L’OL déballe le linge sale : quand l’administrateur et président d’honneur Jean-Michel Aulas se retourne contre son propre club
C’était l’affiche de Ligue 1 du week-end, d’ordinaire apte à transcender les supporters OL/PSG. Sans surprise, le PSG a battu dimanche les Lyonnais et sévèrement (1-4), ce qui ne constitue que la troisième défaite du club depuis le début du championnat. Il pointe à la 18ème et dernière place de la Ligue 1...
Rien ne va plus à l’OL. Ni sur le terrain où à terme s’il continue à ce rythme le club lyonnais pourrait se retrouver dans la même situation que son adversaire préféré, l’ASSE : en 2ème division ; ni dans les étages de la direction où l’on se déchire tout autant.
Et ce, depuis que l’homme qui a relancé le club et l’a dirigé pendant 37 ans s’est retourné contre celui qu’il était allé chercher pour lui succéder comme 1er actionnaire du Club, John Textor.
Il y a eu d’abord l’épisode de la DNCG (le gendarme financier des clubs) avec un encadrement des comptes de l’OL qui a pesé sur la qualité du mercato du Club à la recherche de nouvelles grandes pointures pour éviter le scénario catastrophe sur le terrain.
Et dernier épisode en date, Jean-Michel Aulas qui est pourtant toujours administrateur du Club lyonnais (avec près de 9 % des actions) et président d’honneur s’est retourné contre son propre club, via une procédure judiciaire pour récupérer 14,5 millions d’euros. Tout en l’assurant : « Mon cœur pleure pour l’OL »…
Explication : à l’initiative de Jean-Michel Aulas, une saisine du tribunal de commerce a été mise en œuvre pour bloquer les comptes du club qui lui doit de l’argent, le tout assorti d’une menace de plainte en diffamation contre John Textor qui l’accuse d’avoir dissimulé la réalité des comptes lors de la cession : bref, tout cela est en train de ressembler à un grand déballage de linge sale.
Jean-Michel Aulas argumente face aux médias : « Bien sûr c’est triste mais ce n’est pas contre le club mais contre celui qui l’a racheté, John Textor avec Eagle. Je ne peux pas faire de mal à cette institution, par contre il faut que les gens qui se sont engagés à racheter des titres tiennent leurs engagements », expliquant que les comptes du club ne sont plus bloqués et qu’il a « simplement demandé la garantie et le nantissement des actions (les titres nantis servent de garantie, ndlr) ».
Et d’enfoncer le clou : « On n’avait pas d’autre choix, à partir du moment où il ne nous paie pas ! »
Santiago Cucci qui a remplacé Jean-Michel Aulas comme président exécutif du Club n’entend pas céder et ne veut donc pas payer.
Il explique de son côté pourquoi l’actuelle direction du Club est intransigeante : « quand quelqu’un saisit les comptes du club, on est clairement dans des agissements contre les intérêts du club. On estime qu’en ayant rompu ces deux clauses, il n’est pas éligible, non pas à une dette mais à cet engagement d’OL Groupe de racheter 3 % du capital qu’il détenait. Cerise sur le gâteau, techniquement cette opération, ce rachat d’actions, ne peut avoir lieu car la majorité des créanciers l’a rejeté. Comme il est administrateur du groupe, il est parfaitement au courant de cela.
On ne peut pas faire cette opération », scande l’actuel patron de l’OL.
Bref, on va manifestement vers de nouvelles actions en justice, personne ne voulant céder.
Dramatique pour l’avenir du Club ?
Il ne s’agit pas assurément d’une situation apte à créer un vrai dynamisme en ce début de saison, c’est le moins que l’on puisse dire ! Même si Santiago Cucci assure que « la vie du club continue, l’OL est solvable. Il a juste été perturbé grandement durant cinq à six jours. »
Et ce, avant de tacler une dernière fois Jean-Michel Aulas: « On peut être en désaccord, mais on ne peut pas faire passer ses intérêts personnels avant ceux du club dont il se plaît à rappeler qu’il est administrateur et président d’honneur. Est-ce qu’un président d’honneur peut faire saisir les comptes de son propre club ? C’est une bonne question ».
Coincé entre la DNCG et les actions en justice l’OL se débrouille néanmoins.
Ainsi par exemple, avant que ne sonne la fin du Mercato l’OL a pu malgré tout officialiser la venue d’une pépite, l’ailier ghanéen Ernest Nuamah. Mais pour le faire venir, alors que l’OL est encadré par la DNCG, Eagle Football est passé par son club belge de Molenbeek, possédé également par John Textor qui a officiellement acheté le joueur avant de le prêter à Lyon.
Huit nouvelles recrues ont par ailleurs pu être intégrés au Club cet été.
Bref, il reste des marges de manœuvre permettant à l’OL façon Textor de se remettre en mouvement, mais elles restent étroites.
« Aulas ô désespoir, ô vieillesse ennemie », ironise notre confrère Les Echos. Il est temps que le Club retrouve sa sérénité, sinon…