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Think global, eat local…

Vous connaissez sans doute la célèbre expression : « think global, act local ». Elle illustre le mode d’emploi des entreprises désireuses de s’insérer dans la globalisation économique. Cela signifie que les stratégies globales doivent se couler dans les spécificités locales pour pouvoir s’implanter efficacement.

Nuance, en Rhône-Alpes, il faudrait désormais plutôt dire « Think global, eat local ». La Région veut promouvoir le « manger local ». Et phénomène nouveau, l’Etat par la bouche de son préfet de la région Rhône-Alpes, Jacques Gérault n’est pas le dernier à promouvoir cette démarche qui fait écho au « slow food » encouragé, lui, par les bobos et les écolos.

On le sait, depuis longtemps les écologistes dénoncent le coût pour l’environnement des haricots venus d’Argentine ou des tomates du Kenya. Jacques Gérault leur emboîte le pas. La semaine dernière, bien occupé sur le front des émeutes de jeunes casseurs à Lyon, il a tout de même trouvé le temps pour assurer, en présence des professionnels de la région que « la restauration collective représente une réelle opportunité pour le secteur agricole de s’assurer des débouchés localement. »

Pour ne parler que d’elle, ladite restauration collective représente tout de même près de mille structures dans le Rhône, autour de huit mille à l’échelon régional.

Des moyens ont été mis en place pour accompagner ce retour au manger local. La préfecture vient d’éditer un guide destiné à la fois aux acteurs de la restauration collective publique, mais aussi aux PME du secteur agro-alimentaire. On y apprend que s’approvisionner localement nécessite de nouveaux schémas d’organisation. Ces bouleversements vont de la rédaction des marchés publics, à la préparation et à la conception des menus, à la livraisons, au stockage.

Un site internet (achatlocal-consorhonealpes.com) vient compléter le dispositif. Pour faciliter le travail des responsables de la restauration collective, permettre d’échanger les bonnes pratiques. On peut également y consulter un annuaire rassemblant d’ores et déjà trois cents fournisseurs.

Le mouvement est lent, mais ce retour au manger local semble bien connaître un écho grandissant. Cité par notre confrère Les Echos, le collège de Bassenon, à Condrieu dans le Rhône, a décidé pour sa cantine, d’acheter systématiquement au meilleur prix d’éventuelles surproductions locales et de privilégier les achats en vrac dans des emballages gratuits retournés aux producteurs. Là le manger local ne signifie pas seulement économies de CO2, mais économies tout court.

Mais cela signifie-t il la fin des haricots… argentins ou des tomates kenyanes ? Rien n’est moins sûr ; mais après les paniers des AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) et les structures collectives de ventes directes des producteurs qui se multiplient, ce retour au manger local est symptomatique d’une tendance lourde. Qui veut que l’on ne cherche plus au bout du monde ce que l’on a sous la main. En fait, un simple retour du bon sens…