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France, ton industrie est toujours aussi malade

Souvenez-vous : les états-généraux de l’industrie devaient il y a quelques année-un siécle!- remettre le cœur battant de notre économie au premier rang des préoccupations.

 On a même vu la création d’un ministère dit du « redressement productif », ce qui avait fait ricaner certains, mais ce vocable exprimait, en apparence du moins, une volonté politique.

 Quelques années plus tard, à l’heure où l’on commence à reparler de reprise, que constate-t-on ? Que ces jolis moulinets, que ces mouvements du menton, n’ont servi à rien. Que cet affichage n’était que vacuité.

 Car derrière, les chiffres récemment révélés par l’Insee font mal, très mal.

 Notre industrie à la traîne de l’Europe

 Plus mal encore en Rhône-Alpes, première région industrielle de France.

 L’Insee nous dit que nous sommes en matière industrielle à la traîne de l’Europe (*).

 Aucun rattrapage n’a été effectué. Depuis le premier trimestre 2008, début de la crise des subprimes, la production industrielle française a reculé de… 16,5 % !

 A comparer avec nos grands voisins, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui, en matière industrielle viennent de retrouver leur niveau d’avant-crise.

 L’industrie française reste, elle, plombée.

 La part de cette même industrie dans la valeur ajoutée française est désormais de 11 %, soit… un point de moins qu’en 2008 !

 Même si ce dernier chiffre est nettement supérieur en Rhône-Alpes, il n’y a pas là aussi, de quoi pavoiser.

 La France a détruit 456 000 emplois industriel en sept ans. A comparer encore avec l’Allemagne, où 129 000 postes ont été créés sur la même période.

 Douche glacée

 On parle actuellement de « reprise ». Douche glacée. La production industrielle de juillet est en chute de 0,8 %, là où les économistes tablaient sur un rebond de 0,2 %.

 La production manufacturière, qui exclut l’énergie, a, elle, reculé de 1,0 %, sa plus mauvaise performance depuis avril, après avoir déjà baissé de 0,6% en juin. Son indice est au plus bas depuis mai 2014.

 La quasi totalité des autres secteurs industriels sont à la peine, celui de la métallurgie retrouvant des plus bas depuis juillet 2009, au plus fort de la crise ; ou celui de l’automobile son plus mauvais niveau depuis novembre dernier.

 Il faudrait que l’on réfléchisse enfin pourquoi, malgré l’euro faible, malgré la baisse du prix du pétrole et une situation économique européenne qui se raffermit, pourquoi l’industrie française reste parfaitement encalminée.

 Les salariés de Smart à 56 % pour les 39 heures

 Ce sont peut-être les salariés de l’usine Smart d’Ambach qui viennent de donner une réponse en choisissant à 56 %, contre l’avis des trois principaux syndicats (CGT, CFDT et FO), de revenir aux 39 heures, assurant la pérennité de leur outil de travail pour de nombreuses années.

 Les 35 heures étaient une superbe idée : mais pas pour tout le monde, pas dans l’administration, ni le monde hospitalier, mais au sein des entreprises qui pouvaient se les payer. Un certain nombre d’entre elles, les plus grandes, grâce à des accords malins ont su même améliorer leur productivité. Mais pour d’autres, elles se sont muées en semelles de plomb.

 Mettre tout le monde, de la TPE à l’entreprise du CAC 40, à la même enseigne a été une erreur fondamentale que nous sommes en train de payer. Ce n’est sans doute pas un hasard si le décrochage industriel de notre pays correspond à la mise en place des trente-cinq heures…

 Les Français ont compris, eux : à 71 %, y compris à gauche, ils souhaitent selon un sondage récent que la durée du travail soit fixée dans l’entreprise. Les totems sont faits pour être brisés.

Mais quand ?