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L’économie pour les nuls

L’initiative est unique en France. Pendant trois jours, du 9 au 11 novembre, six mille Français de tous âges, sans connaissances particulières dans ce domaine, se sont initiés à l’économie, à travers les Journées de l’économie (les Jéco *), qui se déroulaient pour la troisième année consécutive à Lyon. Avec un succès grandissant.

Ils se sont frotté à des sujets comme « Peux-t-on justifier le salaire des traders ?» ou « Investir : l’urgence du long terme », ou encore : « crises financières, les leçons de l’histoire ». Ils ont même pu ouïr Christine Lagarde, ministre le d’économie venue faire un cours de G 20 avant de s’envoler pour Séoul. Des conférences parfois soporifiques (il existe encore sur le plan pédagogique des progrès à réaliser), il faut bien le reconnaître, mais souvent intéressantes pour la plupart, voire passionnantes.

Qu’en penser ? D’abord, une certitude qui n’est contestée par personne : les Français ne sont pas bons en économie. Ils n’obtiennent en moyenne que 8,3 sur 20, selon les résultats du petit quizz proposé par le Conseil sur la diffusion économique à l’occasion de ces Journées de l’économie ! Nos concitoyens ne se paient pas de mots et ont bien conscience de leurs lacunes en économie, d’autant que les deux tiers se plaignent de n’avoir pas eu de formation économique. On constate par exemple que seul un Français sur dix lit la presse économique.

Et pourtant les Jéco l’ont prouvé, les Français éprouvent une grande curiosité pour cette discipline, même si trop souvent, elle est perçue comme un savoir exclusivement détenu par un petit groupe d’expert parlant du haut de sa chaire. Des experts qui ont de surcroît perdu une bonne part de leur crédibilité en ne prévoyant pas la dernière crise en date.

Qui est responsable de cet état de fait ? Les pouvoirs publics d’abord qui n’ont jamais considéré la formation économique comme étant indispensable pour les citoyens, contrairement aux pays anglo-saxons. Prenons par exemple la réforme des retraites. Très rapidement la discussion a quitté le terrain de l’économie, pour passer au plan politique.

Or sur ce dernier plan, il est toujours plus facile d’avoir une opinion qu’un véritable raisonnement. Et c’est dommage car cela favorise le panurgisme.

Comment s’en sortir alors ? L’éducation en économie devra un jour ou l’autre tenir son rôle. Mais les économistes doivent aussi descendre de leur piédestal et ne pas hésiter à jouer les pédagogues, à se frotter à la vulgarisation. Heureusement, grâce à l’internet, une nouvelle génération déconomistes est en train d’apparaître, à travers des blogs, notamment ; mais aussi à travers des think tank (laboratoires d’idées), jamais aussi nombreux, des universités populaires…

Les Journées de l’économie vont dans ce (bon) sens. Son succès prouve qu’il existe un véritable besoin et qu’il est loin d’être comblé. Que se lèvent cent Jéco !

(*) Une bibliothèque virtuelle des Jéco est actuellement disponible sur le site touteconomie.org, proposant des vidéos et des documents : 354 documents et vidéos sont actuellement disponibles.