Rhône-Alpes : vers une fusion entre Erai et l’Ardi ?
Dans un tweet qui a fait l’effet d’une petite bombe au sein des deux organismes pas vraiment au parfum, Jean-Louis Gagnaire, vice-président de la Région Rhône-Alpes en charge des affaires économiques, annonce vouloir proposer prochainement une fusion entre Erai et l’Ardi.
Pour mémoire, il s’agit de deux organismes soutenus financièrement par la Région Rhône-Alpes : l’Ardi (Agence régionale du développement et de l’innovation) constitue le bras armé pour l’innovation ; tandis qu’Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) accompagne des entreprises à l’international.
« Il faut que la Région donne l’exemple »
Et Jean-Louis Gagnaire d’enfoncer le clou : « Les deux entités ne sont pas synchrones. Une fusion, avec une seule tête à la gouvernance, permettrait de renforcer la coordination des efforts et donc l’efficacité. En matière de simplification administrative, il faut que la Région donne l’exemple ! »
Qu’apporterait de plus une fusion entre Erai et l’Ardi ? Quelques économies sans doute, notamment en matière de back office peut-être et la suppression de quelques échelons, mais rien de substantiel dans la mesure où les deux Agences opèrent sur deux créneaux très différents, et sont donc strictement complémentaires.
La Région veut peut-être par ce geste, même symbolique, donner l’exemple ? Ou peut-être Jean-Louis Gagnaire veut-il mettre en œuvre sous un même ensemble les fameux « 3i » qui rendent les entreprises compétitives : innovation, international, l’investissement…
C’est déjà la cas dans une certaine mesure puisque depuis la fin de l’année dernière, l’Ardi qui a vu ses crédits d’Etat baisser significativement (- 1,2 million d’euros) est déjà pour des raisons d’économies, venu rejoindre Erai au sein du même immeuble, « Empreintes » situé dans le quartier de la Confluence, dans des locaux par ailleurs contigus à ceux de la Chambre commerce et d’industrie régionale (CCIR).
Déjà des synergie avec « Up Rhône-Alpes »
Mieux même, pour accentuer encore les synergies, une plate-forme commune baptisée « Up Rhône-Alpes » réunit les trois entités Ardi, Erai et CCIR, en lien avec UbiFrance et la BPI, permettant à chacune de mettre les entreprises en contact au sein de chacune des entités en ciblant le bon interlocuteur. Une plate-forme d’orientation qui semble bien fonctionner. On retrouve là les « 3 i »Mais-peut-on aller encore plus loin ?
C’est apparemment ce que pense Jean-Louis Gagnaire, mais pour l’heure les deux équipes respectives semblent pour le moins sceptiques.
Ce tweet ravageur intervient en une période de grande chambardement au sein des collectivités territoriales depuis le discours de Manuel Valls à l’Assemblée nationale.
Au sein de ce bouleversement annoncé, les régions devraient justement voir leur rôle s’accentuer encore.
Le nouveau premier ministre veut aller vite. Dès le 14 mai, un texte concernant les Régions, leur nombre et leurs compétences, sera présenté au conseil des ministres.
Ce texte dont nos confrères des Echos ont obtenu la primeur stipule d’entrée que « l’objectif du gouvernement est de renforcer les régions en matière économique : elles disposeront de tous les leviers nécessaires pour assurer, aux côtés de l’Etat, dans les territoires, la responsabilité du développement économique, de l’innovation et de l’internationalisation des entreprises. »
L’aide aux entreprises à la Région, pas aux Métropoles
Déjà Rhône-Alpes a élaboré un schéma régional de développement économique qui s’impose aux autres collectivités. Ce texte précise aussi que les régions récupèrent la compétence exclusive en matière d’aide aux entreprises que leur disputaient les métropoles. «La région est la seule collectivité à disposer d’une compétence de plein droit pour accorder des aides à des entreprises en difficulté», souligne ce texte
Les compétences sont donc plus précisément définies. Fini le grand flou car, en revanche, dans le même temps, comme les départements, les Régions perdent la clause de compétence générale, moyen, espère le gouvernement, de faire des économies en limitant les doublons.
Cela signifie qu’elles devront se concentrer sur leurs seules compétences et ne pas aller voir ailleurs, c’est-à-dire en dehors de leurs missions principales Elles devront faire ce dont la loi les charge. Pas plus. Un gage assurément de meilleure gestion…