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Le naufrage d’Erai va coûter 10 M€ à la Région : une épine à Gauche, du pain bénit pour Laurent Wauquiez

Décidément Daniel Gouffé, le dernier président d’Erai aura coûté cher à la Région qui lui avait laissé à l’époque des coudées bien trop franches : 10 millions d’euros !

Une affaire qui remonte à 2015 et qui avait déjà fait les choux gras de la campagne des élections régionales de l’époque comme elle va sans nul doute les faire à nouveau, comme c’est parti, lors des nouvelles élections à venir, les 20 et 27 juin 2021.

Du pain bénit pour Laurent Wauquiez à deux mois des régionales : la chambre des procédures collectives du  tribunal judiciaire de Lyon vient de condamner la région Auvergne-Rhône-Alpes à verser 10 millions d’euros au liquidateur de l’ancienne agence économique Erai Entreprise Rhône-Alpes International.

La justice a retenu que la Région avait une responsabilité dans le déficit qu’avait creusé Erai.

Dans son exposé, le tribunal a, en effet, reconnu que le conseil régional, principal pourvoyeur financier et donneur d’ordres d’Erai, avait une part de responsabilité dans la gestion de cette agence créée dans les années 1980 pour aider les entreprises régionales à conquérir des marchés à l’international.

Pour les juges, la Région a ainsi “poursuivi une exploitation structurellement déficitaire pendant plusieurs années et maintenu artificiellement Erai en activité, ce qui constitue, non pas une simple négligence, compte tenu de la durée et de l’ampleur de cet état déficitaire, mais une faute de gestion ayant contribué à l’insuffisance d’actif dont elle doit être déclarée responsable”.

Difficile de faire plus clair.

Un jugement sans équivoque qui faisait suite à un rapport de la Chambre régionale des comptes qui pointait du doigt , de son côté, des conflits d’intérêt parmi les administrateurs et des rémunérations anormalement élevées.

Pourtant à l’origine, Erai était fort bien né, son géniteur ayant pour nom Alain Mérieux, alors premier vice-président du conseil régional de Rhône-Alpes.

C’était alors un bel exemple de service public proposé aux PME. Et ses premiers tours de roues se sont déroulés à la satisfaction de tous.

Subventionnée a minima à 60 % par la Région elle avait grossi, grossi, comptant jusqu’à 126 salariés, auxquels s’ajoutèrent 89 personnes employées dans les filiales, basées à l’étranger.

L’investissement chinois de trop

L’investissement de trop, alors que l’édifice était déjà vermoulu, fut l’investissement dans un pavillon de Rhône-Alpes pour l’Exposition universelle de Shanghai en 2010 d’un coût de… huit millions d’euros.

Un an plus tard, l’agence se retrouve en quasi cessation de paiement. Pour éviter l’impasse de liquidités, la Région lui attribue alors, en urgence, une avance remboursable de deux millions d’euros.

Ce fut ensuite une fuite en avant avec la multiplication d’antennes à l’étranger et la recherche à tout crin de ressources en dehors du conseil régional. Avec un explosion des coûts à la clef et le naufrage définitif en 2015 permettant de mettre enfin sur la table des comptes qui étaient loin d’être transparents.

Daniel Gouffé avait dû in fine se résigner à déclarer Erai en cessation de paiement. Trois jours plus tard le tribunal de grande instance de Lyon plaçait l’agence en redressement judiciaire…

On comprend dès lors pourquoi le tribunal se retourne vers le Conseil régional.

Une action en justice contre l’ancien exécutif

La gestion d’Erai était bancale dès l’origine en fait. La Région fournissait une grande partie de son budget, mais les administrateurs de l’exécutif régional, eux, ne participaient pas aux votes pour ne pas être accusés de gestion de fait.

Et lorsque la gestion d’Erai est devenu de plus en plus cahotique, personne n’a tapé du poing sur la table et obligé le président à l’origine de la dérive, à démissionner, avant qu’il ne soit trop tard.

Laurent Wauquiez, bientôt candidat à sa propre succession à la tête de la Région a donc beau jeu de stigmatiser l’ancien exécutif de Jean-Jacques Queyranne, assurant que “cette affaire est écœurante, c’est un scandale financier”, évoquant “une incapacité coupable.”

Il a également beau jeu a-t-il expliqué, jeudi avril, en marge de l’assemblée plénière “d’intenter une action en justice contre l’ancien exécutif : ce n’est pas au contribuable de régler la facture : nous ne voulons pas faire un chèque pour solder la dérive de l’ancien exécutif !”

Reste la question d’un action juridique qui risque par ailleurs de durer : qui, in fine, va payer les 10 millions réclamés par la justice..?