Opérateurs Ferroviaires de Proximité : Rhône-Alpes a un train de retard…
La région Rhône-Alpes qui se targue souvent d’être pilote dans de nombreux domaines a un train de retard. Dans le domaine du fret ferroviaire et plus précisément sur la nouvelle frontière qui s’est ouverte en la matière : la création d’Opérateurs Ferroviaires de Proximité.
La loi a desserré le corset du monopole de la SNCF et a ouvert la possibilité pour des acteurs locaux de faire du transport ferroviaire. C’est ce que l’on appelle les Opérateurs Ferroviaires de Proximité (OFP).
Ces OFP s’adressent à des marchés locaux. Leur objectif est de permettre le transport de quantités plus petites jusqu’à une gare plus grande où les marchandises seront prises en charge.
Des « fédérateurs de trafic »
Il s’agit de lignes ne présentant pas en termes de rentabilité un enjeu majeur pour les grands opérateurs. Les Opérateurs Ferroviaires de Proximité doivent permettre une collecte des marchandises dans des zones peu denses et les amener vers des points d’échange. Selon un rapport du Sénat préconisant leur développement ils doivent devenir des « fédérateurs de trafic ».
Ils ont une utilité incontestable si l’on en croit les exemples étrangers. Ainsi, en 2009, un quart des wagons transportés par les grandes compagnies de fret aux États-Unis ont été apportés ou récupérés par une entreprise de « shortliners ». Ces OPV sont près de trois cents en Allemagne.
Si le législateur a voulu mettre ce concept d’OFP au goût du jour, c’est pour éviter que le désengagement de la SNCF en matière de fret ferroviaire ne laisse pas la place à un désert en la matière : or, c’est bien ce qui est en train de se passer.
De nombreuses régions ont regardé ce dossier et ont commencé pour certaines à réfléchir et pour d’autres à agir. C’est le cas de PACA, de Poitou Charentes ou de Midi-Pyrénées qui à l’instigation des chambres de commerces et de Réseau Ferré de France (RFF) a lancé en 2012 un OFP : Egénie/Agenia, un des tout premiers en France.
Les relations avec la SNCF ne sont pas des plus faciles. Le rapport du Sénat décrit ainsi les problèmes qu’a rencontré la zone d’activité de la plaine de l’Ain : « Cette zone d’activité représente 400 000 tonnes de fret. Toutefois, en 2009, les chargeurs ne pouvaient pas recourir à l’entreprise de leur choix, car c’est la SNCF qui était en charge du dernier kilomètre. Le syndicat a décidé de racheter le dernier kilomètre et de passer par une mise en concurrence. Au final, c’est la SNCF qui a remporté le marché, mais les coûts de maintenance sont beaucoup plus faibles…»
Autre exemple proche cité par ce même rapport du Sénat : « En Auvergne, la Chambre de commerce et d’industrie a mis en place, en associant les transporteurs routiers, un opérateur ferroviaire de proximité. La SNCF a essayé de faire avorter cette tentative en introduisant son propre transporteur routier qui ne coopérait pas avec les autres… »
Dans des zones à forte concentration chimique ?
Une initiative pourrait se faire jour, selon Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes pour développer ce type d’Opérateur Ferroviaire de Proximité dans des zones de Rhône-Alpes à forte concentration chimique où une bonne part du transport s’opère par la voie routière.
Il s’agit de la vallée de la chimie à Lyon, de Pont-de-Claix en Isère et de SNF-Floerger dans la Loire qui tous ont besoin de transporter des milliers de tonnes de produits chimiques.
Après cette période de pollution que nous venons de connaître, la création de tels OFP, apparaîtrait non seulement économiquement viable et susceptible de créer des emplois, mais aussi pertinente pour de simples raisons écologiques…