Les ambitions de Laurent le Numérique
Dès que pointe le Numérique, l’emphase arrive très vite dans la bouche de Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Assurément au côté de Juliette Jarry, sa jeune vice-présidente chargée-entre autres- de ce domaine, il a manifestement décidé de faire du Numérique un axe majeur et bien visible de sa présidence, lui apportant de surcroît une onction de modernité.
« Je veux faire d’Auvergne-Rhône-Alpes, une Silicon Valley d’Europe ! » a-t-il une nouvelle fois lancé lundi lors du premier Digital Summit se déroulant dans le cadre de l’hôtel de région à Confluence. Rien de moins !
Rhône-Alpes, seulement 15ème région pour le PIB numérique…
Certes, la région a des atouts, c’est la deuxième région de France en termes d’emplois liés au Numérique-125 000 en l’occurrence- les start-up pullulent ; mais la concurrence entre régions européennes sur ce créneau est vive, très vive. D’autres régions sont bien devant Rhône-Alpes.
Selon Jean-Michel Bérard, le président du Cluster Numérique, lui-même, « en matière de Numérique la région est encore loin de peser le poids qui devrait être le sien, vu son PIB.
D’après Eurostat, Auvergne-Rhône-Alpes est seulement la …15ème région pour le PIB numérique… »
Il y a donc encore beaucoup de chemin à parcourir…
Pour appuyer son ambition numérique, sitôt élu, le président de la région, avait annoncé le lancement d’un grand « Campus du Numérique » sur les onze hectares de l’ancien siège de la Région à Charbonnières.
Or, lundi 30 janvier, au côté de Xavier Niel, Laurent Wauquiez a annoncé un partenariat avec ce dernier, destiné à se dérouler, non pas dans l’ouest lyonnais, mais…à Confluence, dans un immeuble situé face à la région où sera décliné le même concept que l’Ecole 42 à Paris avec un succès reconnu par la profession.
3 400 m2, 300 élèves…à Confluence…
Dans cet immeuble situé au cœur du nouveau quartier lyonnais, le patron de Free va mettre à disposition de la région les logiciels et le savoir-faire de l’Ecole pour former, sur 3 400 m2, des « codeurs » dont le besoin est estimé pour la seule région Auvergne-Rhône-Alpes à 8 000. Effectifs prévus : 300 élèves.
« Ils seront choisis en fonction de leur motivation, pas du tout sur diplômes. Ce métier de codeur est une formidable opportunité pour des jeunes sans aucun diplôme pour leur permettre de trouver à coup sûr un métier bien payé, même s’ils ont quitté l’école à quatorze ans », s’enthousiasme Xavier Niel.
L’Ecole 42 version lyonnaise dans laquelle la région va investir 3 millions d’euros par an, en locaux, matériels et soutiens pédagogiques, est parfaitement atypique. Au total, tout compris, ce plan formation numérique devrait coûter 5 millions d’euros à la région.
Chaque élève de l’Ecole 42 bis avancera à son rythme. « Certains arrivent en un seul mois au niveau qu’atteint un BTS au bout d’un an, en matière de codage », s’étonne encore le patron de Free. Une Ecole, de surcroît gratuite : elle ouvrira ses portes en septembre prochain.
Le Campus du Numérique à Charbonnières en 2020
Alors pourquoi la Confluence et non pas à Charbonnières ?
« Non, nous n’avons pas du tout abandonné l’idée de créer là bas un grand Campus du Numérique. Mais avec la lourdeur de la procédure, la lenteur des appels d’offres, nous ne pouvions pas ouvrir ce Campus, avant 2020. Et nous voulions démarrer au plus vite… », précise Laurent Wauquiez.
L’Ecole 42, version Confluence, serait donc une forme de préfiguration d’un Campus qui dixit Laurent Wauquiez, « accueillera bien d’autres écoles de formation de l’univers digital ». Le tout étant accompagné de campus décentralisés et labellisés : à Grenoble, à Saint-Etienne, etc.
Un Campus destiné également à servir de base de ressources à la digitalisation des entreprises et notamment à celle de l’industrie, sachant que Rhône-Alpes, comme première région industrielle de France, est à cet égard en première ligne.
Bref, l’objectif est toujours en ligne de mire, mais pour l’heure la grande ambition est repoussée à plus tard.
La présence de Xavier Niel et le lancement de l’Ecole 42 à Lyon permet donc à Laurent Wauquiez d’afficher et de faire patienter. Mais il ne faudrait pas qu’à l’arrivée, l’ambition déclamée se révèle décevante et insuffisante face aux importantes attentes suscitées…