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Grégory Doucet décrète “l’état d’urgence climatique” : quelles conséquences pour Lyon ?

C’est un signal fort qu’a voulu lancer Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon, lors du vote de son plan de mandat : il a décrété “l’état d’urgence climatique”. Une façon d’afficher de manière offensive sa patte verte sur le budget. Cela passera par un budget doublé par rapport au précédent mandat et donc une dette assumée pour le financer car le moment n’est pas idéal ; mais aussi par un appel aux entreprises, aux citoyens ; ainsi qu’un budget passé au tamis de la transition climatique.

“Il est temps de faire de Lyon une capitale française de la transition énergétique”, a lancé le 25 mars 2021 Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon après avoir décrété l’état d’urgence climatique.

Financièrement ce n’est pas neutre car cela passera par un quasi-doublement des investissements sur cinq ans, pour atteindre la somme de 1,25 milliards d’euros. Avec une conséquence à la clef : l’endettement qui devra certes rester soutenable à la fin du mandat ; mais qui va grossir de manière conséquente.

Ces 1,25 milliard d’euros représentent le double que la programmation pluriannuelle précédente (PPI), votée à l’époque sous Gérard Collomb, qui avait prévu d’investir 600 millions d’euros entre 2015 et 2020.

Tacle à Gérard Collomb

Grégory Doucet accuse au passage Gérard Collomb “de renoncement politique, de fatalisme et d’une perte de vision, en déconnection avec les enjeux du 21ème siécle…”

Sur cette somme de 1,25 milliard d’euros, plus d’un tiers sera directement consacré à la transition écologique, notamment par « la rénovation énergétique des bâtiments, la modernisation de l’éclairage public, la sortie du diesel de la flotte de véhicules, ainsi que par la végétalisation de la ville et l’apaisement de la circulation », précise l’élu Vert.

Cela signifie que tous les investissements qui vont être réalisés d’ici la fin du mandat vont être passés au tamis de la transition climatique.

“Lyon doit être une ville nature”

Et Grégory Doucet d’égrener les chiffres : “Lyon doit être une ville nature : nous investirons 251 millions d’euros dans le plan de végétalisation…” Cela passera par de nouveaux parcs, des forêts urbaines, le développement de promenades ombragées. “Nous avons déjà planté 5 500 arbres depuis le début du mandat”. S’y ajoutent la création d’une ferme urbaine, mais aussi d’une Maison de l’agriculture urbaine, etc.

La mobilité sera l’autre grand marqueur du mandat, çà on le savait : le vélo, la piétonnisation, le passage d’une grande partie de la ville en zone 30, la décarbonisation de la logistique, etc., feront partie des objectifs.

Autre marqueur, la priorité à l’économie locale : “Je veux faire de Lyon une ville de la coopération avec un objectif de prospérité”, décrit Grégory Doucet;

600 000 euros vont ainsi être investis dans les Halles Paul Bocuse pour notamment créer un kiosque des achats de proximité. Les marchés publiques seront axés vers les achats responsables, etc.

Le premier magistrat lyonnais compte enfin renouer avec les grandes villes européennes pour relancer les échanges internationaux.

Le dernier marqueur est enfin la culture qui recevra avec le sport 236 millions d’euros, avec un coup de pouce donné aux grandes structures (Auditorium, Célestins, Maison de la Danse qui aura sa salle de répétition, etc.) ; et la création d’une grande “Fête de l’eau”.

Pour réussir ce pari et éviter que Lyon n’ait le climat d’Alger en 2050, il fait appel dans le même temps “aux acteurs culturels et sociaux, mais aussi aux entreprises “qui doivent être des acteurs majeurs de la transition climatique.”

Branle-bas de combat climatique

Bref, pour lui, cet “état d’urgence climatique” a aussi une coloration de branle-bas de combat…

Reste que colorer ce budget essentiellement en vert n’a pas été complètement apprécié de l’autre composante de la majorité, la gauche qui tient à ce que ce budget marche sur deux jambes : l’écologie certes, mais aussi le social. “Nous ne voulons pas que notre projet politique se réduise aux seules préoccupations environnementales”, a tempéré la socialiste Sandrine Runel, adjointe aux solidarités et à l’inclusion sociale.

Sur son terrain de prédilection, l’exécutif joue sa crédibilité. Si à la fin du mandat, on connaît toujours des épisodes de pollution à répétition, si la vie des Lyonnais ne devient pas plus douce, si le logement flambe toujours, la perspective d’un deuxième mandat coloré en vert pourrait alors s’éloigner…