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Téléphérique Lyon/Francheville, Métro E, tramway : la nécessité d’un large débat public

On attendait le nouvel exécutif vert sur une meilleure concertation, une meilleure écoute publique, voire même un embryon de démocratie participative. Et assurément ce n’est pas le cas puisqu’au fur et à mesure que les projets de l’exécutif sont présentés, plus les oppositions se font grandissantes alors qu’un consensus a minima serait nécessaire ou à tout le moins préférable pour que tous ces projets puissent être menés à bien.

Nous avons déjà évoqué ici la guerre de tranchées avec la municipalité de Francheville à propos du projet de téléphérique. Il en est de même pour le Métro E ; voire certaines lignes de tramway contestées.

C’est le vote du Plan de déplacement urbain 2017-2030 adopté par le Sytral présidé par Bruno Bernard qui a fait déborder le vase.

Avec ce résultat : unanimes, tous les parlementaires LREM, UDI et MoDem du Rhône ont décidé de saisir la Commission nationale du débat public (CNDP) sur tous ces projets de transports polémiques.

« Si le Plan de Déplacement Urbain (PDU) a fait l’objet d’une enquête publique, les projets du Sytral et leurs financements sont votés sans concertation préalable et sans vision d’ensemble », dénoncent ainsi les parlementaires de la majorité (*).

Selon ces parlementaires « après avoir décidé, voté et financé son plan de mandat, la gouvernance du Sytral souhaite consulter les habitants et ceci, a posteriori et de manière morcelée ».

Les parlementaires, eux veulent « un débat public sur la globalité des projets qui soit organisé par la CNDP.” On ne saurait leur donner tort : un large débat serait bienvenu à ce stade.

Et d’assurer : « Seule une présentation neutre, complète et chiffrée des projets peut permettre de recueillir une expression sincère de tous habitants de la Métropole, tous concernés par ces projets ».

Prenons le cas du téléphérique. Accusé par nombre d’opposants, d’avoir clairement manqué de concertation en amont de l’annonce de la décision de ce projet de téléphérique en décembre 2020, le Sytral a tenté de reprendre la main.

Ainsi, fin mars, le Sytral annonçait qu’une concertation préalable sera menée à l’automne 2021 afin de soumettre à l’avis des citoyens plusieurs hypothèses de tracés, ainsi que les principes d’insertion des stations et pylônes.

« Afin de répondre aux interrogations des habitants autour de ce nouveau mode de transport et que les échanges se déroulent dans les meilleures conditions possibles, nous avons fait le choix de mener cette concertation préalable sous l’égide d’un garant désigné par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui assurera notamment la pertinence, la qualité et la sincérité des informations diffusées », expliquait ainsi fin mars le président EELV du Sytral, Bruno Bernard.

Téléphérique

Or, pour la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, l’une des plus farouches opposantes au projet de transport par câble qui doit survoler sa commune, « la simple saisine d’un garant du CNDP est le degré 1 sur l’échelle de la concertation. Avec cette saisine c’est le Sytral qui détermine le périmètre de la concertation et non la CNDP », dénonçait-elle.

La première magistrate de Sainte-Foy poursuivait : « Lorsque le garant de la CNDP communiquera le bilan (logiquement) défavorable de ce mode de transport, ce ne sera qu’une pièce de l’enquête publique.”

Et d’ajouter : “ Le bilan de cette concertation CNDP est strictement consultatif et n’engage en rien, absolument en rien l’arbitrage final tant du Sytral que de la déclaration d’utilité publique ».

Bref, les parlementaires veulent un débat public, pas une simple concertation préalable.

La différence ?

La concertation préalable est organisée par le maître d’ouvrage, donc le Sytral, sous l’égide d’un garant.

Le débat public serait, lui, organisé directement par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP).

Dans le premier cas, celui de la concertation préalable, le maître d’ouvrage, en l”occurrence le Sytral, doit évidemment être à l’écoute des participants mais c’est lui qui aura le fin mot de l’histoire, même si au cours de la procédure, des éléments négatifs apparaissent.

Métro E

Prenons le cas de l’autre projet, celui du Métro E, vivement défendu par les parlementaires. Ces derniers accusent les Ecologistes qui détiennent l’exécutif à la Métropole de Lyon et au Sytral de vouloir abandonner le projet. Mais, sans le dire expressément.

Or, le projet de métro E avait recueilli un large consensus dans la précédente mandature au Sytral, toutes tendances politiques confondues.

Plusieurs projets de métro doivent être présentés et proposés à la concertation programmée pour l’automne 2021 : le fameux métro E, mais aussi la prolongation du métro B à Rillieux, la prolongation du métro A à Meyzieu et celle du D à La Duchère.

Comment cela va-t-il se passer, suite à la saisine de la CNDP par les parlementaires ?

Ces derniers vont d’abord être entendus par la CNDP : elle est actuellement présidée par Chantal Jouanno, l’ancienne ministre des Sports et secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie.

La décision de la CNDP devrait arriver assez rapidement : elle est attendue au cours du mois de mai. Si la Commission accède à la demande desdits parlementaires, cela pourrait rabattre quelques cartes en matière de mobilité, sinon on pourrait assister à une multiplication des guerres de tranchées…

(*) Cyrille Isaac-Sibille, Blandine Brocard, Thomas Rudigoz, Anissa Khedher, Jean-Louis Touraine, Yves Blein, Bruno Bonnell, Anne Brugnera, Danièle Cazarian, Bernard Fialaire, Jean-Luc Fugit et Thomas Gassilloud.