Toute l’actualité Lyon Entreprises

Vinci installé aux commandes, le pacte d’actionnaires signé à Saint-Exupéry : et maintenant ?

C’est fait. C’est le consortium mené par le n° 1 mondial du BTP, Vinci qui est aux commandes de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, avec à ses côtés deux partenaires financiers, la Caisse des Dépôts et Crédit Agricole Assurances.

 Ils détiennent jusqu’au 31 décembre 2047, 60 % du capital de l’aéroport commercial de Lyon Saint-Exupéry et de celui dédié aux avions d’affaires et de tourisme de Lyon Bron, troisième aéroport d’aviation d’affaires de France.

 Mais ils ne sont pas les seuls à figurer au conseil d’administration puisque quatre actionnaires historiques sont également présents : la CCI d’abord, avec 25 % du capital, la région (5 %), la Métropole lyonnaise (5 %) et le département (5 %).

 D’où la signature d’un « pacte d’actionnaires » qui a permis à tout le monde de se mettre d’accord sur les objectifs.

 « Un aéroport européen majeur… »

 Résumé en quelques lignes de ce pacte d’actionnaires : «  L’ambition partagée des actionnaires est de consolider le positionnement de Lyon-Saint-Exupéry comme l’une des premières portes d’entrée aérienne en France et un aéroport européen majeur, à la hauteur des ambitions du territoire, tout en offrant la meilleure qualité de service aux passagers et en respectant une performance environnementale exemplaire. »

 Pas difficile d’obtenir un tel consensus dans la mesure, on le sait où Lyon-Saint Exupéry est bien en de-ça de son potentiel puisqu’il est le 47ème aéroport européen en terme de trafic alors qu’il devrait figurer dans le top ten, étant donné le poids de la Métropole lyonnaise et de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

La signature de ce pacte a permis à chacun des actionnaires minoritaires de hausser le menton et de faire acte de volontarisme à peu de frais, concernant l’avenir de l’aéroport. Ils ne feront pas que de la figuration dit le pacte : «  L’ensemble des partenaires est étroitement associé aux projets stratégiques d’Aéroports de Lyon », est-il précisé.

 « Mieux connecter Lyon aux grands hubs internationaux, notamment asiatiques »

 « La Région souhaite un projet ambitieux, Vinci Airports peut être assuré du soutien vigilant d’Auvergne-Rhône-Alpes pour notamment faire de Saint-Exupéry un point d’ancrage fort pour le développement de notre territoire régional », a lancé à cette occasion Laurent Wauquiez, président de la Région.

 Gérard Collomb, président de la Métropole a de son côté été plus précis quant aux objectifs que Vinci devrait viser : « Il faut conquérir de nouvelles liaisons pour renforcer l’offre « moyen-courrier » en Europe de Saint Exupéry et mieux connecter Lyon toute l’année aux grands hubs intercontinentaux, notamment asiatiques. Nous attendons beaucoup en ce sens de l’expérience et du réseau international de Vinci Airports. »

 «  Nous sommes convaincus que cette nouvelle équipe portera la dynamique de développement des aéroports Lyon-Saint Exupéry et Bron au bénéfice du business international de nos entreprises et de l’attractivité du territoire » s’est enfin exclamé de son côté Emmanuel Imberton, président de la CCI Lyon Métropole, par ailleurs nommé à la vice-présidence de l’aéroport.

 La question est de savoir si l’arrivée d’un actionnaire privé majoritaire à la place de l’Etat va-t-elle changer la donne ?

 Ses contacts permanents avec les grandes compagnies aériennes mondiales devrait permettre l’arrivée de nouveaux acteurs sur le tarmac de St Ex, même si l’ancienne direction avait su se montrer persuasive et efficace ces dernières années.

Des décisions très politiques

 Ce qui est sûr aussi c’est que face aux autorités comme la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) qui octroie les nouveaux droits de trafic, une entreprise privée comme Vinci sera plus offensive, c’est sûr et bénéficiera grâce à la concession de ses trente-cinq aéroports dans le monde, d’un poids non négligeable. D’autant que c’est Alain Notebaert, le président de Vinci Airport, lui-même, qui prend la présidence du conseil de surveillance des aéroports de Lyon. Mais il faut savoir que la DGAC ne fait qu’obéir en fait à des décisions très politiques.

 En témoignent deux exemples concernant Saint-Ex. Pour ne pas déplaire à Air France, l’Etat se refuse obstinément à octroyer les sept liaisons hebdomadaires que demande la compagnie du Golfe Emirates au lieu de cinq actuellement, alors que cette liaison constitue un vrai succès.

En revanche, ce qui paraît tout aussi aberrant, il a octroyé des droits de trafic à Qatar Airways sur St-Ex : contrepartie politique arrachée par l’émir qatari suite à la vente d’avions Rafales à ce micro-Etat du Golfe…

 Il n’est donc pas sûr du tout que Vinci, malgré son entregent réussisse à changer cet état de fait. Mais à force d’insistance, de persuasion et d’arguments économiques, le nouvel opérateur peut améliorer peu à peu la situation et étoffer les liaisons intercontinentales qui manquent cruellement à Saint-Exupéry, et notamment en direction de l’Asie. Ce sera compliqué, difficile.

 En revanche, le nouvel opérateur de l’aéroport rhônalpin bénéficiera à partir de septembre 2017 d’un nouvel outil de poids : un terminal 1 flambant neuf apte à traiter nettement plus de dix millions de passagers (9,5 millions en 2016). La barre au-delà de laquelle un aéroport acquiert une véritable crédibilité européenne. Avec une croissance du trafic de l’ordre de 5/6 %, on devrait y arriver cette année …enfin !