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Medef : “ Nous sommes inquiets sur l’attractivité de la Métropole de Lyon  “

Malgré une jauge plus réduite que d’habitude, du fait du Covid-19, “l”Odyssée des entrepreneurs” du Medef Lyon Rhône qui s’est déroulée au Double Mixte à Villeurbanne, le 25 septembre, a été l’objet de riches débats. Axé sur le thème très actuel de “Métamorphoses” ceux-ci ont notamment été alimentés par la présence de deux grands patrons, Xavier Huillard, le Pdg de Vinci et Olivier Bogillot, le président de Sanofi France. Alors que resurgit la pandémie, que des voix d’entrepreneurs s’élèvent contre les dernières mesures prises et que le Medef Lyon Rhône s’apprête à changer de président, où en est l’organisation patronale, tant au plan national que local ? Interview de Laurent Fiard, le président du Medef Lyon-Rhône et du Rhônalpin Patrick Martin, président délégué du Medef dont il est le n°2 national.

Quels sont les thèmes qui ont dominé “l’Odyssée des entrepreneurs” ?

Laurent Fiard-Disons d’abord que la notion de Métamorphoses qui en constituait le fil rouge correspondait bien à l’état d’esprit actuel des dirigeants.

Trois sujets ont été mis en avant : quelle dynamique de résilience, d’abord ; quelle relance et enfin, quelle renaissance ? La crise que nous traversons est aussi l’occasion pour les entrepreneurs de revisiter leurs modèles économiques.

Le plus bel exemple que l’on peut donner est Airbus qui s’est donné comme horizon 2035 pour lancer des avions à moteur à hydrogène. Sans la crise, ce tournant aurait sans doute été pris plus tard…

On n’a pas aperçu, lors de “l’Odyssée des entrepreneurs”, ni le nouveau maire de Lyon, ni le nouveau président de la Métropole. Vous ne les aviez pas invités ?

Laurent Fiard-Nous les avions bien sûr invités, mais ni eux ni leur représentants ne sont venus sur la manifestation. Manifestement, l’entreprise n’est pas au cœur de leur priorités ; et ce, alors que deux présidents chefs d’entreprise, ceux de Vinci et de Sanofi qui emploient énormément de salariés à Lyon, étaient présents et que tout l’écosystème économique lyonnais était lui aussi là, au Double Mixte. No comment !

Nous avons une grande richesse de dialogue avec les partenaires sociaux. Les élus ne devraient pas l’ignorer ! Il y a dans cette ville, besoin d’un collectif fort…

A cette aune, nous sommes inquiets sur l’attractivité de la Métropole de Lyon

Patrick Martin-Et ce, alors que les entreprises n’ont jamais fait autant sur l’environnement, l’inclusion. Mais il ne faut pas insulter l’avenir ! D’ailleurs à Longchamps lors de l’Université d’été du Medef, nous avons reçu et dialogué avec Yannick Jadot.

On a vu pour la première fois Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef dialoguer avec Philippe Martinez, le leader de la CGT à la Fête de l’Humanité à Paris. Le Medef serait-il en train de virer sa cuti..?

Patrick Martin-On n’en sortira que collectivement, par le dialogue, en étant positifs et constructifs.

Imaginez que ce dialogue a donné naissance à 9 000  » accords de déconfinement  » en France, la plus forte production d’accords de tous les temps !

Pour le Medef, la priorité absolue c’est la sécurité de nos salariés. Dans cette période où le modèle économique et social est soumis à rude épreuve, les entreprises constituent une des solutions de la crise.

Nous ne voulons pas rester dans des postures. Plus que jamais, le dialogue est nécessaire avec le gouvernement, les syndicats, les ONG.

On essaie d’apporter des réponses. Se lamenter n’est pas à la mesure de la situation…

On a vu des chefs d’entreprises manifester à Marseille après les mesures et les contraintes très fortes annoncées par Olivier Véran. Quelle est la position, à cet égard du Medef ?

Patrick Martin-J’ai eu aujourd’hui Bruno le Maire, le ministre de l’économie au téléphone, il m’a confirmé que les entreprises touchées par des fermetures allaient être indemnisées de manière importantes : la prime du fonds de solidarité va passer de 1 500 à 10 000 euros, ce qui me paraît bien pour les petites entreprises ; le chômage partiel sera totalement indemnisé, etc.

Il faut reconnaître que le gouvernement a été réactif et que des mesures massives ont été prises pour sauver les entreprises concernées.

Quel est l’état d’esprit des chefs d’entreprise. Assommés par ce qui leur arrive ?

Patrick Martin-Pas du tout et cela nous a nous-même étonnés ! Un sondage récent a montré que 76 % des adhérents du Medef sont optimistes. Certes ils ne sont pas naïfs, ils ont conscience des difficultés, mais comme on a pu le constater lors de “l’Odyssée des entrepreneurs”, il existe une vraie envie de faire des entreprises.

Laurent Fiard-Après la résilience, suite au confinement, ils sont dans la dynamique de la relance.

Quel va être le moteur de cette relance ?

Patrick Martin-A n’en pas douter, la confiance.

Un regret néanmoins : il aurait fallu que le gouvernement présente son plan de relance bien plus tôt. On est en retard ; plus tôt, cela aurait été d’une plus grande efficacité. Regardez, l’Allemagne l’a mis en place dès le mois de juin…

Comment ça se passe avec le gouvernement, au plan national, avec le préfet au niveau local, le dialogue est-il à la hauteur ?

Laurent Fiard- Dès le début de cette semaine, nous allons travailler avec le préfet du Rhône pour faire remonter des propositions. Nous avons bien l’intention de participer au travail collectif, mais avec beaucoup d’humilité car nous savons que la situation est complexe. La crise sanitaire a beaucoup d’impacts que nous ne maîtrisons pas.

Patrick Martin-Au niveau national, j’ai pu constater avec beaucoup d’étonnement un manque de coordinations entre les services de l’Etat. Lorsque le Haut Comité de Sécurité Sanitaire a rendu son rapport de 35 pages sur les mesures à prendre dans les entreprises, fin août, la ministre du travail les a découvertes à ce moment là. Il y a manifestement un défaut de coordination entre le ministère de la Santé, celui de l’Economie et le Haut Comité de Sécurité Sanitaire.

Une dernière question, au président du Medef Lyon-Rhône, vous avez annoncé que, vu les circonstances actuelles, vous prolongiez votre mandat de président du Medef Lyon Rhône. Allez-vous solliciter un nouveau mandat ?

Laurent Fiard– Non, dans les circonstances actuelles, je dois me consacrer plus pleinement à mon entreprise (ndlr : Visiativ). Je quitterai mes fonctions au plus tard, à fin décembre.