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Rhônexpress : une résiliation de la concession Lyon/St-Ex, à la fois logique et politique

Depuis sa création le 9 août 2010, la liaison tram/train Part-Dieu/Saint-Exupéry, attribuée à Vinci n’a cessé de faire parler d’elle. Par ses tarifs parmi les plus onéreux d’Europe pour une liaison centre-ville/aéroport, mais aussi par les tentatives réalisées pour casser ce monopole inscrit dans le contrat de concession qui ont toutes échoué. Qu’on se souvienne par exemple de la navette bus privée « Go Airport » qui en concurrence frontale face à Rhônexpress avait dû mettre la clef sous la porte en 2005.

L’homme politique qui s’attaquerait à ce monopole ne pouvait que s’attirer la sympathie de ses électeurs. Après six mois de négociations avec Vinci, le délégataire, faut-il souligner, le pas a été franchi la semaine dernière par l’actuel président de la Métropole, David Kimelfeld en période électorale et ce n’est sans doute pas un hasard.

Ainsi, David Kimelfeld « estime que la meilleure solution pour préserver les intérêts des Grands Lyonnais est celle de la résiliation du contrat. » D’où une demande de convocation pour ce faire d’un conseil syndical extraordinaire du Sytral, l’instance organisatrice des transports dans la Métropole ; et ce, en janvier 2020. »

Jusqu’à 25 % de baisse ?

Objectif : « cette résiliation permettra de proposer courant 2020 une baisse des tarifs sensiblement supérieure à celle proposée par le délégataire actuel », précise la Métropole.

L’argumentaire de la Métropole est il est vrai solide. « La collectivité a effectué près de 80 % des investissements : ce contrat signé pour 30 ans est censé dégager une rentabilité de l’ordre de 10 % », lance de son côté Gérard Claisse, vice-président chargé des affaires juridiques à la Métropole.

Cette baisse pourrait aller jusqu’à 25 %.

L’aller simple actuellement le plus cher, à 16,30 euros pourrait ainsi passer à 12 euros avec la réduction TCL ou familles nombreuses. L’aller et retour « un mois d’avance » passerait de 24,50 euros à 19,30 euros. Cela ne changerait rien pour les enfants jusqu’à onze ans qui bénéficient actuellement de la gratuité de Rhônexpress.

Si cette résiliation passe le cap du Sytral, un nouveau délégataire serait désigné ou alors cette ligne, autre hypothèse, serait gérée par le Sytral lui-même.

« Une manière brutale de faire de la politique »

François-Noël Buffet le candidat de la Droite à la Métropole (LR) ne pouvait que réagir à cette demande de résiliation, estimant que « le candidat Kimelfeld démontre que sa manière de faire de la politique est brutale. depuis maintenant deux ans qu’il préside la Métropole, il aurait pu travailler ce dossier sur le fond ! » ; voyant là, avant tout, « un effet d’annonce ».

Après l’Anneau des Sciences, Rhônexpress entre en tout cas dans la ronde des sujets phares de cette campagne électorale pour le fauteuil de président de la Métropole…

Reste désormais à attendre le conseil du Sytral en janvier pour voir si les élus suivent cette position du président de la Métropole en votant en faveur de la résiliation.

Il y a un paramètre qu’il faut prendre en compte, la présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda est une fidèle de Gérard Collomb figurant actuellement au 1er rang lors de ses meetings et prises de parole de ce dernier.

Reste dans ce dossier une question déterminante : si d’ici là Vinci ne revient pas à la table des négociations, ce qui reste envisageable ; le délégataire ne se laissera pas faire et risque de dénouer le conflit devant les tribunaux.

Certes, la Cour des Comptes qui s’est penché sur le dossier a estimé que « les conditions conventionnelles de remise en cause de la concession sont susceptibles d’être actionnées. » En tout cas, la Métropole devra verser des indemnités de résiliation pour lesquelles elle a déjà budgété une enveloppe de 30 millions d’euros.

Certes ce rapport de la Cour des Comptes constitue un atout de poids dans l’argumentaire de David Kimelfeld, mais rien ne dit que la justice ira à coup sûr dans le même sens. Et dans ce cas, quel est le montant total des indemnités que la collectivité devrait alors payer ?

Le coup de poker de David Kimelfeld laisse donc encore en suspend de nombreuses incertitudes…

Photo Rhônexpress

La navette low cost Lyon-Saint Exupéry contrainte de mettre la clef sous la porte