Toute l’actualité Lyon Entreprises

Téléphérique, grèves : l’exécutif écologiste traverse une passe difficile
Un an et demi après leur élection les exécutifs écologistes traversent une zone de turbulence. Le projet de téléphérique qui avait pour but de marquer leur mandat a du plomb dans l’aile, multipliant les opposants, tandis que sur le front social pourtant sensé être l’apanage de la coalition Ecologistes/Gauche, les choses se tendent au Sytral, comme chez les policiers municipaux.

Après le référendum local sans appel mené par Sainte-Foy- lès-Lyon contre le téléphérique, un nouveau front contre le projet de téléphérique Gerland/Francheville s’est récemment ouvert.

Il s’agit justement de Michel Rantonnet, le maire (LR) de Francheville, la commune sensée être desservie comme terminus, pourtant partisan du téléphérique à l’origine qui vient de tourner casaque.

Un sondage dans sa commune a donné 1 488 réponses : 67,13 % contre le projet de téléphérique et 32,87 % pour.

A la question de savoir si c’était une erreur de soutenir ce projet au début ? Il répond dans une interview au Progrès :“Non. Je considère vraiment qu’on va tous louper quelque chose. Simplement, je préfère rassembler la population là où d’autres clivent.”

Le dernier soutien au téléphérique émanant de l’opposition vient donc de tomber.

Lorsque d’ici quelques semaines, la Métropole va présenter ses choix faits en matière de transport en commun à la suite des différentes concertations menées, il va lui être difficile d’imposer le téléphérique contre toutes les populations concernées, à moins de passer en force ce qui serait source de vives critiques et de tensions. Et susceptible de nombreux recours. On verra bien, mais ce projet qui aurait pu et pourrait encore voir le jour d’ici la fin du mandat, se voulait emblématique.

Réunis sous la bannière de “ les Progressistes de Lyon”, les conseillers d’opposition affirment qu’il n’est plus possible « d’ignorer la mobilisation citoyenne, autour d’un projet avec près de 8 000 participants à ces référendums consultatifs locaux ».

C’est pourquoi ils demandent eux aussi l’abandon total du projet.

Désormais, c’est le projet de Métro E vers l’Ouest lyonnais qui a la préférence à la fois des habitants et des élus d’opposition.

Grève aux TCL

Une opposition qui par ailleurs est également vive du côté de la ZFE (Zone à Faibles Emissions), la Région ayant voté contre. La Ville de Lyon ayant déjà de son côté voté en faveur de cette ZFE.

Seulement, il est un autre front qui s’est ouvert dans le même temps contre les exécutifs écologistes : celui des TCL.

L’intersyndicale des TCL a lancé un appel à la grève mercredi 9 février qui s’est révélée fort suivie.

Les syndicats sont furieux contre le projet d’allotissement, un projet qui pourrait amener l’arrivée de plusieurs opérateurs, selon eux, et selon le mode de transport (métros, bus, trams etc…).

« Notre entreprise est en danger ! Nous ne parlons pas de Keolis Lyon, mais bien des TCL tel que nous connaissons ! », expliquent notamment la CGT TCL, FO ou encore la CFDT. « La majorité d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) a décidé que le service public devait non pas servir les usagers et l’intérêt général mais les appétits des multinationales du transport (Keolis, Transdev, RATP Dev, …), déplorent les syndicats qui restent mobilisés.

Les policiers municipaux aussi

Mais ce n’est pas tout puisque les policiers municipaux pourraient prochainement à leur tour exprimer leur mécontentement.

L’intersyndicale de la police municipale de la Ville de Lyon est particulièrement remontée contre le maire de Lyon, dont les « propositions sont très en-dessous des attentes » et « inefficaces ».

Et d’enfoncer le clou : « La municipalité et notre administration restent dans le déni et propose des sous mesures ! »

De la sorte, l’intersyndicale CGT, Unsa, CFTC et FO  appelle à la grève « dans tous les services de la police municipale » , au lendemain de leur rendez-vous fixé le 28 février avec l’administration et la direction.

Un moyen de faire pression bien sûr, et ça n’ira peut-être pas plus loin, mais un autre front, parallèlement à celui des TCL à cette heure ne paraît pas exclu.

Tout cela peut paraître surprenant alors que l’urgence climatique se fait jour, mais en fait tous les sondages montrent que les Français pencheraient plus vers une écologie pragmatique que vers une écologie idéologique.

Le candidat des Verts, Yannick Jadot qui a présenté son programme présidentiel à Lyon le 29 janvier dernier, n’est guère flamboyant dans les sondages.

Paradoxe

Pourtant son credo, la lutte contre le réchauffement climatique, est “le” défi majeur actuel. Et il le restera longtemps.

Comment expliquer alors ce paradoxe et les difficultés rencontrés par les Ecologistes au pouvoir à Lyon et à la Métropole, ainsi que la faiblesse de leur candidat Yannick Jadot ?

En fait, Il apparaît que les Français préfèrent le pragmatisme écologiste au catastrophisme. Il manque sans doute dans la boîte à outil des Verts deux éléments : la technologie, donc le progrès et le social.

L’interdiction d’ici six mois (au 1er septembre) pour rouler dans la ZFE lyonnaise des automobilistes à vignette Crit’air 5 et non classés va toucher les plus fragiles socialement des habitants de la Métropole.

Certes, encore faudrait-il que le pragmatisme écologiste se révèle réellement efficace.

C’est sans doute, parmi quelques autres, l’un des principaux enjeux de cette élection présidentielle…