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Les investisseurs extérieurs ne sont plus recherchés :  la Métropole lyonnaise joue la carte de la “souveraineté”

L’intitulé du Plan Pluri-annuel d’investissements (PPI) qui indique la direction qu’entend suivre durant toute la durée du mandat le nouvel exécutif vert/gauche à la tête de la Métropole lyonnaise, illustre bien son ambition. Sur la jaquette, on lit : “ “Relance écologique et solidaire”.

La précédente PPI de l’ère Collomb avait été votée à une quasi unanimité (moins 2 voix). Cette fois, seules les troupes de la majorité l’ont voté lundi 25 janvier. L’opposition est montée au créneau, Gérard Collomb en tête, dénonçant le “ grand flou” entourant cette PPI.

Il faut reconnaître qu’elle illustre un brutal changement de cap. L’Aderly (Agence de développement de la région de Lyon) peut se faire du mouron : moins que jamais la priorité est à rechercher les entreprises les plus performantes de la planète pour qu’elles s’implantent sur la Métropole et créent des emplois, une course permanente qui était mise en avant en permanence par Gérard Collomb, puis David Kimelfeld, avec chaque année de nouvelles “prises” fêtées.

Cette fois, Emeline Beaume, vice-présidente chargée de l’Economie à la Métropole met bien les points sur les “i”. “Notre ambition est de desserrer l’étau sur notre métropole, ce n’est pas d’attirer les entreprises de l’extérieur.”

Et de préciser qu’il s’agit avant tout “d’accompagner les créatrices et les créateurs d’entreprise de la Métropole” dont le nombre, précise-t-elle a d’ailleurs augmenté en 2020, malgré la crise : “notre objectif est d’agir ici”, mettant en avant “la souveraineté métropolitaine”.

Dans cette optique, deux nouvelles pépinières d’entreprises verront le jour sur le sol métropolitain, plus précisément dans l’Est lyonnais, indique le PPI.

La confirmation donc de cette volonté de “décentrer la zone centre, c’est-à-dire Lyon et Villeurbanne, et donner les moyens aux territoires périphériques d’être attractifs, au-delà même de la Métropole”, avait déjà été mise en avant par l’exécutif.

L’autre vecteur de l’internationalisation de Lyon est aussi constitué par la présence en nombre de congrès et de salons internationaux. Dans de précédentes interventions, la vice-présidente à l’économie avait à plusieurs reprises indiqué sa volonté de “se poser la question de leur pertinence et de leur impact sur leur territoire.” Lorsque l’événementiel reprendra son cours, le paysage sera sans doute transformé pour longtemps…

Que sera donc ce Plan ?

Maintenant que l’on sait ce que n’est pas ce Plan Pluri-Annuel d’Investissements 2021/2026, quel sera-t-il, en réalité ?

Le point de départ, comme son intitulé l’indique est de prendre tous les projets par le prisme de l’impact environnemental, auquel s’est ajouté avec la crise, l’impact social.

Dans ces deux domaines, les projets sont nombreux.

Malgré le coup d’arrêt donné à la priorté de l’attractivité extérieure au bénéfice d’une politique endogène, les chefs d’entreprises pourront tout-de-même constater que les investissements augmenteront de 12 %, par rapport à la précédente PPI. Sur les 3,6 milliards d’euros d’investissements qui y sont programmés, dès 2021, 650 millions sont fléchés comme investissements “pour accélérer la relance”, précise Bruno Bernard, le président de la Métropole.

Le BTP devrait en profiter avec l’objectif affiché de 6 000 logements sociaux et une politique importante en matière foncière pour faire baisser la pression des prix.

Doublement des investissements du Sytral

Le doublement des investissements du Sytral (à 2,5 milliards d’euros) avec notamment la création de 25 km de lignes de tramway supplémentaires devrait aussi permettre de multiplier les chantiers, tout comme la multiplication des pistes cyclables, ainsi que la création d’un Réseau Express Vélo, en quelques sorte, un réseau d’autoroutes cyclables pour se déplacer sur l’ensemble de la Métropole.

En phase avec la politique gouvernementale, pour baisser la pollution de l’air et dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, “au-delà du disposif éco-Renov, un plan ambitieux de rénovation du bâti métropolitain” sera lancé. Le tout bien sûr en accompagnement de “la végétalisation de la Métropole” et de la création” de treize prairies qui ont été ensemencées sur des friches à l’automne pour aider les pollinisateurs à survivre”….

Bref, les Verts et la gauche déroulent une politique verte et sociale, en toute logique et selon leur programme, rien de surprenant. Quel sera l’impact sur la vie économique de la Métropole de ce changement profond de cap ? Pour l’instant, c’est bien le “flou” qui prédomine…