La vague Macron : du blanc seing aux réformes à engager rapidement, l’attente est si forte…
Non l’électorat « n’est pas à vomir » comme l’a déclaré avec une grande délicatesse le mauvais perdant Henri Guaino. Il est au contraire très malin. Il a tout pigé de la logique des institutions de la 5ème République pour donner contre vent et marées une majorité à Emmanuel Macron. Une majorité qui pourrait même s’il le voulait, lui permettrait, de se passer de son allié le MoDem.
On peut risquer une hypothèse : la très forte abstention constatée dimanche dernier, est aussi une manière pour l’électorat de donner une forme de blanc seing à l’exécutif sans avoir à se déplacer. Contrairement à la présidentielle, on n’a pas senti cette fois de vote de colère des électeurs de l’extrême droite ou de la France insoumise se traduire dans les urnes, comme si cette partie de l’électorat voulait consciemment ou inconsciemment, avec un certain fatalisme, tenter l’aventure Macron.
Cette vague, couleur Macron, s’est sans nul doute fait ressentir de la manière la plus forte dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : En Marche et le MoDem seront présents au second tour dans… 63 des 64 circonscriptions de la région ! Et cette circonscription manquante s’explique pour une bonne raison : il n’y avait pas de candidat LREM dans la 2ème de Savoie. Pas une triangulaire au tableau. Cela signifie qu’avec l’avance prise, La République En Marche va amener au Parlement un tombereau de nouveaux députés, souvent des femmes et souvent des novices en politique, avec un regard neuf.
Une responsabilité énorme, inouïe
En se faisant, l’électorat donne au président une responsabilité énorme, inouïe, qui oblige l’exécutif et le nouveau Parlement doté de la plupart des manettes, à mener au pas de charge les réformes que l’on attend depuis dix ans ; des réformes qui sont l’axe de son programme et le levier essentiel de son élection. Cette éventualité, même accompagnée de bémols a amené l’électeur à voter pour les candidats LREM, comme s’ils étaient attirés par un aimant.
Le message lancé est d’une grande limpidité : l’électorat souhaite la réussite d’Emmanuel Macron et lui en a donné les moyens.
Ce même électorat a accepté de mettre un mouchoir pudique sur les affaires (cf Ferrand qui devrait être réélu) pour parvenir à son but.
Il y avait jusqu’à présent, un tel ras-de-bol, une telle résignation que cette seule perpective a soulevé de manière totalement surprenante l’électorat, mettant en mouvement une vague inimaginable il y a seulement quelques mois.
Cartes sur table
Cela peut en apparence apparaître d’autant plus inattendu que dès le début, Emmanuel Macron a joué cartes sur table, en étant le seul candidat offensivement européen ; mais aussi celui qui déclarait qu’il voulait d’entrée remettre le couvert d’une manière encore plus approfondie sur une Loi Travail qui avait bien failli faire déraper le précédent exécutif. Et ce, en reprenant et en en accentuant des pans entiers qui avaient été abandonnés. Courageux, téméraire, inconscient, au point de provoquer un troisième tour social ?
Depuis le début de son étonnante chevauchée, engagée depuis un an seulement, le soldat Macron a su prouver qu’il était un bon, voire un excellent stratège. On imagine sans peine que sa stratégie à cet égard est déjà arrêtée, précisée, bordée. Et que celle-ci doit éviter la sortie de route.
Plus grande sera d’ailleurs la vague qui amènera les députés Macron à l’assemblée nationale, plus forte sera sa légitimité.
Une fois ce premier cap périlleux franchi, d’autres réformes se profileront en nombre : réforme de la formation et du système de gestion du chômage avec mise en place de la flexi-sécurité, réorganisation du système de santé, etc., etc. Il ne faudra pas que le rythme faiblisse.
Jamais chef de l’Etat n’aura eu à la fois les coudées aussi franches, mais aussi suscité une telle attente. Reste à espérer que les deux sauront converger…