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Pdg d’Orapi, Guy Chifflot sacré patron Autodidacte de l’année en Rhône-Alpes

Il n’a pas dépassé le stade du Bac pro. Et pourtant, Guy Chifflot se retrouve aujourd’hui , à plus de 70 ans, à la tête d’un groupe international qui emploie 1 200 salariés et a réalisé l’année dernière plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il remporte la Victoire des Autodidactes pour Rhône-Alpes.

Son vrai bagage ? Une curiosité dévorante pour la technique. Lauréat des Victoires des Autodidactes 2014 en Rhône-Alpes-Auvergne, décerné par le Groupe Mazars et Harvard Business School, Guy Chifflot sera l’un des candidats les plus sérieux, lors de la finale nationale de ce concours qui se déroulera à Paris d’ici quelques semaines.

Une belle distinction pour cet entrepreneur qui a fait ses débuts avec pour seul bagage un bac métallurgie.

Son histoire et celle de son groupe se confonde en 1968 alors qu’il a une vingtaine d’années.

Son parcours n’aura rien d’un long fleuve tranquille et sa trajectoire compte plusieurs échecs dont un aux Etats-Unis qui sans nul doute lui permettront d’apprendre suffisamment pour lui permettre de poursuivre malgré tout son ascension.

Leader français des produits d’hygiène professionnelle

Aujourd’hui Guy Chifflot a de quoi afficher sa satisfaction : il est à la tête du groupe leader français des produits d’hygiène professionnelle et de la maintenance professionnelle.

Orapi dont le siège est basé à Saint-Vulbas dans la Plaine de l’Ain et est présent dans cent pays avec sept usines de production.

Le groupe compte près de 1200 salariés et a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 210 millions d’euros. Il devrait peser, début 2015, près de 300 millions d’euros, et plus de 1400 personnes partout dans le monde.

Une curiosité technique insatiable

L’étonnant parcours de Guy Chifflot, c’est l’histoire d’une curiosité avide de technique, qui bientôt se transformera en ambition dévorante. Elle fut pourtant contrariée dès le départ.

Bachelier en métallurgie, étudiant en école de commerce, le jeune Guy démarre dans la vie active suite à un drame, la disparition subite de son père qui le pousse à se prendre en main de façon prématurée.

Armé de sa seule curiosité et de sa passion pour les sciences, le jeune Guy prend contact, dans les années 60, avec la société américaine avec laquelle son père travaillait quelques années plus tôt en tant qu’ingénieur.

« Ces Américains utilisaient une technologie nouvelle, dérivée des recherches allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale : l’utilisation de bisulfure de molybdène dans la lubrification extrême. Quinze-vingt ans après la fin des combats, cette technologie revenait sur le marché européen et je suis alors entré en contact avec des Américains installés en Belgique, en leur proposant de développer le marché français. », explique-t-il.

À 23-24 ans, Guy Chifflot fait ses armes et sa place dans cet univers de la lubrification extrême, auprès des mécaniciens d’entretien auxquels il apportait des solutions alors révolutionnaires. Le succès.

 « Des commissions énormes »

Mais les commissions sont énormes et les États-Unis préfèrent revoir à la baisse la rémunération variable de ses dirigeants français.

« C’est de la baisse de nos commissions qu’est né Orapi, en 1968. Nous sommes repartis de zéro, avec deux associés. »

Chacun met alors 7 000 francs dans l’affaire. « Eux voulaient faire du profit rapidement, moi je voulais créer une entreprise mondiale», s’exclame-t-il.

En 1991, Guy Chifflot rachète les parts de l’un… et devient ainsi majoritaire du groupe. « J’avais perdu quinze ans, mais j’allais enfin pouvoir appliquer ma politique et mener la stratégie mondiale que je souhaitais mettre en place », avoue-t-il.

Il installe l’entreprise à Lyon, développe un laboratoire de recherche et développement, crée une usine, rapatrie la sous-traitance et recherche de nouveaux collaborateurs.

En jeu : faire aussi bien que les Américains et les Allemands.

Quatre ans plus tard, en mars 2000, à soixante ans, il décide d’introduire Orapi en Bourse. « Nous avons alors clairement changé de dimension. Nous devenons une entreprise que l’on regarde différemment: des gens de grande qualité veulent par exemple travailler pour nous. »

À l’heure où certains sont déjà partis à la retraite depuis longtemps, à plus de soixante-dix ans, Guy Chifflot préfère continuer sa « belle histoire ».

Dans le viseur, prochainement : une entreprise suisse

En 2002, Orapi rachète une société américaine spécialisée dans les produits d’hygiène professionnelle.

Banco ! En quelques années, Orapi devient le numéro 1 français du secteur et réalise plus de trente-cinq acquisitions partout dans le monde en à peine quinze ans !

Début 2015 d’ailleurs, le groupe devrait racheter une entreprise suisse et ainsi atteindre la barre de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires et les 1 400 salariés (de trente nationalités différentes réparties partout dans le monde).

Ce qui le passionne dans son rôle d’entrepreneur : « Ce qui est particulièrement intéressant, c’est de voir ses projets prendre vie, quitte à se tromper, mais en tirant toujours quelque chose de ses échecs. Pour prendre des décisions, il faut parfois être fou et inconscient… »

Les autres lauréats

Le jury a également récompensé Pierre Brun, président fondateur du groupe Velfor (Saint-Pal-en-Chalençon, en Haute-Loire), Prix de l’industrie 2014 ; et Gérard Cheynet, président fondateur du groupe 2GMC (Saint-Just-Malmont, Haute-Loire), le Coup de cœur du jury 2014.