Homéopathie : il faut sauver le soldat Boiron
Lyon a la chance de posséder sur son sol Boiron, le leader mondial de l’homéopathie. Or ce géant qui jusqu’à présent s’est fort bien porté est en train de vaciller.
Suite à l’action d’un groupe de médecins allopathes qui ont fini par avoir l’oreille de la ministre de la Santé qu’on aurait cru plus courageuse, le déremboursement de l’homéopathie par la Sécu plane de plus en plus sérieusement sur l’entreprise.
Une entreprise déjà fragilisé dont le chiffre d’affaires décroît depuis plusieurs années. Il a encore reculé de 2,2 % en 2018, à 604 millions d’euros.
Sa capitalisation boursière a diminué à la vitesse de granules fondant dans la bouche. A telle enseigne que, s’appuyant sur la violation dans la presse, du secret de l’avis préliminaire de la Haute Autorité de Santé sur l’évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques, Christian Boiron a demandé la suspension provisoire du cours de Bourse de l’action maison (- 11 % depuis le début de l’année, – 43 % depuis un an, mais tout de même encore + 121 % sur 10 ans).
Sous les coups de boutoir de ses opposants, les ventes s’érodent particulièrement en France (–5,3 %), qui représente 60 % de son activité, sans que la croissance à l’international permette de compenser suffisamment : + 34 % aux Etats-Unis ou +44 % en Asie. Le paradoxe est qu’alors en France on s’acharne sur elle, l’homéopathie est en train de se mondialiser.
Il va falloir tout le savoir-faire de Valérie Poinsot qui depuis le 1er janvier a pris les rênes de l’entreprise cédées par Christian Boiron, 72 ans, pour renverser la vapeur.
Une pétition aux 470 000 signatures
Une contre-offensive a été lancée, il est vrai tardivement, avec une pétition contre le déremboursement annoncé : campagne MonHoméoMonChoix. Déjà plus de 470 000 signatures.
Il faut en effet sauver l’homéopathie. Il faut sauver le soldat Boiron.
D’abord pour sauvegarder les nombreux emplois (2 600 en France, 3 600 dans le monde pour le seul Boiron) que cette médication représente.
On estime que le déremboursement pourrait coûter à Boiron près d’un millier d’emplois.
Qui plus est, l’entreprise a investi il y a quelques années 100 millions d’euros dans une nouvelle usine à Messimy dans le Rhône.
Le problème de fond de l’homéopathie : c’est de ne pouvoir scientifiquement prouver son mode d’action en l’état actuel de la science. Ses principes actifs, par dilution ont une action, c’est indéniable, mais pour l’heure, on ne sait pas encore le prouver.
Pourtant, l’auteur de ces lignes qui se soigne essentiellement à l’homéopathie a pu constater sa véritable efficacité, parfois spectaculaire, dans de nombreuses pathologies. Elle ne tient pas qu’à l’effet placebo contrairement à ce qu’assurent ses détracteurs.
Pour preuve, elle est aussi bien efficace chez les enfants qu’en médecine vétérinaire où elle est aussi utilisée : et là on ne peut pas incriminer l’effet placebo !
Le déremboursement pourrait aussi avec des effets contraire et plutôt que d’alléger les comptes de la Sécu, accentuer son « trou »
Actuellement, 60 % des médications Boiron entrent dans la catégorie des médicaments remboursables à hauteur de 30 % par l’Assurance- maladie, les Mutuelles assurant le complément.
Une dose homéopathique pour la Sécu
Au sein du budget de la Sécurité Sociale, elle ne représente qu’une dose véritablement homéopathique : en 2017, son remboursement n’a représenté que 129,6 millions d’euros sur un total de 19,9 milliards pour l’ensemble des médicaments, remboursés, soit moins de 1 % !
Valérie Poinsot estime que l’homéopathie permet d’économiser 10 milliards d’euros de médicaments allopathiques vers lesquels devraient se tourner les patients d’une homéopathie non remboursée.
La dernière étude financée par Boiron en 2017, EPI 3, tend à prouver que l’homéopathie réduit de surcroît le recours aux antibiotiques, aux anti-inflammatoires et aux anxiolytiques.
Un déremboursement aurait ainsi non seulement des conséquences médicales, mais aussi économiques. Ce serait à la fois un mauvais coup à l’économie régionale, mais aussi aux patients qui se soignent via cette médecine douce et à laquelle ils tiennent, ayant bénéficié de son efficacité.
Outre la pétition nationale, des élus dont Gérard Collomb et Laurent Wauquiez sont intervenus au plus haut niveau pour défendre l’homéopathie et l’écosystème qui l’entoure. Certes tardive, l’opposition à ce projet de déremboursement est grandissante, mais il convient de l’accentuer : il ne reste plus que quelques semaines avant que l’éventuel couperet ne tombe…