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Les femmes et l’entreprise : toujours ce satané plafond de verre…

A l’heure où l’on fête comme chaque année le 8 mars la Journée de la Femme, le même constat récurrent doit être tiré : la femme n’a pas dans l’entreprise la présence qui devrait être la sienne.

Où que l’on se tourne, dès que l’on monte dans la hiérarchie, sa place se fait de plus en plus discrète, voire même se transforme en absence totale.

Si vous prenez les cinquante plus grosses sociétés cotées en Bourse de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de Seb à April ou Adocia, en passant par Boiron, pas une femme à la tête d’une de ces sociétés qui pourtant pour la plupart ne sont que des PME ou des ETI. On sait qu’il en est de même au sein du CAC 40 : absence totale, là encore.

Faites un petit exercice : essayez de citer les pédégères ou les présidentes de directoire qui font l’actualité dans le monde économique de la métropole lyonnaise, deux viennent spontanément à l’esprit : Stéphanie Paix et Isabelle Bourgade, deux banquières, respectivement patronnes de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes et du CIC/Lyonnaise de Banque. On pourrait y ajouter Sylvie Guinard, une capitaine d’industrie, patronne de Thimmonier, mais la liste se tarit vite.

Toutes les raisons ont été depuis longtemps mises sur la table pour expliquer ce phénomène qui tend à perdurer : machisme qui ne dit pas toujours son nom, bien évident d’un monde dominé par des hommes, maternités, manque de confiance des femmes en elles-mêmes qui ne croient pas toujours en leurs chances d’accéder aux plus hautes responsabilités, etc.

La loi des 40 % en passe d’être respectée

C’est la raison pour laquelle la mise en place de la discrimination positive quoi qu’on en dise constitue une partie de la solution.

En témoigne l’obligation des 40 % de femmes au sein des conseils d’administration des sociétés de plus de 500 salariés et de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires qui, si elle a été longue à mettre en œuvre, a porté ses fruits.

A fin 2016, le nombre de femmes administrateurs atteignait 38,4 %. Le délai étant fixé à fin 2017, l’objectif alloué par la loi devrait donc être atteint. Ça marche…à la contrainte : il faut savoir que le législateur a décidé de suspendre les jetons de présence des administrateurs des CA qui ne seraient pas dans les clous. Efficace…

On sait bien, toutes les études l’ont prouvé que se séparer de la moitié de l’humanité au sein des instances dirigeantes de l’entreprise n’est non seulement pas satisfaisant sur le plan de l’égalité homme/femme, mais constitue tout simplement une perte d’efficacité sur le simple plan économique.

Les entreprises où à tous les niveaux, jusqu’au sommet, règne l’égalité homme/femme figurent parmi les plus performantes. Celles dirigées par des femmes sont très légèrement plus rentables selon une étude. Logique : la moitié des consommateurs dans le monde sont des consommatrices et ce sont le plus souvent ces dernières qui sont prescriptrices.

Auvergne-Rhône-Alpes, un peu mieux lotie

On note à cet égard, ce que montre une étude réalisée par le site spécialisé dans l’emploi, Qapa, que la région Auvergne Rhône-Alpes est un peu moins mal lotie en la matière que les autres en matière d’égalité hommes/femme, côté salaires, cette fois…

La disparité des salaires entre les hommes et les femmes de la région, si elle s’établit encore à 17 %, elle figure parmi les moins importantes de France.

Est-ce pour cette raison que cette même enquête montre que 57 % des femmes ne veulent travailler que dans trois régions seulement : l’Ile-de-France (29 %), Auvergne-Rhône-Alpes (18 %) et la Provence-Alpes-Côte-D’azur (10 %) ; trois régions qui sont sélectionnées par les femmes comme destinations professionnelles privilégiées.

 Une certitude : ce plafond de verre ne sera pas seulement brisé à l’échelon national par des lois édictées à l’Assemblée Nationale, si bonnes soient elles. Il doit être combattu sur le terrain, à l’échelon local.

 Certaines professions comme l’informatique à travers le Cluster Numérique sont en train de partir à la bataille. Les associations de femmes chefs d’entreprises sont nombreuses et actives à Lyon. Mais il serait bon que de nombreuses autres initiatives se fasse jour, que la société civile prenne enfin le problème à bras-de-corps !

Dominique Largeron