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Il faut sauver le soldat CNR…

Toute l’Europe de l’énergie lorgne actuellement les barrages des Alpes, comme ceux du Rhône détenus par EDF pour les premiers et de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) pour les second.

Ainsi, les allemands EON et Vattenfall, l’espagnol Iberdrola, l’italien Enel, le norvégien Statkraft, le suisse Alpiq, et même le canadien Hydro-Québec… Sans oublier les français Total et Engie (l’ex-GDF-Suez) : tous sont en embuscades pour rafler la mise.

Quelle mise ? Les quelque  400 concessions et près de 150 barrages dont les concessions pourraient bien être mise en cause, à la suite d’une volonté de Bruxelles.

Ce n’est pas d’aujourd’hui, il est vrai, mais jusqu’à présent, les derniers gouvernements en date, peu pressés d’ouvrir au privé les vannes d’une énergie qui concoure pour 12 % à la production électrique française, avaient fait la sourde oreille.

Un appel d’offres annoncé en 2010 sous Nicolas Sarkozy pour une cinquantaine de barrages était ainsi resté lettre morte.

Puis, sous la présidence de François Hollande, la loi sur la transition énergétique avait permis à Ségolène Royale, ministre de l’Environnement d’ouvrir la possibilité de prolonger au moins des concessions d’EDF et de CNR contre des travaux ; et d’échapper donc à d’éventuelles ventes à la découpe.

C’était ainsi le cas pour les dix-huit barrages du Rhône exploités par la CNR.

Depuis, plus rien. Plus de nouvelles de cette éventuelle prolongation de la concession de la Compagnie dont le siège, rappelons-le est basé à Lyon.

Incertitude

A chacune de ses interventions, Elisabeth Ayrault la présidente de la CNR, comme ce fut le cas, lors des vœux de la « Compagnie » en janvier dernier lance un appel au gouvernement pour qu’il ne laisse plus le conseil d’administration et ses 1 370 salariés dans l’incertitude la plus totale.

Trimbalé entre Bruxelles et Paris, entre Bercy, l’Elysée et le ministère de l’Environnement, le dossier donne l’apparence d’être tout bonnement encalminé. « Il est en cours d’instruction » répond-t-on au ministère de l’Environnement, sans plus de précision. Un peu court.

Un silence qui pour la CNR pourrait bien apparaître de mauvais augure.

Au siège de la CNR situé à la sortie du tunnel de la Croix-Rousse, l’incertitude, après avoir nourri l’impatience, commence à se muer en inquiétude.

D’où un certain nombre d’initiatives destiné à débloquer ce dossier en provoquant un maximum d’écumes médiatiques.

Le 29 mars dernier, quatre élus, dont le président LR d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, représentants des collectivités siégeant au conseil de surveillance de la CNR, ont ainsi interpellé dans un courrier Emmanuel Macron. « Nous nous inquiétons de ne pas voir aboutir ce dossier », ont-ils écrit, cinq ans après avoir engagé la démarche.

Un courrier envoyé par 172 élus

Une nouvelle initiative est intervenue encore plus spectaculaire : cette fois, le 13 avril dernier, 172 élus de tous bords politiques de la vallée du Rhône, ont envoyé un nouveau courrier, dans le même sens au Président de la République.

 Une initiative par ailleurs relayée par les organisations syndicales de l’entreprise qui y sont aussi allé de leur courrier au président Macron.

 « Par leurs courriers, les élus et les organisations syndicales, que je remercie chaleureusement, montrent leur attachement au modèle atypique de CNR, basé sur un équilibre public privé (*), à son action en faveur de la transition énergétique au service des territoires, et à ses missions d’intérêt général qui aménagent le fleuve pour le transmettre, valorisé, aux générations futures. Leur mobilisation à nos côtés nous permettra, j’en suis persuadée, de travailler très prochainement sur les actions concrètes liées à la mise en œuvre de cette prolongation », vient ainsi de se féliciter Elisabeth Ayrault, Pédégère de la CNR. 

 Et cette dernière d’ajouter : « Les conditions de la prolongation ont été proposées et travaillées en fonction des dispositions prévues par la loi sur la Transition Energétique de 2015, et les règles européennes relatives aux concessions. Le projet de la CNR s’inscrit donc pleinement en adéquation avec le droit français et européen. »

 On aimerait désormais en être sûr, une décision contraire constituerait un vrai séisme, avec des retombées totalement incertaines…

(*) Le capital de CNR est majoritairement public : la Caisse des Dépôts ainsi que les collectivités locales détiennent plus de 50 % du capital; le Groupe Engie, actionnaire de référence, 49,97 %.