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Pour les professionnels, l’encadrement des loyers  à Lyon ne servira à rien, il risque même d’avoir l’effet contraire…

Un affichage politique qui ne pourra avoir aucun effet. Point barre. C’est ce que pensent les professionnels à l’égard de l’encadrement des loyers demandé à la ministre du Logement par la Métropole lyonnaise. Au contraire, pour les spécialistes des loyers, une telle mesure risque d’effaroucher les investisseurs qui iront voir ailleurs. Soit moins de logements construits et en conséquence, plus de pression sur les loyers…

Sans surprise, la Métropole de Lyon a voté le lundi 5 octobre la demande auprès de la ministre Emmanuelle Wargon, pour la mise en place d’un encadrement des loyers. Cette proposition figurait dans le programme des Verts qui ont emporté aux municipales les deux exécutifs lyonnais.

“L’encadrement des loyers est un moyen de montrer que le logement n’est pas un bien marchandable comme les autres, mais qu’il est d’abord un bien de première nécessité, un droit fondamental. Garantir l’accès au logement fait ainsi partie intégrante d’une politique unissant préoccupations sociales et préoccupations environnementales” a ainsi expliqué à la tribune, Renaud Payre l’adjoint chargé de l’habitat et du logement social, avant le vote.

Et d’ajouter : “ Aujourd’hui, sur Lyon et Villeurbanne, le prix au m2 dans le logement locatif privé a fortement augmenté ces dernières années surtout pour les petits logements : 16,2 € du m2 au lieu de 12,6 €, c’est 30 % de plus que le prix du m2 moyen : c’est ainsi qu’un T1 de 35 m2 se loue à plus de 550€/mois !” a-t-il argumenté.

Sauf que…

A la vue de cette argumentaire, on serait bien évidemment tenté d’applaudir des deux mains et de souscrire à une telle volonté. Sauf que,… comme souvent, le “mieux est l’ennemi du bien”.

Faute d’une étude plus approfondie et d’une concertation avec les professionnels des loyers que sont les professionnels qui avaient largement entrouvert leurs portes, cette mesure ne devrait avoir aucun impact, être compliquée à mettre en place et surtout pourrait provoquer un effet inverse à celui recherché.

La délibération est sans doute déjà sur le bureau de la ministre Emmanuelle Wargon qui, très probablement, va donner son feu vert à une expérimentation de cinq ans à Lyon et Villeurbanne.

“Les élus font cavalier seuls”

Premier bémol pour Olivier Dumas, membre du bureau de Lyon de l’UNIS (Union Nationale des Syndicats de l’Immobilier) dont il est le trésorier et qui rassemble les professionnels de l’immobilier, “notre profession aurait bien aimé partager ses analyses avec les élus, sauf qu’ils ont fait cavalier seul, ne prenant même pas contact avec les professionnels de terrain, alors que nous avons en main un certain nombre de clefs pour appréhender la situation des loyers à Lyon et Villeurbanne et favoriser une régulation.”

Et d’expliquer : “Il y a cinq ans, lorsque cette question d’encadrement des loyers était à l’ordre du jour, nous avons été à Lyon les premiers en France à créer un outil qui est l’Observatoire des loyers qui compte 36 000 références et qui est réactualisé chaque année : il compare des zones comparables.

“Nous avons été force de propositions à travers un rapport de 60 pages extrêmement fouillé ”, lance-t-il.

Selon Olivier Dumas, “à Lyon intra-muros le loyer médian est de 12,60 euros le mètre carré ; il n’a augmenté que de 1,1 % en deux ans : on n’est pas à Paris !”

Pour lui, cet encadrement existe déjà en fait “puisque le propriétaire ne peut mettre le prix qu’il veut et qu’il doit se référer à l’indice donné par l’Etat”.

Un message négatif

Pour Olivier Dumas, l’encadrement, de toute façon s’il se met en place, ne concernerait enfin que 40 % du marché, car il faut y retirer les gestionnaires des logements étudiants, très nombreux à Lyon, les bailleurs sociaux et les propriétaires qui se passent d’intermédiaires.

Mais le plus grave pour le représentant de l’UNIS est le message qu’un tel encadrement va lancer “C’est un signal négatif en direction des investisseurs et des bailleurs : l’impact risque d’être contre-productif, ça va ralentir la volonté de construire de la part de ces investisseurs, avec ce résultat : on risque de tendre encore plus le marché ! Et ce, alors qu’on manque de logements à Lyon… “

Au final, donc, cet encadrement risque de ne se traduire que par un simple affichage politique sans retombées effectives sur le niveau des loyers…

Au lieu de l’usine à gaz que cet encadrement va susciter, mieux aurait valu travailler en concertation avec les professionnels au plus près du terrain qui, eux aussi, ont tout intérêt à ce que les prix desdits loyers ne s’envolent pas…