Quand François Hollande fait du Gérard Collomb
« Le président de la République a saisi la perche que Pierre Gattaz lui a tendue.Mais un certain nombre de conditions sont nécessaires pour que cette ambition devienne réalité » a lancé devant près de 7 à 800 chefs d’entreprises réunis dans les salons de l’hôtel Hilton, Bernard Fontanel, le président du Medef Lyon-Rhône, lors de la présentation de ses vœux à ses adhérents.
Même son de cloche, bien sûr chez Pierre Gattaz, le plus rhônalpin des patrons du Medef qui souligne que le président « va dans le bon sens ». Mais prudent, il demande aussi « des clarifications au gouvernement. L’acte 1, c’est le constat partagé que les marges des entreprises sont faibles. Mais il faut passer à l’acte II : savoir de quoi nous parlons, quelle est la nature et l’ambition des réformes. »
Et de manière imagée, selon son habitude, il ajoute : « Il faut savoir si nous montons l’Everest ou la Butte aux cailles (ndlr : un quartier du 13ème arrondissement de Paris bâti sur une colline) ».
Aucun doute, l’lnflexion sociale-démocrate affichée, de François Hollande, lors de la 3ème conférence de presse du quinquennat, la plus médiatisée et pour cause !, a été vécue comme une divine surprise par les organisations patronales.
« Prête à relever le gant »
En témoigne également la réaction de la CGPME qui s’est rapidement déclarée « prête à relever le gant. »
« Reste maintenant à préciser la nature des contreparties évoquées par le Président de la République », ajoute l’organisation des patrons de PME et de TPE.
En fait, le président qui a fait son « outing » social-démocrate et assume désormais ouvertement sa politique pro-entreprises ne fait que répéter ce que ne cesse d’expliquer Gérard Collomb, maire de Lyon, depuis qu’il est à la tête de la capitale des Gaules et du Grand Lyon : qu’avant de distribuer des richesses, il faut les créer.
Gérard Collomb avait d’ailleurs, dès le printemps 2013, fait passer le message à François Hollande : « On ne relancera jamais l’économie sans un minimum d »empathie à l’égard des entreprises ».
Ce qui a plutôt réussi au maire sortant et candidat à sa propre succession qui a coutume de citer Saint-Simon, philosophe qui jeta les bases de la société industrielle française.
Fort des liens qu’il a noués en douze ans de mandat, en particulier auprès de chefs d’entreprise qui ne manquent pas une occasion de saluer son « pragmatisme », Gérard Collomb est reparti en campagne en s’appuyant notamment sur le monde de l’entreprise dont les représentants sont fort présents au sein de son comité de soutien qui dépasse désormais les mille noms.
Sur sa liste, l’avocat Richard Brumm, adjoint chargé des Finances ,avocat et Sarkozyste assumé, a aussi pour rôle de réseauter auprès des dirigeants d’entreprises.
Enfin, David Kimenfeld, vice-président du Grand Lyon, secrétaire fédéral du PS, est lui-même chef d’entreprise.
« Ce climat de coopération est assez exceptionnel ! »
Lors du dernier Printemps des entrepreneurs organisé par le Medef Lyon-Rhône, ce dernier avait résumé l’état d’esprit prévalant au sein de la municipalité lyonnaise : « Nous allons continuer à travailler ensemble avec une solide symbiose entre le monde économique et le monde politique. Ce climat de coopération entre les deux, je dois le reconnaître, est assez exceptionnel ! »
Bref, cette vision social-libérale a plutôt réussi à Gérard Collomb qui part à la bataille des municipales comme favori, même si comme pour le sport, les urnes peuvent recéler une glorieuse incertitude.
Reste désormais à savoir si ce qui marche à Lyon fonctionne aussi pour l’ensemble de l’Hexagone. Et là, c’est une autre histoire…