Laurent Wauquiez réélu dans un fauteuil : et maintenant ?

C’est l’une des surprises du scrutin des élections régionales avec la forte abstention que les sondages n’avaient pas pronostiquée.

Laurent Wauquiez a été élu avec un score supérieur à celui annoncé par ces mêmes sondages. Dans la gué-guerre qu’il mène ou qu’il est censé mener en vue de son éventuelle désignation pour les prochaines élections présidentielles, c’est lui qui s’offre le meilleur score avec 55,3 % des suffrages, lors d’une triangulaire face à la Gauche/Ecologistes et le RN ; un score supérieur à celui de Xavier Bertrand (52,7 %, il s’agissait aussi d’une triangulaire) dans les Hauts-de-France et de Valérie Pécresse (45,1 %, il s’agissait, là, d’une quadrangulaire).

Avec 55,3 % des voix, Laurent Wauquiez est donc réélu dans un fauteuil.

Il va donc pouvoir appliquer le programme qu’il a décliné pendant la campagne.

Mais avant d’en rappeler les grandes lignes, aura-t-il le temps de le faire effectivement, sachant qu’il a des velléités présidentielles. Celles-ci restent sujettes à des nombreuses inconnues, mais il ne faut pas du tout l’éluder, connaissant l’homme politique Wauquiez.

N’a-t-il pas évoqué dans son discours de victoire, hier soir,  “ces Français qui attendent la reconstruction pour notre pays ».

Supposons qu’il passe son tour en 2022 ou qu’il a déjà dans sa tête un successeur, le programme développé pendant la campagne électorale n’est pas seulement celui de Laurent Wauquiez, mais celui de sa majorité.

En tête, la thématique martelée pendant la campagne électorale a été celle de la sécurité, alors qu’il ne s’agit pas d’une compétence régionale à proprement dite.

La sécurité d’abord

La région Auvergne-Rhône-Alpes peut néanmoins s’y employer à la marge, ce qu’a expliqué Laurent Wauquiez, exemples à la clef.

Cela se traduira par un recours accru à la vidéoprotection dans les villes, la région finançant pour partie les installations municipales, mais aussi dans les cars scolaires. Cela devrait se traduire aussi par la création d’une « brigade des lycées » et d’une augmentation de 50 % des effectifs sur le mandat de la “police de la SNCF”, dans les trains dont 30 % de plus dès la fin de cette année.

En projet également, la mise en place de “boutons d’urgence”, reliés aux centres de supervision urbains, proposés aux 130 000 commerçants de la région.

Il est évident que si Laurent Wauquiez a exploité pendant sa campagne le thème de la sécurité jusqu’à la corde, c’était pour couper l’herbe sour le pied du Rassemblement National. Opération réussie puisque celui-ci n’a pu qu’afficher, via Andrea Kotarac son leader que 11,3 % des suffrages à l’heure des résultats. Bien maigre.

Laurent Wauquiez a détaillé dans son discours de victoire la manière dont il a laminé le vote RN : “ Les terres de l’extrémisme sont celles qu’on lui abandonne quand on ne voit pas ce qui se passe dans le pays et quand on renonce à agir. Les Français sont exaspérés quand on ne réagit pas par rapport à ce qui dégrade la France. Les extrêmes ont reculé fortement dans notre région car nous ne leur laissons aucun terrain pour prospérer…”

Economie : “la préférence locale”

En matière d’économie, Laurent Wauquiez « croit dans la préférence locale. Je crois dans la relocalisation de nos entreprises. Je suis convaincu qu’il faut ramener la production dans notre territoire plutôt que d’importer ce qui vient de l’extérieur. C’est mieux pour l’emploi, c’est mieux pour l’environnement.”

Ainsi, parmi les autres nouveautés qui devraient surgir lors de ce deuxième mandat, les Auralpins devraient pouvoir placer leur épargne dans un fonds d’investissement régional, un fonds dit “souverain” dédié au financement des entreprises locales.

Ils pourront aussi effectuer leurs achats en ligne sur une plateforme de producteurs et fabricants locaux, là encore.

Les étudiants et retraités auront également accès à une mutuelle santé régionale, sur le modèle de celles déjà créées par des collectivités locales.

Il appelle de ses vœux une économie régionale prospère, bien sûr, mais une économie fonctionnant aux énergies décarbonées, à commencer par l’hydrogène, car il est désireux de faire de la région, celle qui est la plus active en Europe en la matière.

Trois milliards d’euros sur le ferroviaire

Pour accompagner ces transports décarbonés dont pour commencer certaines rames roulant à l’hydrogène, il entend investir pendant le prochain mandat 3 milliards d’euros sur le transport ferroviaire et notamment la mise en place d’un “RER à la lyonnaise” que tous les élus de la Métropole et au-delà appellent de leurs vœux. Une priorité pour beaucoup d’élus.

Toujours côté environnement, la qualité de l’air sera décrétée grande cause régionale. C’est l’une des questions auxquelles ses administrés sont les plus sensibles

Il a enfin parlé hier à l’heure du champagne de la victoire « des soirs où il fallait être capable de se remettre en question. Je n’ai pas oublié les leçons que j’en ai tirées. »

Traduction : j’ai fait quelques bêtises dans le passé (cf, ses propos à EmLyon, par exemple), mais j’apprends vite. Une manière d’exprimer en creux ses ambitions nationales…