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Reconfinement : face à la fronde des commerçants, le terrible dilemme du gouvernement

A n’en pas douter, ce deuxième confinement ne ressemblera pas au premier. Au printemps, en maugréant, en trainant des pieds, les commerçants de proximité non essentiels avaient accepté de baisser leurs rideaux, les dents serrées. Cette fois, c’est la fronde relayée par leurs confédérations et un certain nombre de maires. Tétanisés par la crainte d’une disparition définitive, ils sont d’autant plus ulcérés par l’inégalité de traitement face aux ventes en ligne, face aux grandes surfaces. Confronté à cette situation inédite, le gouvernement godille…

Comment concilier l’inconciliable ? Maintenir au maximum l’activité économique tout en instaurant un confinement le plus… confiné possible ? Telle est la ligne de crête extrêmement étroite sur laquelle navigue le gouvernement qui se retrouve face à un terrible dilemme.

La pression monte

C’est désormais une certitude en Auvergne-Rhône-Alpes et notamment dans la Loire, le Rhône et l’Isère où la pandémie explose : seul un confinement fort peut freiner le nombre d’entrées à l’hôpital, et dans les services de réanimation où l’on s’approche déjà de la saturation. D’ores et déjà dans ces trois départements, alors que le confinement ne fait que commencer, on se retrouve face un niveau d’hospitalisation nettement plus élevé qu’au printemps.

D’un autre côté, la pression monte pour que les commerces dits non essentiels rouvrent, voire même selon les confédérations professionnelles en proposant un niveau de précautions sanitaires plus important encore.

On n’a pas encore assisté en France, comme en Italie ou en Espagne à des émeutes, mais la colère gronde. Elle est relayée par les fédérations professionnelles qui sont montées au créneau et par une trentaine de maires dont notamment ceux de Valence dans la Drôme, de Tassin-la-Demi-Lune dans le Rhône, des Abrets en Isère qui ont sorti des arrêtés (non légaux, ont aussitôt prévenu les préfets) autorisant les commerces non essentiels à rouvrir. Un signal d’élus à l’écharpe tricolore, catastrophique pour l’exécutif dont l’autorité est défiée.

D’un autre côté, une cinquantaine de maires de grandes villes ont écrit au premier ministre pour lui demander “une équité de traitement”, entre les commerces de proximité et les grandes surfaces.

Confronté à cette fronde inédite, Jean Castex, le 1er ministre, a annoncé dimanche soir sur TF1 que pour rétablir l’équité les grandes surfaces n’auront plus, dès mardi, le droit de vendre des produits non essentiels. Pas bon pour l’économie ni pour l’emploi ont aussitôt répliqué, vent debout, les organismes fédérant les grandes surfaces.

Le “click & collect” pour tous

Le gouvernement avait pourtant senti que le sujet était sensible en annonçant rapidement que tous les commerces quels qu’ils soient pouvaient développer le “click ans collect”, avant d’ajouter peu après, pour amadouer les commerçants, que celui-ci “ ne sera pas compté dans le chiffre d’affaires

pour le calcul du fonds de solidarité” par la bouche même du ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur BFMTV.

La seule solution pour désamorcer la fronde est également de rajouter au pot des mesures de soutien, Jean Castex évoquant la somme de 20 milliards d’euros.

Et d’évoquer également la possibilité d’une évolution de la situation d’ici quinze jours. Mais cette éventualité est en contradiction totale avec son autre affirmation : qu’il fallait s’attendre à une montée inexorable vers le pic de la pandémie d’ici quinze jours. Ce qui ne devrait pas inciter à assouplir les mesures, bien au contraire !

Bref, le gouvernement se retrouve face à un terrible dilemme entre économie et santé, avec des risques sérieux de débordements au regard de nos voisins italiens et espagnols.

La seule sortie qui paraît bien étroite : que les Français respectent à la lettre le confinement, pour en sortir au plus tôt. Bref, un sursaut de civisme, en espérant que ce sera le dernier…

En attendant, le gouvernement doit godiller au plus près pour endiguer une fronde qui serait préjudiciable à une mobilisation collective nécessaire contre cette forte résurgence de l’épidémie.