Le plan logement du gouvernement déçoit fortement les professionnels : le choix d’une baisse accélérée des prix…
« Nous nous attendions à des mauvaises nouvelles, nous sommes servis ! Le gouvernement par ces annonces souhaite la mort du secteur de la construction neuve et des milliers d’entreprises qui au quotidien participent à la création de lieux de vie pour nos concitoyens ! La casse sociale sera d’envergure », lance dépité, Damien Hereng, le président de la FFC, la Fédération Française des constructeurs des maisons individuelles.
Telle est l’une des réactions-vives- à l’énoncé, le 5 juin dernier, par la première ministre Elisabeth Borne du plan du gouvernement pour relancer le logement en France qui pique actuellement sérieusement du nez.
Les autres interventions des professionnels sont à l’aune de ce quasi cri de désespoir.
Le gouvernement aurait-il décidé de sacrifier le logement en France qui est en train d’entrer dans une crise ? Oui, puisque les deux mesures phares qui étaient attendues ne sont pas reconduites. Le dispositif Pinel qui permettait aux investisseurs de bénéficier d’avantage fiscaux en construisant des logements destinés à la location ne sera pas reconduit (*).
Le PTZ, le Prêt à taux zéro destiné aux primo-accédants est lui aussi beaucoup plus sévèrement encadré et désormais réservé aux seules zones tendues, d’où le cri de désespoir ci-dessus des constructeurs de maisons individuelles dont les clients n’en bénéficieront pas.
L’aide au logement va donc se faire a minima : c’est le choix de la baisse des prix que vient en fait d’entériner le gouvernement.
Dans son analyse, les différents aides qui pèsent lourd dans les finances de l’Etat ont un effet inflationniste. Supprimer les aides devrait aider à voir les prix du logement baisser et in fine de retrouver un équilibre qui est susceptible de permettre aux primo-accédants de retrouver des marges de manœuvre.
Changement de cap
Tel est le calcul de l’exécutif qui a la forme d’un sacré pari qui augure de sérieuses difficultés dans le secteur de la construction. Un vrai changement de cap.
En fait, ce changement de cap avait déjà été annoncé par Emmanuel Macron lui-même , ce qui était passé sous les radars: « la politique du logement est un système de sur-dépenses publiques pour de l’inefficacité collective, dans un secteur où l’on finance l’offre, l’investissement et la demande », avait alors déclaré le chef de l’Etat. Et d’ajouter : « alors que malgré tout, on produit moins et c’est plutôt plus cher qu’ailleurs ! » La messe était dite.
Cela signifie que la baisse des prix déjà engagée va désormais s’accélérer.
Il est vrai que le constat est là, l’argent facile, les crédits pas chers ont provoquée une multiplication des prix par trois à Lyon, depuis la dernière crise immobilière en date, celle de 1990.
Une note du groupe de réflexion Terra Nova montre ainsi qu’en l’espace de 40 ans, le taux de propriétaires parmi les jeunes ménages modestes a été divisé par deux.
Bref, sans le dire, c’est une baisse des prix rapide et substantielle qu’appelle le gouvernement, espérant un rééquilibrage.
« Un creux de dix ans » qui s’annonce
Un changement profond de cap qui illustre la fin du « quoi qu’il en coûte » et la volonté de rééquilibrage des finances publiques, en économisant des aides à la pierre qui s’établissent en milliards d’euros.
Le salut de l’immobilier pour les professionnels passera désormais pour une bonne part dans la rénovation sous la poussée des économies énergétiques indispensables pour répondre au défi climatique et de la fin des passoires thermiques. On le sait dans domaine, les besoins sont énormes.
Pas de doute, en tout cas, selon l’essayiste Robin Rivaton à la tête d’une société de gestion d’actifs dans l’immobilier, cité par les Echos : « Nous sommes partis pour un creux d’une dizaine d’années dans l’immobilier »…
(*) En Pinel, l’investisseur bénéficie d’une réduction d’impôts pouvant aller jusqu’à 63 000 € sur 12 ans.