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Décision majeure en Auvergne-Rhône-Alpes : création enfin d’une Agence économique régionale

Seize entités régionales et départementales vont se fondre dans ce creuset : une excellente idée qui nous met aux normes européennes, notamment allemandes, et devrait donner une plus grande efficacité encore aux systèmes d’accompagnement des entreprises dans la nouvelle grande région Auvergne-Rhône-Alpe.

 Nous avons été suffisamment critiques sur les annonces, pas toujours suivies d’effets sur le terrain de Laurent Wauquiez, l’actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour cette fois applaudir à cette décision qui chamboule le paysage de l’accompagnement des entreprises et surtout le rend beaucoup plus lisible pour les entreprises auxquelles il s’adresse.

 Un guichet unique verra le jour le 1er septembre prochain. Il sera composé de 200 personnes, d’un budget de fonctionnement de 10 millions d’euros et d’une force d’intervention conséquente : 100 millions d’euros. Des ressources propres piochées dans le budget économique de la région, auxquelles il faudra ajouter des fonds européens, notamment, ce qui devrait provoquer un effet de levier.

Cette nouvelle Agence intitulée « Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises » (dans l’attente d’un autre nom plus original) sera basée à Lyon, avec une grosse représentation à Clermont-Ferrand, mais sera aussi dotée d’antennes dans chacun de douze départements d’Auvergne Rhône-Alpes. L’ARDI (Agence régionale de l’Innovation) rhônalpine, ainsi que l’ARDE (Agence régionale de développement économique) auvergnate ; mais aussi, par exemple, en Isère, l’AEPI qui était présidée par des élus locaux, deviendra l’antenne départementale de la nouvelle entité.

 Deux créations : en Drôme-Ardèche et dans le Cantal

 Bizarrement, il n’existait pas d’agence économique en Drôme-Ardèche : il va en être créé une. On ne sait encore si ce sera en Ardèche ou dans la Drôme. Une autre antenne sera également créée dans le Cantal. « Aucun chaînon ne manquera » assure le président de la région.

 Il ne s’agit pas d’une structure d’empilement supplémentaire, explique Martial Saddier, le vice-président à l’économie à la Région. La nouvelle entité qui comptera deux cents personnes n’embauchera pas : elle piochera dans les structures existantes.

De même le budget n’impliquera aucune autre aide supplémentaire de la région, une convention étant passée avec les agences économiques départementales existantes.

 Une structure au sein de laquelle les entreprises auront leur mot à dire

 Mais surtout, fait nouveau et gage d’efficacité, les entreprises seront très présentes au sein de cette Agence puisque son conseil de surveillance sera co-présidé par Jean-Dominique Sénard, le président de Michelin, la plus grosse entreprise de la région et Laurent Wauquiez. Un partenariat public/privé nouveau à la Région.

 

Martial Saddier, Laurent Wauquiez, Jean-Dominique Sénard et Gérard Guyard

C’est un autre chef d’entreprise, Gérard Guyard, celui de la PME rhodanienne Gravotech qui présidera le directoire. Ils connaissent les besoins des entreprises et serviront d’aiguillons.

 Le pragmatisme sera le règle, gage, là encore, d’efficacité.

 « Chaque décision sera prise par un élu et un chef d’entreprise » souligne ainsi Laurent Wauquiez. Il s’agit, précise-t-il : « de fédérer toutes les forces et d’installer un esprit d’équipe ». Et ce, « pour faire de la deuxième région de France, un grand pôle européen et avant tout : créer de l’emploi. »

 Ainsi par exemple, avant de lancer une nouvelle formation ou un nouvel apprentissage, une des nombreuses compétences de cette nouvelle entité, l’Agence procédera à l’évaluation des besoins. Et l’on sait qu’ils sont nombreux, qu’il s’agisse de chaudronniers, quasi introuvables ou de nombreuses compétences informatiques à l’instar des data scientists, par exemple, mais aussi de très nombreuses métiers du secteur qui manquent à l’appel.

 Cinq missions principales

 Cinq missions principales guideront l’action de cette agence : l’attractivité, le développement économique et industriel, l’innovation, l’accompagnement à l’export, mais aussi l’apprentissage, l’emploi et la formation. Bref, l’ensemble des domaines nécessaires au développement des entreprises.

 Autant Laurent Wauquiez aime capter la lumière, autant Martial Saddier, vice-président à la région est un homme discret. Mais c’est un bûcheur qui a réussi en quatorze mois à créer cette Agence après avoir rencontré tous les protagonistes.

 Son verdict après avoir épluché notamment les budgets de certaines entités départementales : certaines d’entre elles payent des loyers à prix d’or, alors que d’autres structures sur le même territoire, bénéficient de locaux parfois presque inoccupés. Cette agence devrait ainsi s’avérer gage de meilleure utilisation des deniers publics.

 Reste encore quelques problèmes à régler, à l’instar des relations entre la Métropole lyonnaise qui veut conserver la main sur l’économie. C’est ce que souligne David Kimelfeld, 1er vice-président à la Métropole qui pourrait être appelé à succéder à Gérard Collomb, pour qui, « il ne faudrait pas que l’agence régionale cantonne la Métropole dans l’immobilier d’entreprise ou dans l’animation des zones industrielles ». Et d’assurer : « Tant que notre rôle n’aura pas été clarifié, nous ne prendrons pas notre part dans cette Agence », se déclarant néanmoins prêt à en débattre. Ça tombe bien car Laurent Wauquiez se déclare aussi très ouvert : un consensus à la lyonnaise pourrait donc être trouvé.

 Il faut encore attendre cette clarification et la mise en place qui va tout de même s’avérer complexe pour voir comment cette nouvelle entité, opérationnelle dès septembre, se met en branle ; mais on se demande pourquoi cela n’a pas été fait plus tôt…