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Législatives : et si le nouveau Front Populaire l’emportait…

Ce n’est pas l’hypothèse la plus favorable, mais au regard de la dissolution également surprise de 1997 opérée par Jacques Chirac et de l’avis du politologue lyonnais Daniel Navrot, il ne faut pas du tout l’exclure. Avec quelles conséquences ? 50 milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Dès l’été…

1997, c’est l’année de de la dissolution surprise de l’assemblée nationale par Jacques Chirac. Incompréhensible à l’époque car il avait la majorité. « J’ai acquis la conviction qu’il faut redonner la parole à notre peuple afin qu’il se prononce clairement » , avait-il alors expliqué. Des mots qui ressemblent à ceux qu’a employé Emmanuel Macron lors de l’annonce la dissolution de l’assemblée le soir même des résultats des Européennes.

Jacques Chirac n’avait alors pas été déçu ! Alors qu’aux précédentes élections, la gauche avait obtenu 32 %, ce fut en 1997 un raz-de-marée de « la gauche plurielle » qui fait écho au « nouveau front Populaire » : avec comme résultat à l’issue du 2ème tour un vote à 55 % avec une majorité de gauche et une cohabitation avec Lionel Jospin au gouvernement.

Pour comparaison, aux Européennes de dimanche dernier, la gauche tous partis confondus a rassemblé 31 % des voix.

La « gauche plurielle » qui rassemblait alors des socialistes, des radicaux, des écologistes et des communistes, obtient à l’issue du vote, en 1997, 319 sièges…

Le retour d’un tel scénario n‘est pas exclu par le politologue lyonnais Daniel Navrot.

Intervenant sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes, et en compilant les chiffres des Européennes, il explique : « les débats en vue des prochaines législatives anticipées porteront sur les thèmes chers à l’extrême droite. «

Mais, d’ajouter :  « Pour les élections européennes, on se polarise sur les scores du RN, mais ils étaient attendus. Mais pour les législatives anticipées, on ne peut pas écarter l’hypothèse d’une union des gauches qui pourrait créer la surprise ».

Et d’assurer : «  La surprise pourrait venir de là, car le bloc du centre ou les LR auront beaucoup de difficultés à exister dans ces élections. »

Le fait que seuls pourront se maintenir au 2ème tour les candidats ayant obtenu 12,50 % des inscrits élimine les listes qui feront des scores moyens ou petits et favorise les coalitions, comme le nouveau Front Populaire.

Partons de cette hypothèse d’une victoire de la gauche. Quelles conséquences ?

Si la gauche arrive au pouvoir, à l’issue des législatives anticipées, elle promet de revenir illico presto sur les baisses d’impôts massives des dernières années. Le programme du Front populaire, rendu public vendredi dernier, prévoit ainsi de supprimer la plupart des mesures fiscales emblématiques de l’ère Macron : la réforme de l’ISF, l’allègement du barème de l’impôt sur le revenu, l’instauration de la « flat tax »…

Selon les calculs effectués par notre confrère Les Echos, la facture s’établirait à près de 50 milliards d’euros d’impôts supplémentaire, dès l’été.

Soit bien plus que les 30 milliards votés en 2012 à l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Et rappel : à l’époque, l’objectif était de revenir sous les 3 % de déficit.

En tête des nouveaux prélèvements viendrait une réforme de la taxation de l’héritage (estimée à 17 milliards par la Nupes en 2022).

Alourdir l’impôt sur les successions est certes très impopulaire, mais la gauche assure que sa refonte ménagerait les petits héritages et ne renforcerait que la fiscalité des plus gros patrimoines.

La flat tax, mais aussi l’ISF referaient donc leur apparition, de même qu’un nouveau barème d’imposition de l’impôt sur le revenu, alourdissant les tranches les plus élevées.

Des mesures qui avec le Smic qui passerait à 1 600 euros provoquent une grosse inquiétude chez les chefs d’entreprises, relayée par la CPME et le Medef.

Si le scénario d’une assemblée nationale rendue à nouveau ingouvernable est sans doute le plus probable, cette dernière hypothèse d’une gauche arrivant au gouvernement n’est assurément pas à exclure ; de même d’ailleurs que celui qui verrait le Rassemblement national avoir une majorité à lui seul.

Des hypothèses qui illustrent la forte incertitude de ce scrutin des 30 juin et du 7 juillet. Tout peut arriver…