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La maison-mère Rallye placée en clause de sauvegarde : le succursaliste stéphanois Casino au risque d’un démantèlement

Si c’est le cas, ce serait un véritable tremblement de terre à Saint-Etienne où dans le quartier de Chateaucreux se trouve le siège du succursaliste Casino.

En étant dans l’obligation de mettre la maison-mère Rallye en clause de sauvegarde, Jean-Charles Naouri se donne de l’oxygène pour renégocier sa dette. Il a six mois pour s’extraire de cette nasse financière. Sinon un démantèlement du groupe n’est pas à exclure.

L’explication de cet incroyable scénario est que le propriétaire de Casino, ancien directeur de cabinet de Pierre Beregovoy sous Mitterrand, Jean-Charles Naouri, docteur en mathématiques, énarque et Inspecteur des Finances a construit l’un des groupes de distribution français les plus importants, de plus de 200 000 salariés, en partant de rien, sans fortune personnelle.

Financier hyper-doué

Financier hyper-doué, il a monté une cascade de holdings pour prendre le contrôle du groupe Casino, il y a deux décennies. Le problème est que lorsque que le cash remontait en quantité, le système pouvait fonctionner. Mais la crise des hypers, notamment, a commencé à plomber le groupe et le système s’est grippé.

Les bénéfices qui remontent en cascade dans la holding ne sont plus suffisants pour rembourser la dette portée à tous les étages et la chute de la capitalisation de Casino a fragilisé ce complexe montage financier.

Ces derniers mois, pourtant, Jean-Charles Naouri, le Pdg du groupe Casino n’avait pas ménagé ses efforts pour rassurer les marchés.

Attaqué massivement par des investisseurs qui parient sur la baisse du cours de Bourse en vue de gagner de l’argent, il avait lancé à la mi-2018 un nouveau plan de désendettement d’un montant de 1,5 milliard d’euros, étendu ensuite à 2,5 milliards d’euros à l’horizon 2020.

Pour entrer du cash à bon compte, il avait ainsi cédé les murs de ses magasins Casino et Monoprix tout en vendant des hypers Géant en perte de vitesse (*).

Pas suffisant : malgré les cessions, la dette reste à un niveau élevé, soit 3,9 milliards d’euros pour une capitalisation de… 3,2 milliards.

Et les bénéfices du distributeur sont désormais insuffisants pour faire face aux échéances de remboursement. Casino n’arrive pas à améliorer ses marges sur le marché français, très concurrentiel, et le Brésil, l’autre pilier du groupe, très rentable dans le passé, n’a toujours pas retrouvé ses performances d’avant la crise.

« Si les créanciers réclament la conversion de leur dette en actions… »

Résultat : selon Clément Genelot, expert au sein du cabinet Bryan Garnier and Co, cité par l’AFP, «si les créanciers réclament la conversion de leur dette en actions, il y a un risque qu’en fin de compte M. Naouri perde le contrôle ou ait les mains moins libres».

Certes, la clause de sauvegarde de la maison-mère Rallye met le groupe sous la protection du tribunal, son premier effet étant de geler les dettes et les poursuites juridiques ; mais difficile à croire que la procédure de sauvegarde de l’actionnaire majoritaire de Casino n’affectera pas l’activité du groupe.

A moins que Jean-Charles Naouri fasse une nouvelle fois étalage de ses talents de financier. Mais pour lui, la partie va être très difficile à jouer !

Les discussions avec ses créanciers, notamment BPCE, BNP Paribas, HSBC, le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole CIB risquent d’être musclées !

Et si l’histoire tourne mal, Saint-Etienne dont  Casino est le fleuron aurait alors fort à perdre…

 (*)  Casino s’est ainsi séparé de la société foncière Mercialys (valorisation des centres commerciaux), de R2C (restauration collective), a revendu les murs de 67 Monoprix, de sept hyper Géant Casino et 33 magasins. L’enseigne Courir, spécialisée dans le sport, a également été revendue pour 283 millions d’euros, tandis que plusieurs points de vente sous enseigne Leader Price ont été fermés.