Métropole de Lyon : ZFE, Zone 30, encadrement les loyers, on entre de plain pied dans l’écologie punitive
Loin de moi de dénier l’importance des enjeux climatiques. Je pense même que l’on devrait faire beaucoup plus. Mais l’accumulation de décisions en cette rentrée 2021, dans la Métropole de Lyon, avec l’annonce de la ZFE, la Zone 30 qui sera mise en place en 2022 (*), l’encadrement des loyers, non directement lié, certes au changement climatique, recèle un goût amer, ne présentant pas l’écologie sous ses meilleurs atours, en l’occurrence ceux de l’écologie punitive.
Sans doute ce sont des mesures qui peuvent être utiles pour diminuer la pollution de l’air, mais elles sont appliquées sans rechercher l’assentiment de la population. On attend toujours le versant d’une écologie qui serait plus consensuelle.
Est-ce à même également de résoudre les problèmes de la planète ? On aimerait bien, mais il faut bien avoir conscience que le problème est aussi et surtout ailleurs.
Qu’en est-il en effet ? La France ne représente que …1 % des émanations de CO2 de la planète, pas plus que la Pologne ou Taïwan, grâce à l’importance de notre parc nucléaire qui produit 75 % de l’électricité de notre pays.
Nettement plus il est vrai si l’on ajoute le CO2 importé dans les produits arrivant notamment de Chine. A cet égard, on attend toujours les taxes CO2 aux frontières promises au niveau européen…
On écope un océan avec une petite cuillère
D’autre part, sans décision et gouvernance mondiale efficace en matière de lutte contre le réchauffement climatique et les financements qui vont avec, on a l’impression que l’on écope un océan avec une petite cuillère.
Ce sont les émissions d’énergie fossiles qui sont le principal problème, via les centrales thermiques à charbon qui continuent à pousser comme des champignons en Chine et en Inde, notamment mais pas que ; via la poursuite d’ouverture de nouvelles mines de charbon, en Australie notamment, de la poursuite de la prospection et de l’ouverture de nouveaux puits de pétrole.
Un moratoire sur les nouvelles prospections de pétrole, de nouvelles mines de charbon paraît indispensable à tous les spécialistes si l’on veut tenir les 1,5 degrés de réchauffement climaique.
Un organisme aussi sérieux que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE, rattaché à l’OCDE) l’a récemment affirmé, ce qui a provoqué beaucoup de bruit dans le landerneau climatique.
“Il n’y a pas de place pour de nouvelles infrastructures”
Pourquoi ? Tout simplement car le monde n’a plus les capacités pour absorber les émissions de CO2 de nouvelles centrales à combustibles fossiles. “ Le quota d’émissions de gaz à effets de serre est déjà atteint et il n’y a plus de place pour de nouvelles infrastructures, du moins si l’on souhaite respecter les engagements pris en matière de changements climatiques”, a tranché l’AIE.
Pour Fatih Birol, son directeur exécutif “ si de nouvelles sources d’émissions de CO2 sont construites, l’augmentation de la température dans les décennies qui viennent dépassera les 2°C prévus par les scientifiques.
Les décisions prises à Lyon comme dans beaucoup plus d’autres villes paraitraient plus acceptables si les efforts ne semblaient pas essentiellement portés par la population, mais si les Etats prenaient aussi véritablement leur part.
Actuellement, de nombreux économistes lancent un cri d’alarme : le choc sur l’économie sera d’autant plus rude que l’on ne cesse de reculer pour prendre les seules décisions au niveau mondial qui s’avéreraient efficaces.
(*) Zone 30 : comme à Paris, Lyon envisage sa mise en œuvre globale, dès l’an prochain, en 2022.
Fabrice Bagnon, vice-président écologiste de la Métropole de Lyon à la voirie et mobilités actives l’a annoncé la semaine dernière, dans l’hebdomadaire Tribune de Lyon.
L’idée est que la vitesse abaissée à 30 km/h sera la règle et la limitation à 50 km/h deviendra l’exception, elle continuera cependant à être maintenue sur certains axes lyonnais. D’après Fabien Bagnon, outre Lyon d’autres communes, dont Villeurbanne, pourraient suivre le mouvement. Il est vrai que dans la Métropole, Oullins et Poleymieux-au-Mont-d’Or ont déjà obtenu le passage en “ville 30”. A savoir que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’agglomération de Grenoble a déjà instauré la mesure depuis 2016 sous l’impulsion de son maire écologiste, Eric Piolle. Il est donc possible de tirer un premier bilan grâce aux travaux effectuées par le Cerema, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement qui a mené une étude sur trois ans. Sur les axes où la vitesse a été abaissée à 30 km/h, le nombre d’accidents est passé de 70 à 51 par an, le nombre de blessés recule de 83 à 67 et les décès passent de 3 à 2. L’étude note également que la vitesse moyenne dans Grenoble intra-muros a baissé de 5 km/h, mais qu’elle augmente sur l’ensemble des axes des autres communes de l’agglomération grenobloise. L’explication : la Zone 30 s’avère dissuasive pour la circulation automobile, il y a eu moins de circulation, entre 2016 et 2018 les trafics motorisés ont reculé : -9 % pour les véhicules légers et – 20 % de poids lourds. Enfin, en ce qui concerne l’impact de Zone 30 sur la pollution de l’air, elle n’a pas été formellement établie. Ce pourrait même être le contraire. Une note du Cerema (publiée le 17 août 2021), établissement public placé sous la tutelle du ministre de la Transition écologique et solidaire, a en effet constaté que les voitures polluent plus à 30 qu’à 50 km/h ! Ce serait en l’occurrence 15 % de plus. |