L’entrepreneuriat pour sauver le monde
Parmi les multiples casquettes que possède l’emblématique patron lyonnais Bruno Bonnell figure celle de président du Wefo.
Ce n’est pas l’action la plus connue de l’Ecole de management EM Lyon dont il est le président, mais ce n’est plus qu’une affaire de quelques jours : elle va se dérouler du 19 au 22 octobre.
Le Wefo pour World Entrepreneurship Forum est en quelque sorte le Davos de l’entrepreneuriat « qui n’est pas une opération de com’, mais ce grand Forum s’intègre dans la stratégie de développement global d’EM Lyon, axée sur l’entrepreneuriat », tient à préciser le président d’EM Lyon et patron de Robopolis.
Pendant quatre jours, deux-cent cinquante entrepreneurs venus de cinquante pays se rassembleront à Lyon sur un thème qui pourrait paraître utopique : « Entrepreneuriat 3.0, opportunités illimités », mais dont l’optimisme fera sans doute beaucoup de bien dans le pessimisme général qui baigne notre pays.
L’idée sous-jacente, on la comprend : la révolution digitale en cours va-t-elle avec l’aide des entrepreneurs du monde entier apporter de vrais remèdes aux maux dont souffre le monde ?
« Transformer ces défis en opportunités »
« Le monde est face aux défis les plus importants qu’il ait rencontré depuis la révolution industrielle, les plus dramatiques. Ce que nous voulons faire, c’est transformer ces défis en opportunités… », explique Tugrul Atamer, directeur-adjoint d’EM Lyon en charge du Wefo.
Il précise sa pensée : « C’est vrai que lorsqu’on ouvre la radio, on est assommé de
mauvaises nouvelles. Mais pendant ce temps là beaucoup d’hommes et de femmes bougent et font bouger le monde sans que l’on en parle. Ce sont eux que nous voulons mettre en avant. »
Il ajoute : « Ce n’est pas pour rien que ce Forum se déroule à Lyon, ville qui revendique son humanisme. Nous pensons, nous au Wefo que la vocation de l’entreprise n’est pas seulement de créer de la richesse économique, mais aussi de la justice sociale. Ce que le Wefo veut mettre en avant, ce sont toutes les meilleures pratiques que nous avons pu déceler. »
Bref, ce Forum constitue une sorte de benchmarking (*) des meilleures idées et pratiques mondiales « qui vont nous permettre d’inventer un nouvel humanisme », s’enthousiasme Tugrul Atamer.
Les mutations positives d’un monde en plein bouleversement
Les animateurs de ce Forum pensent que lorsqu’on regarde derrière le rideau de la crise, on trouve des mutations positives d’un monde en train de changer, sans que pour l’instant cela apparaisse avec évidence.
Durant ce Forum, on entendra entre autres, Fernando Dolobela qui est le concepteur d’une pédagogie entrepreneuriale déjà utilisée par 10 000 professeurs et 300 000 élèves, de la maternelle au lycée, dans cent-vingt villes du Brésil. Ou encore, la Kenyane Evanna Hu qui a créé la start-up « Maarifa » qui conçoit des plateformes de e.learning (formation à distance) disponibles sur téléphones portable ou tablettes.
Voire encore, Bruce Ferguson, professeur au Masdar Institute of Science and Technologie qui travaille avec le MIT américain et les autorités d’Abou Dabi à la construction de Masdar, dans le désert, qui devrait être la première ville au monde zéro carbone, zéro déchet.
Un prix à quatre entrepreneurs internationaux
C’est vrai, on s’en rend compte tous les jours : les Etats apparaissent démunis, alors que dans les territoires, dans la discrétion de nombreux entrepreneurs s’activent.Ce sont eux qui seront célébrés lors de ce Forum qui se terminera avec la remise de prix à quatre entrepreneurs internationaux.
Le Wefo qui tient une année sur deux ses réunions à l’international a ainsi réuni 3 000 personnes en Inde pour réfléchir sur les solutions concrètes à mettre en œuvre pour que les ruraux qui représentent encore 70 % de la population, restent sur leurs territoires: quels jobs, quels services créer ?
« Nous ne voulons pas que ce Forum comme trop souvent se contente de déclarations, mais mette en œuvre des actions concrètes », scande son directeur.
Tout cela peut paraître utopique, voire naïf, mais au moins, c’est une grande bouffée d’optimisme et de volontarisme que ce Davos là devrait exprimer. A déguster sans modération.
(*) Le benchmarking est une technique de gestion de la qualité qui consiste à étudier et analyser les techniques de gestion, les modes d’organisation des autres entreprises, en l’occurrence ici, les autres pays, afin de s’en inspirer et d’en tirer le meilleur parti. C’est un processus continu de recherche, d’analyse comparative, d’adaptation et d’implantation des meilleures pratiques pour améliorer la performance des processus dans une organisation, en l’occurrence, celle de la planète..