Le lancement officiel des travaux de l’Hôtel-Dieu à Lyon avec Fleur Pellerin : surtout un coup de com’
Fleur Pellerin, ministre de la Cullture et de la Communication, invitée pour « le lancement officiel des travaux de Hôtel-Dieu » a eu droit vendredi 3 avril au tapis rouge et à une visite des lieux, le tout en présence de nombreuses personnalités du monde économique lyonnais…
L’affiche était effectivement alléchante car il suffit de visiter les lieux comme la ministre l’a fait pour se persuader très vite que ce site d’une étonnante richesse architecturale pourrait bien devenir le must touristique lyonnais de demain.
On sait que cet immense édifice qui recense dans ses murs cinq siècles d’histoire, bénéficie d’un dôme de toute beauté signé Soufflot, qu’il accueillera un hôtel « Intercontinental cinq étoiles » de 170 chambres, la future Cité de la gastronomie, un petit centre des congrès, de nombreux magasins, sept restaurants, etc.
Un site presque totalement ouvert au public
Fermé au public depuis la fin de la guerre (sauf si vous étiez malade), il constituera un lieu presque totalement ouvert au public : à cet effet, il sera percé de huit portes dont sept ouvertes à tous. Cet oasis de calme au cœur de la ville devrait drainer la grande foule et créer près de 400 emplois : près d’un millier pendant les quatre années de travaux.
Problème : dès le départ Gérard Collomb, maire de Lyon a fait le choix d’un investissement privé, refusant d’y investir : un petit peu tout de même, on le verra plus loin.
Or, si le projet a déjà pris beaucoup de retard, la raison tient aux problèmes de financement de ce dossier complexe. Ce projet privé, piloté par le promoteur Eiffage s’ébat au milieu d’un site pour une bonne partie classé aux monuments historiques, de surcroît inclus au sein même du périmètre lyonnais classé par l’Unesco.
Lors de la visite de Fleur Pellerin (au centre)-Photo D. Largeron
Le budget de l’ensemble s’établit à environ 250 millions d’euros ! Après quelques autres qui n’ont finalement pas donné suite, l’investisseur pressenti désormais est le Crédit Agricole Centre-Est. Pour ce faire, il s’appuie sur sa filiale nationale dédiée à l’immobilier et sur la société d’assurances de la Banque Verte.
Un dossier incroyablement complexe. « Le contrat d’assurances compte 3 000 pages », reconnaît Pierre Berger, le Pdg d’Eiffage et il reste encore quelques pages à rédiger…
Mais ce n’est pas tout. Car ce même montage financier présente quelques lacunes que la visite de la ministre de la Culture avait pour but de combler… en partie.
L’Etat se fait tirer l’oreille
Sur les 250 millions d’euros d’investissements, 55 millions concernent la partie classée de l’Hôtel-Dieu. Or, un ratio veut que l’Etat accompagne ce type de travaux avec des subventions de l’ordre de 40 % de l’investissement, soit en l’occurrence 20 millions.
Pierre Berger, le Pdg d’Eiffage fait les comptes. Ils n’y sont pas. Le ministère acceptait de mettre 5 millions d’euros sur la table. « Nous avons réussi à gratter de notre côté 5 millions sur les travaux. Il nous manque donc 10 millions d’euros », explique-t-il. Fleur Pellerin est apparemment venue à Lyon avec quelques millions supplémentaires, mais pas avec les dix millions manquants…
Seb parmi les mécènes ?
L’autre dossier financier qui reste à boucler est celui de la Cité de la Gastronomie. Son coût : 15 millions d’euros. La Ville de Lyon est prête à mettre près de 2 millions d’euros sur la table. Eiffage est d’accord pour accompagner au même niveau. Mais là encore, il manque une dizaine de millions d’euros.
« Nous sommes à la recherche d’une demi-douzaine de grands mécènes, plutôt de grandes entreprises agro-alimentaires » précise Pierre Berger. On évoque à cet égard le nom du régional de l’étape, en l’occurrence le leader du petit électro-ménager, Seb, basé à Ecully.
Ces entreprises devraient y trouver quelques avantages pécuniers : la Cité de la Gastronomie et le réseau national auquel elle appartiendra seront classés pour offrir la possibilité du mécénat et ses 60 % de réduction d’impôts.
En réalité, donc, ce qu’a inauguré Fleur Pellerin, ce n’est pas le lancement des travaux, mais leur préfiguration.
Le musée a disparu des plans
« Nous avons pris le risque de nous lancer dans les travaux préliminaires, les ouvrages de reconnaissance du terrain, les plans de détails… » explique Pierre Berger qui précise « Nous avons déjà investi près de 10 millions d’euros sur notre trésorerie. »
Mais pour aller plus loin, il faudra que le financement soit définitivement bouclé. D’ici quelques semaines, quelques mois ? Le dossier risque de traîner encore un peu. Pas trop espérons-le, si la livraison doit s’opérer comme prévu fin 2017 pour la première phase, et 2018 pour la totalité du chantier…
Une certitude, ce montage financier difficile a déjà fait une victime : le musée prévu sur le thème « nutrition et santé » qui a définitivement disparu des plans…