Ce long chemin qui a mené Patrick Martin à la présidence du Medef. Et maintenant ?

Méthodiquement, le Pdg de Martin-Belaysoud s’est hissé pas à pas jusqu’à la plus haute fonction, après une élection qu’il a largement dominée en engrangeant 73,18 % des voix face l’entrepreneuse parisienne Dominique Carlac’h.
Signe d’une évolution au sein de la grande machine du Medef ? Tout le monde a pu noter qu’il est le premier dirigeant d’un Medef territorial à se hisser à la tête de l’organisme patronal ! Ce n’est pas rien…
Et ce, alors que d’ordinaire ce sont les grandes fédérations qui font et défont les jeux au sein de l’instance patronale.
Ce sont les journalistes spécialisés en économie de la région Rhône-Alpes (sans l’Auvergne, alors) qui peuvent le mieux parler de Patrick Martin, désormais président du Medef pour cinq ans : il a en effet été par deux fois président de la Fédération Rhône-Alpes qu’il a su développer, tout en assurant la vive croissance de sa propre entreprise, la société familiale Martin-Belaysoud qui partant de 50 millions d’euros lorsqu’il en a pris les rênes en 1987, pèse désormais près d’un milliard. Et ce, à travers de nombreuses opérations de croissance externe, des intégrations successives qu’il a appris à gérer au fil des années.
Déjà, en 2018, il mène sa première tentative pour prendre d’assaut la présidence. Un échec.
Finalement, comme on le sait c’est Geoffroy Roux de Béziers qui l’emporte, mais qui fait de lui son vice-président. Le marche-pied qui va donc le hisser enfin sur la première marche.
Pourquoi ce parcours vers la présidence de l’organisation patronale fut-il si difficile ?
Tout simplement car il venait de « province » et connaissait peu les réseaux parisiens qui font et défont les rois. Ce qu’il s’est appliqué à faire ces cinq dernières années, en fréquentant notamment « Le Siècle ».
Mais aussi, comme vice-président, en se jetant dans les dossiers techniques comme les prêts garantis par l’Etat pendant le Covid ou l’apprentissage, ce qui lui permet de continuer à tisser son réseau.
Passage obligé, Patrick Martin va désormais devoir incarner le Medef, via la communication, pas l’exercice qu’il maîtrise le mieux. Là, il va devoir, après Geoffroy Roux de Bezieux, faire ses preuves, mais sans attendre, aussi, il se retrouve déjà avec un agenda social particulièrement chargé.
Avec très rapidement , une réunion prévue à Matignon avec les partenaires sociaux pour envisager « l’après réforme des retraites ». Il va lui falloir réussir avec les syndicats de salariés le nouvel agenda social, avec notamment une négociation phare portant notamment sur l’emploi des seniors.
D’emblée, il va devoir peser rapidement dans le nouveau contexte politique qui est en train de s’ouvrir pour accentuer le poids du Medef.
Bref, Patrick Martin détient désormais le pouvoir après une si longue attente. Il lui reste à faire ses preuves dans un exercice qui reste toujours périlleux…