Toute l’actualité Lyon Entreprises

Réforme des retraites-Le Rhône coupé depuis près d’un mois, bateaux de fret et de croisière bloqués : une grève qui tombe fort mal

A l’heure où vous lisez cet édito, le Rhône dont récemment Emmanuel Macron voulait faire « un grand port de Marseille à Lyon « (*)  est peut-être encore coupé à hauteur du barrage de Reventin-Vaugris au Sud de Lyon. D’abord par une grève de plus de trois semaines dans le cadre de la réforme des retraites, puis, malgré les réquisitions du personnel de la CNR, par une avarie sur une des portes de l’écluse. Résultat : près de 70 bateaux de fret et de croisière sont à quai. Une mise à l’arrêt du trafic fluvial qui tombe mal alors que celui-ci commençait à reprendre quelques couleurs…

Pas besoin d’être spécialiste du changement climatique pour comprendre que le transport fluvial devrait être dans l’air du temps.

Un bateau transportant des containers comme il en circule chaque semaine sur le Rhône quand le trafic fluvial n’est pas bloqué, ce sont autant de poids-lourds retirés de l’autoroute A 7 entre Lyon, voire plus haut sur la Saône, et le port de Fos.

Dans ce cadre, un certain nombre d’affréteurs commencent à réfléchir à basculer une partie de leur fret sur le fleuve-roi.

C’était par exemple le cas pour le courtier qui avait demandé à la péniche de 39 mètres Baychymo de transporter du port de Pagny en Côte-d’or au port de Valence dans la Drôme, des tonnes de tubes de canalisations fabriquées à Pont-à-Mousson en Lorraine par Saint-Gobain.

« C’était un test, il pourrait bien être sans lendemain », se désole Viviane Dubourg , timonier de la péniche amarrée à l’entrée du barrage de Reventin-Vaugris depuis près de deux semaines, en attendant que l’écluse retrouve de l’eau et lui permette enfin de passer.

Depuis le 16 mars, en effet, alors que les écluses du Rhône sortaient de leur période de maintenance annuelle et s’apprêtaient à fonctionner à nouveau, la contestation contre la réforme des retraites est venue interrompre tout net le trafic fluvial.

Au barrage de Bollène dans le Vaucluse d’abord, puis au barrage de Reventin-Vaugris où les grévistes CGT de l’énergie, FO et CFE-CGC de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) avaient installé des piquets de grève.

La situation s’éternisant, les préfets du Vaucluse et de l’Isère ont fini par envoyer des ordres de réquisitions concernant les salariés de ces deux barrages en grève.

L’écluse de Bollène a pu donc fonctionner à nouveau samedi 8 avril.

Celle de Reventin-Vaugris qui devait faire de même dimanche matin est restée bloquée, mais cette fois du fait d’une avarie : une pièce cassée sur la porte aval de cette écluse, la dernière pour les bateaux, avant d’arriver à Lyon, un vrai verrou, donc.

Ce très long blocage amène la batelière Viviane Dubourg qui est également vice-présidente de l’association « Agir pour le fluvial » créée en 2017 pour plaider la cause du transport fluvial auprès des pouvoirs publics, à délivrer un constat amer.

« On peut comprendre ce mouvement social, vu le contexte, mais il y a un vrai risque avec ce qui vient de se passer d’un nouveau coup d’arrêt au développement du transport fluvial sur le Rhône. D’autant que de nombreux bateaux sont aussi bloqués par les dockers, suite à d’autres mouvements de grève sur le port de Fos. Il est à craindre qu’à nouveau les armateurs finissent par opter par Anvers et Rotterdam, au lieu du port de Fos  et ensuite de Lyon…»

A plus long terme, Viviane Dubourg table sur un fort appui des pouvoirs publics. « Il ne faudrait pas que l’appel du président de la République pour un port de Marseille à Lyon, reste sans lendemain ! »