L’industrie en Rhône-Alpes : une étude qui fait l’effet d’une douche froide, mais…
Cela paraît surprenant, mais c’est ainsi : aucune véritable étude n’avait jusqu’à présent permis une véritable comparaison entre les vingt régions les plus industrielles des vingt-sept pays de l’Union Européenne et Rhône-Alpes.
Tel est l’exercice auquel vient de se livrer l’Insee Rhône-Alpes à la demande du Ceser (Conseil économique social en environnemental régional). Bilan selon les propres termes de son président, Bruno Lacroix : « la douche froide ! »
Le résultat de cette étude extrêmement fouillée montre que pendant longtemps les élites régionales se sont payées de mots en faisant croire que la région faisait la maille en matière industrielle avec les grandes régions européennes, telles que le Bade-Wurtemberg en Allemagne, La Catalogne ou la Lombardie, en Italie. Elle tient son rang en France, c’est vrai, mais pour l’Europe, c’est une autre paire de manches.
Un premier constat : la région est très diversifiée en matière industrielle. Elle est présente dans la plupart des secteurs de l’ancienne ou de la nouvelle industrie, mais ne figure jamais sur le podium européen dans aucun domaine.
Elle se situe au mieux à la quatrième ou à la cinquième place européenne pour quelques secteurs (nucléaire, produits métalliques, industrie pharmaceutique, fabrication de produits en caoutchouc et plastiques), voire à la sixième ou la septième pour quelques autres (produits informatiques, électroniques et optiques, équipements électriques) ; et autour de la dixième place pour les derniers (chimie, fabrication de machines et d’équipements, notamment).
Cette diversification recèle des inconvénients, mais elle a, il est vrai, aussi l’avantage de lisser les crises sectorielles lorsqu’elle se déroulent et dont l’impact est donc moins fort.
Certes, Rhône-Alpes a su au cours de ces dernières années tenir son rang, conserver sa place nationale de première région chimique, première région mécanique, plastique, etc. ; mais pendant ce temps, certaines autres régions européennes (dont le Bade-Wurtemberg, la Haute- Bavière et la région de Cologne, notamment) gagnaient des places et distançaient allégrement Rhône-Alpes. A ce petit jeu qui n’avance pas recule.
L’une des raisons de ce positionnement « médian parmi les principales régions industrielles européennes », selon l’expression de l’Insee, tient à la taille de nos entreprises : trois fois plus petites en moyenne que les Allemandes.
A cet égard,on peut rappeler qu’une autre étude commanditée encore par le Ceser montre que la région Rhône-Alpes ne possède que 116 Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), ces PME
« moyennes-grandes » de 500 à 5 000 salariés qui sont à l’origine de l’innovation et des belles performances allemandes en matière d’exportation. Peu, trop peu.
Peut-on infléchir cette tendance, certes pas dramatique, mais guère réjouissante pour autant ? On peut en tout cas tenter car la donne a changé. Jusqu’à présent, tout dépendait dans notre pays toujours hyper-centralisé de l’Etat central.
Mais les choses ont évolué cette année : Bercy s’est enfin déssaisi de la gestion des fonds structurels européens qui se chiffrent en centaines de millions d’euros, au profit des Régions.
Le Conseil régional Rhône-Alpes est ainsi sur le point d’élaborer une stratégie industrielle qui ne pourra d’ailleurs pas totalement faire abstraction des décisions nationales à l’instar des trente-quatre filières industrielles mises en avant le 12 septembre par Arnaud Montebourg et François Hollande.
Ce programme régional a été baptisé : « Stratégie régionale d’innovation pour une spécialisation intelligente » (SRI-SI). Cet embryon de politique industrielle qui sera présenté à mi-octobre devant les élus régionaux bénéficiera pour la première fois d’une certaine autonomie financière pour sa mise en œuvre.
Pour quoi faire ? Aider les secteurs novateurs, mais encore neufs où la région Rhône-Alpes peut envisager de distancer ses concurrents ? Ou appuyer les quelques secteurs où sans être dominante, Rhône-Alpes est relativement forte et dotée de quelques belles entreprises performantes.
Une vraie question qui engage l’avenir économique de Rhône-Alpes…