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Maison de la Danse de Lyon : grand écart et baisse des subventions

« Vous savez, j’ai dû en avaler des couleuvres ! » En présentant lundi 9 mai la saison 2016/2017 de la Maison de la Danse et la Biennale programmée cette année du 14 au 30 septembre, Dominique Hervieu, n’a pas caché qu’elle est passée ces derniers mois par des hauts et des bas. Et en l’occurrence, plus de bas que de hauts…

 Cette ancienne danseuse devenue chorégraphe en chef d’une des plus importantes structures dédiée en Europe à la Danse se retrouve, comme tous ses pairs du monde de la Culture, confrontée à des baisses de subventions.

Pour faire venir à Lyon celle qui était alors directrice du Palais de Chaillot, à Paris, Gérard Collomb et son équipe avaient multiplié les promesses dont celle d’une Maison de la Danse de 2ème génération qui devait être créée dans le quartier de Confluence. Or celle-ci s’est fracassée sur le mur de la crise.

Comme lot de consolation, la responsable de la Maison de la Danse a tout de même obtenu la moitié de la superficie de l’ancien Musée Guimet, dans le 6ème arrondissement de Lyon, soit 4 000 m2, qui seront consacrés à la création et à la promotion de la danse en direction du jeune public.

Depuis qu’elle a pris la tête de l’ancien Théâtre du Huitième devenu Temple de la Danse, Dominique Hervieu a toujours dit qu’un tel établissement, devenu phare dans toute l’Europe, n’ayons pas peur des mots, devait s’appuyer sur un trépied constitué par la programmation la plus large des meilleures troupes du monde entier, mais aussi d’une action en direction des jeunes et enfin d’un vaste lieu dévolu à la création.

141 000 spectateurs en 2015

Ce en quoi, elle a raison : la Maison de la Danse ne doit pas seulement être un simple lieu d’accueil de spectacles, mais aussi susciter ses propres créations en accueillant in situ troupes et chorégraphes. C’est la condition sin qua non pour que son rayonnement puisse encore s’accroître.

Mais comment faire, quand de tous côtés tombent les mauvaises nouvelles : – 3% de subvention de la Métropole lyonnaise et probablement le même pourcentage, peut-être moins encore pour l’aide émanant de la région dirigée par Laurent Wauquiez.

Heureusement, la Maison de la danse a un atout que n’ont assurément pas toutes les structures culturelles : son succès qui ne se dément pas, année après année. Même si les abonnements ont stagné l’année dernière à 11 138, le nombre de spectateurs continue d’augmenter : 141 000 l’année dernière accueillis lors de 182 représentations.

Cela signifie une billetterie copieuse, puisque la « Maison » du 8ème arrondissement de Lyon peut se targuer de générer 60 % de ses ressources, soit 3,6 millions d’euros sur ses 6,1 millions d’euros de budget, ce qui constitue un petit exploit.

Mécénat en hausse de 40 %

Son image et son rayonnement ont aussi un impact favorable sur la recherche de sponsors. Comme toutes les autres structures culturelles, la Maison de la Danse a été contrainte de se lancer dans la chasse au mécène, animal rare. Avec un certain succès, puisque l’année dernière, le fruit du mécénat a augmenté de 40 % à 300 000 euros ; 385 000 escomptés cette année.

Outre le partenaire historique qu’est BNP-Paris, on a vu arriver la CNR, puis la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, Hermès…

La création d’un poste de président, Jacques Berger, lui-même ancien entrepreneur a permis de mieux pénétrer le milieu des entreprises.

Le mécénat ne représente pourtant pour l’heure que 5 % du budget, mais cette nouvelle ressource vouée à grossir, permet de pallier en partie la baisse des subventions.

Reste que le plus dur est à venir : la future salle de répétition et de création installée au sein de l’ancien musée Guimet n’est pas encore budgétée. Pour autant, Dominique Hervieu table toujours sur son ouverture en 2019 ou au plus tard en 2020.

Ensuite pour le faire vivre, à coup sûr, ce même mécénat devrait là encore jouer un rôle important.

Sans aller jusqu’au système américain où ce sont les entreprises qui financent l’essentiel de la culture, avec tous les aléas que cela peut présenter, on se dirige en France vers un modèle hybride où l’Etat et les collectivités tiendront de moins en moins de place. Mais pour ce faire, à l’instar de Dominique Hervieu , les responsables de ces gros paquebots de la Culture vont devoir de plus en plus se muer en stratèges financiers…