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Le cours à EMLyon que Laurent Wauquiez risque de payer cash… à la Région aussi…

« Je vous parle cash » a expliqué Laurent Wauquiez lors de son cours aux étudiants d’EMLyon qui a occupé toute la dernière semaine politique, et a suscité de nombreuses critiques y compris, voire même surtout dans son propre camp, comme en témoigne de nouveaux départs de LR ; mais aussi dimanche soir les dernières déclarations de Jean-François Copé.

Sur le coup, le Medef et la CPME n’ont pas non plus trop digéré les propos du président de la Région, mais on peut parier que la collaboration ne s’interrompant pas pour autant, le Wauquiezgate sera vite oublié.

Avec le temps, si Laurent Wauquiez remet un peu d’eau dans son vin, les cicatrices pourront s’estomper rapidement.

Ce sera sans doute plus difficile et politiquement plus complexe à contrôler avec l’aile centriste de sa propre majorité du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, Modem et UDI.

Plus grave en effet : sans l’apport de ces 31 élus rassemblés à la Région sous la bannière des « Démocrates », Laurent Wauquiez perd se majorité.

Or, à l’occasion des remous médiatiques EMLyon, la majorité est de moins en moins soudée : le Modem et l’UDI ont décidé de prendre de plus en plus de champ par rapport au président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Une plus grande autonomie des centristes ?

Patrick Mignola, le leader Modem et l’UDI avait en effet signé avec Laurent Wauquiez un pacte de mandature, à condition que la politique nationale soit laissée à l’entrée de l’hôtel de région à Lyon-Confluence. Difficile en effet d’être Macroniste à Paris et LR version Wauquiez à Lyon.

Or, le cours hors norme de Laurent Wauquiez devant les étudiants d’EMLyon a, estiment les centristes, fait pour partie voler cette condition en éclat.

Au sein du groupe Modem au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui a fusionné avec l’UDI pour former donc « Les Démocrates », un certain nombre de voix plaident désormais avec insistance pour une prise de distance avec l’encombrant président des Républicains.

L’élue Modem du Puy-de-Dôme, Laurence Vichnievsky citée par le magazine Challenges n’exclut ainsi pas « que la situation évolue vers une plus grande autonomie » au cours des prochaines semaines. Les conseillers régionaux centristes pourraient choisir de retirer leur soutien à la droite… quitte à mettre Laurent Wauquiez en minorité sur le vote de certains textes.

Ce ne serait pas systématique. Mais assurément les centristes envisagent bien une prise d’autonomie leur permettant de jouer un rôle plus important, comme point de bascule de la majorité. Ce pourrait être aussi l’occasion pour Patrick Mignola de sortir enfin du bois et d’abandonner son rôle de supplétif pour s’affirmer.

Avec seulement 82 conseillers régionaux LR, Laurent Wauquiez ne peut contrôler l’assemblée régionale de 204 sièges sans l’apport des 31 élus centristes Modem et UDI. De quoi pousser le patron des Républicains à faire des concessions…

Le test de la réforme de l’apprentissage

En tout cas, le premier grand test sera constitué fin mars par le vote du texte sur la réforme de l’apprentissage.

Celui-ci doit viser la répartition des aides allouées par l’Etat aux régions dans son plan sur la formation.

Dans la seconde mouture du texte, les régions françaises ont obtenu le maintien du chèque de 250 millions d’euros pour les collectivités. Pour les élus Modem, la proposition doit être votée par l’assemblée régionale.

A cette occasion, ceux-ci pourraient reprendre leur autonomie face à leurs alliés de droite.

Que va faire à cette occasion Laurent Wauquiez ? Va-t-il voter une loi en faveur du Gouvernement au risque de perdre son image de pourfendeur du président de la République, ou va-t-il jouer l’apaisement et la modération ?

Ce scrutin sera en tout cas observé de très, très près, sachant tout-de-même que les choses si elles risquent d’être politiquement ennuyeuses pour Laurent Wauquiez ne pourraient guère remettre en cause sa mandature sur les sujets importants. Sachant qu’il n’existe pas de majorité alternative.

Mais on pourrait bien désormais s’attendre à quelques coups de canif de temps à autre au sein de la majorité régionale et ça, ce serait déjà une nouveauté…