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Les entreprises zombies prises à la gorge à la rentrée de septembre ?

En matière économique il y a rarement de miracle.

Suite aux aides de l’Etat et à l’inondation de liquidités vers les entreprises à travers les Prêts Garantis par l’Etat, les désormais fameux PGE de la crise, les faillites des entreprises ont été en recul de 40 % au niveau national et de 37 % au niveau du tribunal de commerce de Lyon, l’année dernière, l’année de la pandémie.

Il existe un vrai risque de retour de boomerang. Ces faillites qui n’ont pas eu cours l’année dernière vont-elles survenir dès que l’Etat débranchera le “quoiqu’il en coûte”. C’est ce que l’on peut craindre.

“On peut s’attendre en 2021 à un niveau de défaillance très élevé, cumulant le nombre de défaillances naturelles avec le rattrapage de 2020 dû aux impacts de la pandémie”, avait ainsi estimé Thierry Gardon, le président du tribunal de commerce de Lyon, lors du bilan de sa juridiction en début d’année.

Sa plus forte inquiétude et celle des juges consulaires porte sur les PME et les micro-entreprises, qui présentent les plus grands risques de liquidation et dont “les défaillances sont bien moins médiatisées que celles des grandes entreprises ou des ETI”.

Une crainte également vive chez Marc Sanchez, le secrétaire général du Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI), s’appuyant sur sa dernière enquête Covid-TPE.

Un tiers des TPE auraient consommé leur PGE

Il constatait ainsi que près d’un tiers des TPE avaient consommé l’intégralité de leur PGE à mars 2021.

“Comme prévu au contrat, les chefs d’entreprises se sont positionnés au mois de janvier 2021 auprès de leur établissement bancaire en vue de définir leur choix quant aux modalités de remboursement de leur PGE à échéance de mars et avril 2021”, explique-t-il..

Et d’ajouter : “ Ceux qui n’étaient pas informés du report de droit d’une année (première échéance en mars-avril 2022) et ceux qui ont opté volontairement pour une échéance en mars-avril 2021, se retrouvent désormais piégés par cette charge supplémentaire dans un contexte de nouveau confinement, au moins jusqu’au 15 mai prochain.”

Ainsi, pour Marc Sanchez : « Les TPE sommées de commencer le remboursement de leur PGE en pleine troisième vague de la pandémie de Covid se trouvent en situation particulièrement délicate. Les pouvoirs publics, en lien avec les établissements bancaires, doivent impérativement autoriser ces entreprises à lever l’option du report de paiement d’une année, ce dont toutes les TPE n’étaient au demeurant pas informées par leur conseiller bancaire.”

D’où le différé d’un an supplémentaire rendu possible reportant l’échéance à mars 2022. Sous la pression de Bercy, la fédération bancaire française (FBF) a ainsi précisé que « les banques s’engagent à accepter systématiquement toute demande de décalage d’un an supplémentaire de l’amortissement du capital du PGE ». Or, 40 % de ces prêts ont été souscrits par des très petites entreprises (TPE), souvent les plus fragiles car moins capitalisées que leurs grandes sœurs les PME ou les grandes entreprises.

Parmi celles-ci, un certain nombre d’entreprise, passé ce cap difficile réussiront sans doute à survivre. D’autres, les plus fragiles, non viables, maintenues artificiellement en vie grâce aux aides massives de l’Etat depuis le début de la crise Covid, sont appelées « zombies ».

Ce sont elles qui risquent de disparaître avec la reprise.

D’après plusieurs études, cette disparition des “entreprises zombies” pourrait constituer même un risque majeur pour notre économie en 2021.

Fonds de solidarité des entreprises, prêts garantis par l’Etat (PGE), reports des dettes fiscales et social : l’État a en effet débloqué la bagatelle de 155 milliards d’aides en 2020.

L’exécutif a dû agir vite et verser des aides au plus grand nombre et donc peu sélectives.

Quand ces aides s’arrêteront, bon nombre d’entreprises sous respirateur artificiel public, risquent la défaillance.

Le problème est qu’elles pourraient être fort nombreuses.

15 % d’entreprises zombies

Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), la proportion de ces entreprises dites « zombies » atteindrait désormais 15 % dans quatorze pays aux économies avancées.

La Banque centrale européenne vient aussi de tirer la sonnette d’alarme car, selon elle, 6 % de ces entreprises risquent la faillite dès que le gouvernement stoppera ces aides.

Pour l’instant, les respirateurs artificiels économiques sont encore branchés.

Dès qu’ils seront débranchés, les tribunaux de commerces risquent de se retrouver avec une avalanche de procédures collectives. A moins que ce retour à la normale se fasse par paliers, ce qui permettrait de lisser le problème.

Certes dans un cadre économique normal, l’existence d’entreprises zombies fausse le marché dont l’existence s’avère déloyale vis-à-vis des autres entreprises, plus saines.

Reste que des faillites en cascade provoqueraient une déferlante sociale à éviter absolument.

Qui plus est, on sera alors à moins d’un an des élections présidentielles…