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Pendant que Patrick Molle joue les trublions, EM Lyon, sans capitaine à bord, perd du terrain

 A-t-on bien fait de laisser partir Patrick Molle, l’ancien directeur d’EM Lyon, pendant seize ans mais qui finissait à force de révolutions, par donner le tournis à ses équipes ?

Il refait à nouveau parler de lui. Désormais, à 56 ans, directeur de France Business School (FBS) qui rassemble quatre écoles plutôt en déclin (Tours-Poitiers, Amiens, Clermont-Ferrand et Brest), il vient de les mettre en pleine lumière en transformant radicalement leur mode de recrutement.

Plus de profils ultrascolaires

« Le modèle classique des business schools est à bout de souffle-assure-t-il à nos confrères du Nouvel Observateur-Ce système auto-reproducteur formant des élites à la pensée étroite, je ne veux pas le détruire, mais le faire évoluer. » Pour lui, les managers de demain seront d’abord enthousiastes, créatifs et malin et non pas des profils ultrascolaires.

A FBS, le recutement ne se fait donc plus sur l’écrit, ce qui est une révolution, mais sur une épreuve de groupe (comment se comporte-t-on avec les autres ?) et un long entretien. Ce qu’il a appelé les « Talents Days » qui font beaucoup jaser dans le monde des grandes écoles, mais qui ont donné une nouvelle dimension à la sienne.

Car, rétrospectivement, plus d’un an après son départ, rien ne va plus dans la vénérable école de Management lyonnaise, même si elle a acquis entretemps l’ex-ESC Saint-Etienne qui va lui permettre de développer le diplôme qui lui manquait : le Bachelor.

Philippe Courtier, l’homme qui devrait reprendre le flambeau, un Polytehcnicien, ancien directeur de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées à Paris, aura tenu tout juste un an et a démissionné cet été.

Bruno Bonnell cherche l’oiseau rare

En attendant, Bruno Bonnell, le patron de Robopolis et le créateur du salon Innorobo à Lyon, mais aussi président du conseil d’administration d’EM Lyon est chargé de maintenir à flot la maison, tandis qu’il recherche l’oiseau rare : un créatif et innovateur, façon Patrick Molle, mais suffisamment diplomate, charismatique et empathique pour que ses troupes le suivent sans rechigner.

Dans une interview à la Tribune, réalisée peu avant les vacances d’été, Bruno Bonnell reconnaissait que « oui, le personnel d’EM Lyon exprime colère et frustration ? Oui et c’est légitime car depuis seize mois sous Patrick Molle et douze mois sous Philippe Courtier, l’école a été bousculée. » 

Il précise : «  Philippe Courtier est un homme de grande qualité, mais le changement par rapport à son prédécesseur a dû être trop brutal. Aujourd’hui, je vais résoudre la colère par le dialogue et non en prenant des postures qui mettraient en danger la réputation de l’école. » Il annonce enfin ouvrir « grandes les portes du dialogue ».

EM Lyon recule à la 11ème place européenne

Il serait temps que cette situation ne s’éternise pas. Dans le dernier baromètre européen des Ecoles de Management réalisé par le très respecté Financial Times, EM Lyon jusqu’alors bien noté a encore perdu du terrain cette année, passant de la 9ème à la 11ème place européenne (8ème place en 2009).

On comprend que le conseil d’administration prenne son temps pour ne pas réitérer deux fois la même erreur, si elle ne mettait pas en selle le bon profil.

Trouver «  the right man at the right place » peut demander du temps . Mais celui-ci presse désormais pour relancer ce fleuron des Grandes Ecoles lyonnaises qui est engagé comme ses consoeurs dans une concurrence internationale effrénée. Et qui n’avançant plus, recule…