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Grand Lyon et future Métropole : Gérard Collomb face à un véritable casse-tête

 La victoire du socialisme de l’entreprise que traduit la réélection de Gérard Collomb à la tête de la mairie de Lyon ne va-t-elle constituer qu’un demi-succès ?

 Telle est l’interrogation qui risque de gâcher les nuits du maire de Lyon dans les jours qui viennent, après sa réélection à la tête de sa ville, le dimanche 30 mars pour un troisième mandat, sauvant de la vague bleue la troisième ville de France.

 Le véritable pouvoir et l’argent se trouvent en effet au sein du Grand Lyon. Qui plus est, à partir du 1er janvier 2015, lorsque la future Métropole de dimension européenne riche d’un budget de 3,5 milliards d’euros, soit plus important encore que celui de la région Rhône-Alpes (2,45 milliards d’euros), verra le jour.

 Les dissensions à Gauche ont fait perdre à sa future majorité la ville de Rillieux-la-Pape au profit d’un Copéiste de trente ans, Alexandre Vincendet et au passage, trois sièges au Grand Lyon. Une ville qui est loin d’être la seule à être emportée par la vague bleue de dimanche, puisque notamment Saint-Priest, Saint-Fons, Grigny et Décines tombent aussi dans l’escarcelle de l’opposition à Gérard Collomb.

 Pas de cadeaux

 Sans compter ces élus centristes auparavant accommodants remplacés par de moins accommodants. Ou encore ces écologistes comme Etienne Tête , ayant accepté entre les deux tours « une alliance tactique », mais qui, concernant le Grand Lyon, ne feront pas de cadeaux à Gérard Collomb qui sait très bien à quoi s’en tenir.

La victoire de Gérard Collomb dans tous les arrondissements lyonnais sauf trois (le 1er où la dissidente Nathalie Perrin-Gilbert a battu la liste Collomb, le 2ème et le 6ème), le maintien à Gauche de villes poids-lourds comme Villeurbanne, Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou Givors, n’empêcheront pas la dure loi arythmètique : sur le papier, une poignée de voix vont manquer pour que Gérard Collomb emporte l’agglomération dans la foulée des municipales.

 Le maire de Lyon réélu l’avouait le soir même des élections à la préfecture du Rhône : «Ça va se jouer à quatre voix près ». mais ajoutant aussitôt, optimiste : « Beaucoup auront intérêt à ce que le président de la Métropole soit aussi celui de la Ville Centre. »

 Rejouer le scénario de 2001

 En fait, Gérard Collomb va tenter de rejouer le scénario de 2001, lorsqu’il était dèjà sur la papier battu de quelques voix au Grand Lyon.

 Il avait alors profité de fortes dissensions à Droite pour attirer vers lui un groupe de maires divers droite (DVD) et notamment les élus du groupe Synergies du Val-de-Saône, en distribuant à tout va les vice-présidences. Mais ce sera beaucoup plus difficile maintenant, le nombre de vice-présidence étant désormais circonscrit par la loi à une vingtaine. Gageons qu’il trouvera d’autres arguments.

La défaite de Michel Havard, dans l’arrondissement même-le 5ème-où il était tête de liste aurait pu puissamment aider Gérard Collomb.

 Cette défaite plutôt cuisante n’est pas apte à faire de Michel Havard le patron incontesté d’une Droite lyonnaise en mal de leadership.

 Pourtant, la Droite est bien décidée à ne pas rater la présidence du Grand Lyon : dès le lendemain des élections, elle annonçait qu’elle avait choisi son candidat pour le Grand Lyon : le sénateur-maire d’Oullins, François-Noël Buffet pour défier Gérard Collomb. Comme en 2001 et 2008.

 Pourtant ceux qui y prétendaient étaient nombreux : Philippe Cochet, le maire de Caluire, voire encore la députée de la 4ème circonscription du Rhône, Dominique Nachury ou le maire de Meyzieu, Michel Forissier. Ils se sont pourtant désistés.

 L’UMP a choisi son leader au Grand Lyon, mais derrière ? Seule la désunion à Droite pourrait amener Gérard Collomb à réaliser son rêve : être le président de la future Métropole de dimension européenne, ce qui sacrerait alors un parcours politique, marqué par un socialisme de l’offre qui a fort bien fonctionné à Lyon, mais qui se cherche toujours au plan national…

 Gérard Collomb joue gros avec ce troisième tour. Car une ville de Lyon à Gauche en conflit permanent avec un Grand Lyon à Droite risquerait de sonner le glas de bon nombre de projets, comme on a pu le voir dans le scénario similaire qui a vu s’opposer ces six dernières années Marseille avec la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, : c’est toute l’économie qui en avait pâti.