Toute l’actualité Lyon Entreprises

Dentressangle : le rachat par XPO ne se passe pas du tout comme prévu

La décision du rachat de Norbert Dentressangle par l’Américain XPO « suscite de nombreuses interrogations en interne », écrivions-nous lors de l’annonce du deal entre le big boss de XPO, Bradley Jacobs et Norbert Dentressangle, le créateur du groupe éponyme.

Pour calmer ces inquiétudes, il était prévu qu’ Hervé Monjotin, l’opérationnel qui détenait les rênes effectifs du groupe comme président du directoire restait en place, après la fusion, pour diriger les activités européennes de la nouvelle entité. Il devait ainsi, non seulement piloter Dentressangle, mais aussi les activités de XPO en Europe, ce qui de la part du groupe américain semblait constituer un sacré gage de confiance..

Il avait fait ses preuves à la tête de l’entreprise et sa présence constituait une assurance pour les salariés.

Lui-même par ailleurs n’avait pas ménagé sa peine pour rassurer les salariés, expliquant « qu’il serait un élément de stabilité dans ce projet », auquel il assurait adhérer avec enthousiasme.

Or, patatras, qu’apprend-t-on en fin de semaine dernière : que deux mois après le rachat, cette belle construction apte à permettre à Dentressangle d’entrer en douceur dans le giron de XPO avait volé en état.

Le Groupe américain a en effet remercié brutalement Hervé Monjotin pour le remplacer par un haut cadre de XPO, Troy Cooper.

Le nouveau boss de Dentressangle : Troy Cooper

Et ce en couvrant cette éviction d’un coup de chapeau « Hervé Monjotin a accompli un très beau travail durant une période clé de l’histoire de Norbert Dentressangle… », précise avec une dose d’hypocrisie le communiqué de XPO.

Nous n’avons pu avoir la version d’Hervé Monjotin qui s’abrite derrière son devoir de réserve.

Mais pour notre confrère « le Monde », « le montant du chèque transactionnel n’est pas en général étranger au silence des parties. Il devrait être dévoilé dans les éléments financiers de la société. » Et d’ajouter : «  Une chose est sûre, le groupe américain n’est pas avare, lui, qui a déjà permis à M. Monjotin d’empocher 7,5 millions d’euros à l’occasion du changement de propriétaire. »

Bref, les salariés peuvent avoir l’impression d’avoir été « baladés », même s’il est in fine normal et classique qu’un groupe acquéreur mette un homme sûr à la tête de l’entreprise rachetée. Mais encore fallait-il jouer dès le départ carte sur table.

Reste que Troy Cooper, 45 ans, le nouveau patron de Dentressangle qui conserve sa fonction de directeur des opérations d’XPO Logistics ne parle pas le français et réside aux USA. Un mauvais signe pour l’ancrage du centre de décision de Dentressangle à Lyon qui constituait une deuxième garantie présentée par XPO aux salariés, mais aussi aux pouvoirs publics, lors du rachat…