Téléphérique Gerland/Francheville : lancement de la concertation sur un projet controversé, envol ou crash ?
D’un côté Bruno Bernard et l’exécutif écologiste qui s’accrochent au projet de téléphérique survolant une partie du ciel de la Métropole et de l’autre des mairies concernées, notamment à Sainte-Foy-lès-Lyon et la Mulatière, vivement opposées, à l’instar des populations concernées, à 70 % selon une récente consultation. Qui l’emportera à l’issue de la campagne de concertation qui vient de s’ouvrir pour trois mois ? Les Verts qui aimeraient inaugurer ce nouvel équipement d’ores et déjà emblématique avant la fin du mandat ou les communes survolées ? Bruno Bernard espère que les préventions sur ce projet seront en partie levée lors de cette concertation…
De tous les projets en matière de transport lancés par l’actuel exécutif écologiste, c’est bien celui qui est de loin le plus polémique. A telle enseigne qu’il a pris désormais valeur de symbole, ce qui politiquement peut être gênant en cas de recul.
Le Sytral, l’autorité organisatrice des transports que préside Bruno Bernard, le président écologiste de la Métropole a annoncé lundi 15 novembre le lancement d’une campagne de concertation de trois mois autour de son projet pour le moins controversé de téléphérique destiné à améliorer les transports publics sur une partie de l’Ouest lyonnais.
On le sait, les maires concernés se sont suffisamment exprimés à ce propos : ce projet de téléphérique urbain entre la commune de Francheville et le quartier de Gerland à Lyon, suscite l’opposition de municipalités limitrophes concernées par certains des tracés définis par des études de faisabilité, et notamment les élus LR de La Mulatière ou Sainte-Foy-lès-Lyon, les plus en pointe.
Différents collectifs d’habitants sont également montés au créneau contre ce projet.
Outre son coût, relativement modique (de 150 à 165 millions d’euros, le prix d’une station de métro) et sa rapidité de construction (sur le papier) si le feu vert est donné ; pour le Sytral, il s’agit d’un équipement qui permettrait en une vingtaine de minutes de relier un bout à l’autre de la future ligne du téléphérique, de franchir le Rhône et la Saône.
Bref pour les écologistes, le téléphérique est bien le moyen de transport idoine face au «relief contrasté» de l’ouest lyonnais ; ce qui pourrait permettre de désenclaver une voirie saturée par le trafic automobile.
Pour Bruno Bernard, il s’agit bien avec ce projet, du mode de transport «le plus adapté» à la situation géographique des communes concernées.
Des pylônes à 50 mètres de hauteur
Et ce, même s’il reconnaît que la présence de grands pylônes et un survol à près de 50 mètres de hauteur peut effectivement poser problème aux riverains.
La concertation est programmée pour durer très précisément jusqu’au 15 février 2022.
Il s’agira de recueillir l’avis des citoyens sur l’opportunité du projet, les hypothèses de tracés, les différentes technologies envisagées, mais encore, les principes d’insertion des stations et pylônes, mais aussi sur les alternatives éventuelles, tel que le bus à haut niveau de service (BHNS), en l’occurrence, le trolleybus électrique.
Pour Bruno Bernard, il s’agit d’abord de lever les préventions dues en partie à la méconnaissance du projet.
Le président de la Métropole a tout-de-même assuré : « sa conviction que ce projet de transport par câble est le bon, mais ne vaut pas décision». Bref que sa réalisation dépendrait des résultats de la concertation.
Bref, en cas d’opposition trop vive et majoritaire, il pourrait faire téléphérique arrière. C’est du moins ce qu’il laisse stratégiquement entendre
On peut donc imaginer que les différentes oppositions vont se coaliser pour s’exprimer à plein sur internet et en mairie, ou sur les registres qui ont été mis en place pour recueillir observations, avis ou contributions.
Réunions publiques
Des réunions publiques qui s’annoncent animées seront également organisées à Sainte-Foy-lès-Lyon, Francheville, La Mulatière, Lyon 2 et Lyon 7, précise le Sytral. Celles-ci suffiront-elles pour renverser la tendance hostile ?
Cette enquête devrait se dérouler en tout cas de manière impartiale : les échanges seront menés sous la surveillance de deux garants nommés par la Commission nationale du débat public (CNDP).
Ils seront ensuite transmis à l’Autorité organisatrice des mobilités des territoires Lyonnais (AOMTL), la structure qui remplacera le Sytral au 1er janvier 2022.
C’est elle, qui, in fine, décidera au printemps prochain quelle suite sera donnée ou non à ce téléphérique qui va encore occuper bien des conversations dans l’Ouest lyonnais au cours des mois à venir.
A noter que d’une certaine manière, l’Etat en octroyant une subvention de 7 millions d’euros, a affiché un soutien de principe à ce projet de téléphérique urbain…
Photo : collectif “Touche pas à mon Ciel”, contre le téléphérique, lors d’une manifestation dimanche 21 novembre, à Sainte-Foy-lès-Lyon