Un moyen tout simple de résoudre-pour partie-la crise immobilière
Outre la crise, une des raisons expliquant le fort ralentissement de la construction neuve tient à l’inadéquation entre l’offre et la demande de logements.
On continue à construire des logements à 3 500, voire 4 000 euros le m2 et plus qui ne trouvent plus preneurs, alors que du fait de la faiblesse de ses ressources, une part grandissante de la population ne peut y avoir accès.
Pour l’Institut lyonnais Adéquation, spécialisé dans l’immobilier et réputé pour son sérieux et la qualité de ses propositions,, c’est le cas pour près de 5 000 familles de l’agglomération lyonnaise qui recherchent des logements, mais en fonction de leur budget, entre 112 000 et 199 000 euros. A comparer avec les prix moyens de l’ouest lyonnais (320 000 euros), du centre de Lyon (380 000 euros), voire même de l’est lyonnais réputé pourtant être le plus abordable (260 000 euros).
Des familles obligées de chercher leur logement de plus en plus loin
Cela signifie donc que ces familles avec deux enfants ou plus qui recherchent a minima un quatre pièces n’ont d’autres choix de partir dans le secteur péri-urbain. « leurs budgets obligent ces familles à aller chercher des biens immobiliers de plus en plus loin », déplore Laurent Escobar, directeur adjoint d’Adéquation.
Or, ces ménages représentent près de la moitié de la demande de logements neufs !
Ces familles n’ont d’autre choix que de partir dans des zones dites intersticielles, là où les prix sont restés sages : à l’instar de communes comme Valencin dans le Nord-Isère ou Ambérieu dans l’Ain, par exemple. Il assure : « Nous sommes en train de vivre le même phénomène qu’en région parisienne : la francilisation de la métropole lyonnaise. »
Ce phénomène recèle deux conséquences lourdes : il accélère la poursuite de l’étalement urbain que l’on prétend freiner, et se recoupe assez bien avec le vote Front National par le sentiment d’abandon de la part des responsables politiques qu’il suscite de la part des familles concernées.
Il n’y a pas fatalité
Car pour Laurent Escobar, il n’y a pas de fatalité. On pourrait, s’il existait une véritable volonté politique, construire des logements pour ces familles, à moins de 200 000 euros.
« Il faudrait créer des ZAC, non pas avec du collectif, mais avec de l’individuel, ce que recherchent ces familles en développant des maisons sur parcelles denses, en lotissement. On serait alors capable de proposer ces maisons à 150 000/180 000 euros. » Et d’ajouter : « Mais bien évidemment faire une telle proposition est politiquement incorrect ! »
Ce ne serait pourtant pas très difficile : certaines villes le font déjà et le font très bien. Pas la peine d’autre part d’attendre des décisions nationales pour aller dans cette direction.
Il suffirait que s’exprime une forte volonté locale : les communes ont tous les moyens juridiques et techniques pour lancer ce type de programmes. Qui, en cette période de basses eaux de la construction immobilière seraient les bienvenus, pour le plus grand bonheur des familles concernées, mais aussi des promoteurs immobiliers qui actuellement tirent la langue…