bien vu avec le contrat signé avec l’Egypte qui déplaît souverainement à Barack Obama.
D’après les spécialistes de la Défense, ce ne serait pas tant François Hollande à qui l’Hexagone doit ces deux contrats, mais au discret ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, à la manœuvre, sans effet de manches, ni d’annonces, mais avec une efficacité rare au sein de ce gouvernement.
Outre les emplois maintenus ou développés que cette double signature va apporter, ces deux contrats sont aussi une bonne nouvelle pour les finances publiques.
Le budget de la Défense avait été bâti sur un pari qui paraissait alors hasardeux : la signature justement de contrats à l’export pour le Rafale.
Il faut comprendre que le Groupe Dassault a sa chaîne de production calibrée pour fabriquer onze Rafale par an.
Si ces contrats avec l’Egypte et l’Inde n’étaient pas arrivés, l’Etat français aurait été obligé d’acheter ces Rafale alors que l’armée française avec 141 exemplaires sur les 180 qu’elle doit toucher à terme, est déjà bien dotée. Le budget pourra donc rester dans l’épure qui lui avait été assignée.
Il fallait que quarante avions a minima soient destinés à l’export : on en est à soixante. Pari gagné.
Il faut savoir qu’un Rafale coûte 110 millions d’euros pièce. Depuis sa création, le programme Rafale aurait coûté d’après la Cour des Comptes près de 40 milliards d’euros.
Une usine Dassault impliquée près d’Annecy
L’autre bonne nouvelle concerne la région Rhône-Alpes. Le Groupe Dassault possède une importante usine à Argonay près d’Annecy (Haute-Savoie). Un site employant 470 personnes et spécialisé dans la production et la réparation des équipements électroniques, mécaniques et hydrauliques des commandes de vols (manche, cervo-commande de direction, notamment…)
Ce site créé en 1962 par le Groupe Dassault va directement bénéficier de ces commandes.
Un autre site bénéficiera de ces deux contrats : l’usine située à Moirans en Isère et fabriquant, elle, des écrans à cristaux liquides destinées à ce même Rafale.
Au total, ce ne sont pas seulement Dassault bien sûr et de grands donneurs d’ordre comme Thales qui seront seuls à bénéficier de ce regain inespéré du Rafale à l’export, mais près de cinq cents PME disséminées sur tout le territoire.
Ce retour en grâce du Rafale est aussi une bonne leçon de marketing : il prouve qu’un produit de qualité finit toujours par trouver son marché, à condition de ne jamais baisser la garde…