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« Les classes moyennes écrasées » : le rapport qui confirme la baisse du pouvoir d’achat

Pourquoi cette flambée du populisme ? Ce n’est pas seulement la conséquence de la crise économique de 2008 : ses racines apparaissent plus profondes.

 Nos sociétés occidentales se sont appuyé depuis la fin de la dernière guerre sur une classe moyenne qui n’a cessé de s’élargir et de prospérer.

 Or, nous vivons désormais le phénomène inverse.

 Selon un rapport de l’OCDE (*), le pouvoir d’achat des classes moyennes s’est réduit, ces trente dernières années, dans tous les pays occidentaux.

 Leur poids dans la population s’est aussi rétréci, sauf en France.

 La raison de cette dégradation : des dépenses de logement, de santé et d’éducation qui grimpent représentant un tiers des dépenses contre un quart dans les années 90. La crise des Gilets Jaunes en témoigne d’ailleurs largement.

Les Gilets Jaunes, un symptôme

Le titre choc pour une étude : « Les classes moyennes écrasées »… Le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, qui la présentait mercredi à New York, en a remis une couche : « Aujourd’hui, la classe moyenne ressemble de plus en plus à un bateau qui naviguerait en eaux troubles »…

 Dans ce rapport intitulé l’OCDE tire la sonnette d’alarme.

 « Les classes moyennes sont un pilier fondamental de nos sociétés, de nos démocraties », a rajouté Angel Gurria, en préambule de la présentation du rapport. Ce rapport est précise-t-il« un appel urgent à l’action. »

 Mais d’abord qu’appelle-t-on précisément classes moyennes ?

 L’OCDE considère comme classes moyennes les foyers dont les revenus sont compris entre 75 % et 200 % du revenu médian national.

 Ces classes moyennes représentent 61 % de la population des trente-six pays de l’OCDE, contre 64 % en 1985, avec de fortes disparités : près de la moitié de la population dans des pays comme le Chili ou le Mexique, et jusqu’à 70 % aux Etats-Unis ou en Israël.

 En France la classe moyenne a un revenu compris de 16 000 euros à 43 000 euros pour une personne en 2016. Un Hexagone par ailleurs où son poids a progressé ces trente dernières années, pour s’établir à 68 % de la population.

C’est le seul pays de l’Union Européenne dans cette situation avec l’Irlande.

Erosion du pouvoir d’achat sur trente ans

 Selon les chiffres de l’Organisation internationale, les revenus des membres des classes moyennes ont progressé ces dix dernières années, mais nettement moins (d’un tiers) que ceux des 10 % les plus riches, et moins que l’augmentation de leurs dépenses.

Circonstance aggravante, c’est l’avenir des classes moyennes, en l’occurrence les plus jeunes qui sont les plus fragilisés : la proportion de 20-30 ans appartenant aux classes moyennes, qui était de près de 70 % il y a trente ans, a chuté à… 60 %.

 C’est le sentiment ou le risque de déclassement qui nourrit le populisme.

 « Auparavant, lorsqu’on entrait dans les classes moyennes, il y avait une certaine stabilité. Aujourd’hui, on peut très vite être déclassé, si on perd son emploi », confirme Stefano Scarpetta, économiste de l’OCDE, cité par Les Echos.

 Cette incertitude est renforcée par l’automatisation, qui menace de détruire une partie des emplois. Certaines économies, comme l’Allemagne, plus industrielle, sont d’ailleurs particulièrement menacées.

 Que faire alors pour lutter contre ce déclin des classes moyennes qui sape nos démocraties ?

Le rapport de l’OCDE esquisse deux pistes.

 L’un des meilleurs moyens de lutter passerait ainsi par un grand plan d’investissement, à l’échelle mondiale, pour l’éducation et la formation.

 L’OCDE recommande aussi des réformes afin de taxer davantage le capital, la propriété et les successions, et  moins les revenus, tout en rendant les impôts sur le revenu plus progressifs et équitables.

 Un rapport, en tout cas, qui tombe à pic dans l’actuelle restitution du Grand Débat National.

 (*) L’OCDE est l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques. Son siège est basé à Paris : c’est une organisation internationale d’études économiques, dont les pays membres-des pays développés pour la plupart-ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché.