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L’aéroport de trop ? Andrézieux-Bouthéon (St-Etienne) va passer de 150 000 à 10 000 passagers, cherchez l’erreur…

Décidément la compagnie low cost irlandaise Ryanair joue actuellement de malchance. Alors qu’elle est en conflit avec ses pilotes, elle vient d’arrêter ses vols au départ de l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, situé à proximité de Saint-Etienne.

Il est vrai que son modèle économique est critiqué et par ailleurs critiquable car cette compagnie demande un accompagnement financier des collectivités pour se poser sur tel ou tel aéroport : 750 000 euros chaque année en l’occurrence pour opérer à partir d’Andrézieux-Bouthéon…

Si l’on ajoute 200 000 euros versés à la compagnie turque Pegasus, on arrive à près d’un million d’euros versés chaque année pour financer les passagers aériens dans la Loire. Une forme de distorsion de la concurrence, souvent relevée par Philippe Bernand, le président du directoire de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry qui s’est toujours refusé à financer l’arrivée d’une compagnie quelle qu’elle soit.

Ryanair peut toujours frapper à la porte de St Ex : c’est sûr, ce sera non.

Ce qui était possible en période d’argent abondant ne l’est plus en celui d’argent rare.

Ils n’avaient plus le choix. Les élus du syndicat mixte de gestion de l’aéroport stéphanois ont ainsi décidé de ne pas renouveler les contrats avec les deux compagnies low cost opérant sur le tarmac : Ryanair et Pegasus.

Un déficit de 2,4 millions d’euros

La raison est évidente : il s’agit de faire des économies et de limiter le déficit de l’aéroport – 2,4 millions d’euros en 2016 ! -qui n’était plus supportable.

Ainsi, les vols vers Fès, Porto de Ryanair se sont arrêtés le 28 octobre.

Ce sera le cas en juin 2018 pour Istanbul, avec cette fois la compagnie turque Pegasus.

Cette coupe sombre va voir le trafic de l’aéroport ligérien plonger : il va ainsi passer de 150 000 voyageurs par an, à environ… 10 000, émanant du trafic restant : des vols privés, quelques charters et ceux du club de foot de l’AS Saint-Etienne lorsque joueurs se déplacent à l’autre bout de la France ou à l’étranger. 

Que faire de cet aéroport désormais surdimensionné ? Les élus doivent se réunir prochainement pour en décider, d’autant qu’ils ont rejeté la proposition de l’entreprise privée SNC Lavalin, seule candidate à la reprise…

Parmi les pistes évoquées : une compagnie qui aurait proposé de mettre en place une dizaine de vols charters, mais ce n’est pas cela qui relancera de manière importante le trafic.

D’autant que toutes les tentatives de relance, nombreuses dans le passé, se sont toutes traduites par un échec.

« L’aéroport est indispensable au développement de l’agglomération, au développement de la Loire », affirme néanmoins Gaël Perdriau, le président de Saint-Étienne Métropole. Cela ressemble fort à la méthode Coué.

89 km entre Andrézieux-Bouthéon et Saint Exupéry

Il y a très précisément 89 km entre l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry et celui d’Andrézieux-Bouthéon.

On objectera que le problème est le même avec l’aéroport de Grenoble-Isère à Saint-Etienne de Saint-Geoirs, encore plus proche (72 km) de Saint Ex, à la différence que l’aéroport isérois bénéficie d’un fort atout, la desserte des stations de montagne pendant la saison de ski, ce qui constitue un gain appréciable pour les touristes.

Il vaudrait mieux améliorer la desserte de Lyon Saint Exupéry à partir de Saint-Etienne et de la Loire que de vouloir maintenir envers et contre tout un aéroport qui ne pourra longtemps rester financé que par les collectivités. Il est vrai que là se pose la question de l’Autoroute A 47 et sa saturation, toujours non réglé, un vrai problème ajoutant à la complexité de la desserte.

En 2017, on ne peut plus se permettre de tels doublons qui reviennent excessivement chers et n’ont plus aucune réalité économique. Autant en prendre acte.